qués, quoiqu’ils soient très-apparents ; ils portent tous des calottes ou bonnets qui couvrent les
oreilles, tandis qu’ils ont tous la tête rase : enfin, tout l’art qui faisait de ce bas-relief un morceau
fort remarquable a disparu sous une main maladroite.
J’entre à regret dans cette critique ; mais elle est nécessaire pour expliquer la différence qui
se voit entre ces deux représentations d’un même bas-relief.
An im a u x ; h a ce f é l in e . -=18 Thèbes. — x v ii® et x v ii i® dynasties.
Le n° 1 représente deux guépards employés, ordinairement, à différentes sortes de chasse;
comme on le fait encore aujourd’hui en Orient. Le collier qu’ils portent témoigne de leur
domesticité.
L’artiste a parfaitement saisi le caractère de ces animaux, celui du mâle et de la femelle, et
les a rendus avec une simplicité de lignes et une ampleur admirables. Les Grecs ne nous ont
rien laissé de plus beau en ce genre. Ces deux animaux figurent, parmi les tributs offerts par les
Pount à la reine, sur les murailles du temple de l’Assassif.
Le n° 2 est une panthère tirée du même monument et traitée aussi magistralement. Cette
panthère se distingue bien des autres félins du même genre : sa démarche est moins noble que
celle du lion avec lequel elle contraste admirablement. Ces animaux sont dessinés d’une manière
bien supérieure à la figure humaine, qui est toujours traitée plus ou moins conventionnellement.
Ils sont pleins de vie, et ont la souplesse et le moelleux de la nature.
Le n° 3 offre un lion sculpté en creux et en relief; il ornait la base du trône de Thoutmès III
à Karnac; c’est un lion symbolique; en conséquence, il n’a pas été traité de la même façon que
ses congénères qui figurent parmi les tributs des peuples soumis par les Égyptiens. Ici, l’artiste,
au lieu de copier la nature, a donc cherché à l’idéaliser, à rendre la force et la majesté qui
caractérisent le bel animal qu’il employait comme symbole; aussi le caractère en est-il grand et
sévère. La crinière est indiquée, d’une façon toute monumentale, par de simples lignes droites
qui simulent la coiffure royale appelée claft et orne la tète à la manière des sphinx.
Ty p e s e t p o r t a it s . — Nécropole de Thèbes. -H8 x v i i i8 dynastie.
Voir au chapitre : Sculpture en général, pages 237 et suivantes.
S c r ib e e t p r ê t e s s e d ’àm m o n . — Nécropole de Thèbes. —* x v ii i® dynastie.
Ce bas-relief méplat, d’un fini de camée, est ciselé dans le contour crëusé à l’entrée du
tombeau de Nofrehotep, scribe principal du temple d’Ammon, à Thèbes. Il est remarquable par
la sveltesse des formes que l’artiste s’est plu à donner à la soeur de Nofrehotep, qui était,
incontestablement, une prêtresse, une pallacide d’Ammon, à en juger par le sistre qu’elle tient
en main. Le sculpteur s’est départi des mesures du canon de proportions, usité à cette époque,
pour donner à ses personnages des formes plus sveltes, pour suivre, surtout à l’égard de la
femme, l’idéal juvénile et voluptueux que cherchait l’élite des artistes de ce temps, et qu,’ils
continuèrent à maniérer dans ce sentiment jusqu'à la fin dü règne de Ramsès II, °n e '
remarque aussi dans le bas-relief ,-Mu spéos d’Hathor., La femme ainsi élancée, ainsi allégie ne
paraissait plus apte à remplir d’autres fonctions que celles du plaisir et de la reproduction :
c’était peut-être alors. tout ce qu’on attendait d'elle. Cet, idéal de la beàuté en dit plus sur les
moeurs ètjcoutumes de cpi^- époque que bien des rouleaux de papyrus.
Les artistes donnaient, ordinairement, la même hauteur à l'homme et à la femme : ici, elle
est un peu plus petite, ce qui ajoute encore à IJjgrâce. Les orteils ne sont pas indiqués au
ciseau; ils devaient, sans doute, être peints, ainsi que lesifjtails du collier, des bandeaux et des
Nofrehotep et sa soeur portent sur la tête un cène, c’est un emblênie funéraire dont le sens
échappe encore à la science.
La jeune fille nommée Ramait porte le titre de divine épouse d’Ammgn, et devait être attachée
au temple ou consacrée à ce dieu. J’ai laissé échapper le mot grec de pallacide, usité par
Strabon et Diodore de Sicile, bien que le vrai sens de ce mot, celui de concubine, soit contraire à
tous les renseignements indigènes. Jollois et Devilliers l’ont bien senti, aussi en ont-ils fait,
avec raison, des jeunes vierges choisies, comme le dit Strabon, parmi les plus belles et les plus
distinguées par leur naissance.
On sait que Diodore place le monument d’Osymandias à 10 stades des premiers tombeaux
où sont déposés les corps des jeunes vierges consacrées au culte de Jupiter : or, c’est précisément
à cette distance que se trouventles hypogées des reines et des princesses des xviii et xixe dynasties.
Il n’est pas permis de supposer que les femmes qui tenaient le premier rang dans la société
fussent descendues à un pareil rôle dans les temples d’Ammon; enfin, la preuve qu-elles étaient
mariées avant l’âge critique, c’est que ces reines eurent généralement une nombreuse lignée» 11
faut donc reléguer parmi les fables l’assertion de Diodore et de Strabon, si maladroitement
appuyée par Letronne, et ne voir, là, que des Épouses d’Avnmon, c est-à-dire des filles vouées
dans leur jeunesse au culte de la plus grande diyinité de l’Égypte.
L e ph a r a o n K h o u e n a t en s e r v i p a r l a r e in e . — Tell el-Amarna. S x v i i i® dynastie.
Cette planche est un des rares spécimens qui font connaître la transformation sentimentale qui
s’opéra à une certaine époque, chez les souverains de l’Égypte pharaonique, sous 1 influence
d’une sorte de rénovation religieuse. Il n’est pas improbable ni illogique, dit Osburn, d attribuer
ce progrès moral à la doctrine plus pure et plus vraie de certains sectaires touchant l’humanité.
Ainsi, il n’y a donc pas lieu de s’étonner si l’on ne trouve pas, reproduites auparavant, de ces
scènes familières. A partir de cette époque, le contraire existe, et pour ne parler que des deux
personnages qui font l’objet de cette planche, ils apparaissent, ensemble, dans toutes les occasions,
et sont fréquemment représentés avec leurs enfants. Aussi, peut-on dire, avec consolation,
que l’absence des scènes d’affection, qui caractérisent si tristement les peintures de la vie de
l’homme, dans les autres époques, set rouve grandement compensée dans les représentations de
Psinaula.