P l a n c a v a l i e r d u n e v i l l a r o y a l e ; h y p o g é e d e T e l l e l -A m a r n a . — xvm* dynastie,.
La vie de la campagne avait pour les anciens Égyptiens un charme tout particulier. Lès
diverses peintures qui ornent leurs spacieux tombeaux représentent toujours des travaux de
1 agriculture et de jardinage, ainsi que les exercices et les amusements qu’on peut prendre aux
champs, tels que la chasse et la pêche; enfin, les vues des jardins ou des villas, en marge desquelles
l’artiste écrivait quelquefois le nombre et l’espèce d’arbres qui les embellissaient.
Les hypogées qui offrent des plans d’architecture, tels que ceux de Tell el-Amarna, notis
donnent une idée assez exacte de la beauté et de la distribution des villas égyptiennes. Mais la
villa qui se trouve représentée dans cette planche offre cet intérêt particulier qu’elle paraît avoir
fait partie du domaine royal. Elle est sculptée dans le tombeau d’un haut fonctionnaire nommé
Ram-Eri.
Vers le milieu de la muraille de circonvallation, on remarque un pylône ou porte principale
flanquée de deux portes plus petites : toutes trois débouchent sur des avenues. Celle de facè
conduisait à un vaste corps de logis situé au fond. L’avenue transversale menait à deux corps
de bâtiment au devant desquels étaient creusées de grandes pièces d’eau, garnies d’escaliers.
En entrant par la grand’porte du corps de logis à gauche, qui paraît avoir été le principal
édifice, celui qui était consacré au logement du roi, on pénètre dans une cour plantée d’arbres
qui entourent une construction centrale, ornée de colonnades et d’escaliers à double rampe
menant à un étage supérieur. De chaque côté s’étendent des magasins, des réserves et d’autres
escaliers destinés à l’étage superposé. Au fond une espèce de pylône menait au jardin planté
d’arbres fruitiers variés, et à un kiosque bâti au devant d’une pièce d’eau.
Le corps de logis, situé à droite de la porte d’entrée de la villa, est plus vaste que le précédent
et distribué régulièrement, sur trois côtés d'une cour barlongue, en une double rangée de
pièces pareilles séparées par une colonnade. La simplicité de l’architecture, la distribution uniforme,
l’isolement complet de cet édifice, me portent à croire qu’il devait servir de caserne aux
officiers ou de logement au serviteurs du pharaon.
Le mode de représentation adopté pour ces plans et la façon plus ou moins arbitraire dont
ils ont été tracés, laissent planer beaucoup d’incertitudes sur la véritable destination de ces édifices.
Ainsi, il est fort difficile de reconnaître, même pour l’homme le plus initié aux moeurs et
coutumes des Égyptiens, quelle devait être la destination du corps de logis du fond, qui nous
offre cette particularité, que toutes les portes se trouvent ouvertes sur une grande cour longitudinale,
malheureusement fort détériorée : on n’y reconnaît plus, en effet, aujourd’hui que des
chevaux au râtelier et des portes isolées.
Les pièces de ce vaste édifice étaient plus grandes, en majeure partie, que celles du pre*
mier bâtiment. On y remarque un beau promenoir orné d’un double rang de colonnes, sur
lequel ouvrent les larges portes cintrées de grandes salles. L’une est ornée d’un petit autel qui
a dû servir de chapelle à la villa. En raison de la distribution de cet édifice qui paraît plus confortable,
plus intime que celle dès deux autres, je serais tenté d’y voir le corps de logis destiné
aux femmes. On sait maintenant que le pharaon-avait.plusieurs épouses, de nombreuses esclaves,
et que les femmes avaient chacune leur jour pour partager la couche du maître. La vie des
Égyptiens d’autrefois ressemblait beaucoup plus qu’on ne croit à la vie dés Égyptiens d’aujourd’hui,
et le plan de cette villa serait très-bien approprié aux besoins d’un pacha.
P la n s Ca v a l ie r s d è s é d if ic e s d e T e l l e l -Ama.r n a . — Sculptés dans les hypogées.
— x v i i i* dynastie.
J’ai placé au-dessus du plan de la villa royale, le fragment d’un autre plan de palais : tiré
du premier tombeau des. hypogées situés au sud de la localité. •. , ,• . -
S’il n’offre pas beaucoup de détails d’architecture, il est, néanmoins, fort-intéressant au point
de vue des moeurs et des coutumes, et compense ainsi, par son animation, la sécheresse du
p r é c é d e n t.^ ^ ^ ^ ^ ” ^ , -
A droite, en effet, on remarque une salle à manger à côté de laquelle se trouve une chambre
à coucher avec un’lit orné de colonnettes et d’un baldaquin.
Dans un office, séparé de l’appartement royal par im corridor, on voit les serviteurs occupés
à préparer les mets ; plus loin, de vastes pièces sont consacrées au personnel du palais dans le
nombre duquel se rencontrent des musiciens et des chanteuses; et 1 on voit à côté de ceux-ci
les harpes, les lyres, les. mandoreS, enfin les meubles et les ustensiles qui étaient en usage
parmi eux. . _
Les deux dernières’ divisions de ce petit plan étaient séparées par une cour étroite, plantée
de quatre arbres et garnie d’ùn bassin : j’ai supprimé ce détail ; on me le pardonnera, j’y ai été
forcé, sous peine de ne pouvoir faire entrer, complètement, dans mon cadre, toute la partie la
plus intéressante du bas-relief.
S p é o s d e K a l a b c h é ; p l a n , c o u p e s e t d é t a i l s . — Ramsès II. — xix° dynastie.
Le Spéos de Kalabché, l’ancienne Talmis, creusé sous Ramsès II, est précédé d’un vestibule
dont les deux parois longitudinales sont couvertes de bas-reliefs très-intéressants. Ceux de droite
représentent les épisodes d’une campagne contre un peuple asiatique les Châri qaï sont peut-être
les ancêtres des Bichari, peuplade occupant aujourd’hui le littoral de la mer Rouge. Les bas-
reliefs de.gauche offrent le tableau d’une bataille et d’un tribut imposé par la victoire à des
peuples africains, les Kouchieis qui ressemblent aux peuplades actuelles, à demi sauvages, des
Oasis du haut Nil, sur lesquelles les gouverneurs de Sennâr font fréquemment de cruelles
razzias.
Le pharaon, assis sur son trône placé sous une riche naos, reçoit les présents envoyés par
les Éthiopiens, précédés par le prince de Kousch Aménemapet leur vainqueur, auquel, en signe
de récompense honorifique, un jeune prêtre passe au cou un collier d’or, tandis qu’un autre
l’oint d’eau lustrale ou de parfums qu’il puise dans un vase porté à la main. Derrière ce groupe,
on remarque, empilés sur des tables d’offrandes, des anneaux et dos chaînes d’or, des peaux de
léopard, de riches et élégants fauteuils, des plumes et des oeufs d’autruche, des dents d’éléphant,
das sachets de poudre d’or, des arcs et plusieurs autres objets imposés par la conquête,
Une députation d’Éthiopiebs qui n’ont pour tout vêtement qu’une peau de bête sauvage autour
des reins, suit, amenant au pharaon les animaux vivants les plus curieux de l’Éthiopie : un lion,
des panthères, un oryx, des boeufs et des gazelles. La seconde ligne, qui partage la hauteur du
tableau en deux registres, commence par plusieurs chefs égyptiens qui conduisent des Éthiopiens
portant des bûches de bois d’ébène, des fourrures; d’autres amènent une girafe, des buffles,