la plupart d’entre eux restaient à Thèbes pour porter les premiers en Europe la nouvelle du bris
de ce splendide témoignage de la grandeur égyptienne et de Timpuissance française. Informé de
ces propos malveillants, M. Lebas convoqua à l’abatage de l’obélisque tous les touristes rassemblés
à Louksor, et leur fit préparer une place à proximité du monolithe. L’opération commença
au milieu du silence général : l’obélisque déplacé de son centre de gravité s’inclinait lentement
vers la voie qu’on lui avait préparée pour le traîner à bord de Y Allège qui devait le transporter
des rives du Nil aux rives de la Seine. Au moment où l’obélisque penché à 45 degrés pesait de
tout son poids sur les cordages et les cabestans qui le retenaient, M. Lebas fit signe d’arrêter.
Une sueur froide couvrait le visage des matelots qui sentaient le danger:d’une pareille tentative :
l’ingénieur, calme en apparence, et tenant sa montre à la main, se tourna vers les assistants :
« Beaucoup d’entre vous, dit-il, sont venus ici avec l’espoir d’assister à une défaite ; c’est pour
témoigner de la supériorité de la science moderne sur la science antique que je vous ai conviés à
cette cérémonie. Si vous êtes satisfaits de cette épreuve, on va continuer l’abatage.» Sur l’assurance
qu’on n’avait jamais douté de la réussite de l’entreprise confiée à d’aussi habiles mains,
l’obélisque se remit à descendre et atteignit sans encombre et en vingt-cinq minutes le plan
incliné. Ce trait de hardiesse que je n’ai vu consigné nulle part méritait bien de prendre place
parmi les souvenirs de Louksor.
Ch a p it e a u x d e s t em p l e s d ’E d fo u e t d e P h il æ . — x v ï ï i* dynastie.
Ch a p it e a u x ' bu g rand t em p l e d ’I s is a P h il æ . — Règne de PtoléméeÊvergète II.
Ch a p it e a u x d a c ty l ifo rm e sE - Temple de Philæ. — x v ih 0 dynastie.
Ch a p it e a u c r a t é r if o r m e . — x v h i8 dynastie.
C o lo n n e s du t e m p l e d e N e g t a n è b e . — PhilæWË- x xx* dynastie.
Ch a p it e a u x d e l a colonnade d u Dr om o s , a P h il æ .
Ch a p it ea u x d e d iv e r s e s fo rm e s .
Il n’est pas nécessaire de faire connaître, de nouveau, Philæ, à propos de laquelle j’ai
déjà donné tous les renseignements nécessaires ; il suffira donc, ici, de faire la courte description
d’Edfou, qui me paraît indispensable.
Dans la partie la plus reculée de laThébaïde, est un lieu presque inconnu des Européens, et
qui renferme, cependant, un des plus beaux ouvrages de la civilisation antique ; cet ouvrage est
le temple d’Edfou.
Edfou est un gros village du Sa’yd, situé sur la rive gauche du Nil, entre Syène et Esné, à dix
lieues environ au-dessus de ce dernier endroit.
Il renferme deux édifices de proportions bien différentes, mais tous deux si bien conservés
qu’on en donnerait une idée fausse en les appelant ruines.
C’est dans ce grand temple d’Edfou que j’ai relevé les chapiteaux cratériformes que je
donne comme terme de comparaison avec ceux de Philæ.
Il est facile de reconnaître, par l’étude des chapiteaux de ces différentes planches, que les
architectes égyptiens appliquèrent à la décoration des édifices, non-seulement l’imitation de
tous les règnes de la nMure, mais qtt’ils’crurent pouvoir aussi trouver'-des modèles dans’les
productions de l’art humain, mêméles plus usuelles,- et dont la variété leur fournissait des
tYpes intéressants.. ■ I I . H mfÊ
•G'est ce qui expliqué la création de ces-étranges chapiteaux cratériformes, imitation des
belles coupe» d'or que fabriquaient, à l’usage des pharaons; les orfèvres égyptiens ou qui provenaient
de l'étranger. . . . '
Les>divers chapiteaux employés sous les Ptolémées tirent tous leur origine des derniers chapi-
teaux sculptés sous les. pharaons. On retrouve en effet, dans le petit temple de Nectanèbe à
Philæ, divers chapiteaux d’un galbe presque uniforme, mais orné -de diverses manières. ■ I
' Lorsqu’onso^idère cette variété dechapiteaux qui ornentles-templesd’Esné, d’Edfou, d’Ombos
et de Philæ, :ei qui pour la plupart joignent à la pnreté des contours une. richesse et un choix
d’ornements remarquables, on est. fout’étonné d’avoir g l que étaient les seules
beautés de l’art, què; hinls d'e là,.point de gott, point devùorrection. Les Grecs, pour pallier
leurs larcins, ont inventé ^ h i s to i r e s . Les Égyptiens n’ont pas besoin de fables-pareilles : ils
onfc&ié la nature et ont trouvé«he* elle les plus belles, productions de l’art. Le calice de la
Heur de lotus, au-dessus du faisceau de sa tige, a fourni la forme de là colonne, de sa base et
de: Son chapiteau. Le palmier a été le second modèle. fourni un autre trèsremarquable
parmi les formes aussi gracieuses que variées que l’on admire dans les monuments
égyptiens.
Dans les dernières planches de cette série, j ’ai reproduit, à titre de parallèles entre les belles
époques de l’art pharaonique et l’époque romaine, une:suite de chapiteaux qui nous démontrent,
que si.les Romains ont exigé des artistes égyptiens un plus grand fini dans leur travail, ils
n’exigèrent pas une transformation véritable des formes consacré®.soit par la religion, soit par
l’usage. . . .
Je terminerai cet aperçu général par quelques descriptions des chapiteaux qui me paraissent
mériter plus spécialement une étude approfondie.
Colonnes du temple de Neclanèbe.
■ ' Ces deux colonnes sont dues à, une même pensée qui se présente, pour la première fois,
dans un édicule de Nectanèbe, le dernier pharaon de la xxx" dynastie.
fis offrent, de;loîn, le même galbe malgré leur grande variété, et sont couronnés de têtes
d’Isis porffint sur sa coiffure le petit naos habituel. Lés parties semblables de ces chapiteaux sont
coloriées de la même façon : ainsi toutes lés calottes sont; rbuges, et les cinq viroles sont successivement
bleu rouge, bleu vert et bleu, que le fût soit.foiit uni ou. qu’il soit terminé par des
cannelures. Les feuilles de lotus sont uniformément coloriées; mais les autres couleurs varient
quand le chapiteau n’a pas reçu à certaine époque un remaniement complet. Il eût été, en effet,
fort difficile, dans l’état de vétusté et de dégradation où se trouve cet intéressant édifice, et
surtout les chapiteaux, d’en déterminer bien rigoureusement les couleurs, si des parties sculptées
et coloriées plus tard sur le même modèle ne m’étaient venues heureusement en aide dans
- mainte édifices ptolémaïques ou romains, où ces chapiteaux étaient devenus l’oeuvre collective
d’unë racé.
Chapiteaux dactyliformes.
11 y a dans les édifices de Philæ cinq chapiteaux dactyliformes qui présentent tous des
ISFrSS’.!