que le s.s ab le s tendent à engloutir les terrains cultivables. Mais une autre..cause
compense cette déperdition : quoique les sables poussés p a r les vents et s’engouf-
Irant dans les vallées latérales a ient tendance à envahir peu à peu, l'exhaussement
du Nil et par suite du sol environnant, tend de son côté à .augmenter l'étendue de
la pa rtie fertilisée.
Cette compensation n’a lieu surtout qu’en tre Syène et Memphis ;.car au delà de
cette ville ju sq u ’à la mer, le désert menace le Delta. On sait, par exemple, que la
vallée de Saba-Byar, au trem en t la te rre de Gessen, était autrefois très-fertile, tandis
que de nos jo u rs elle est complètement stérile. C’est que î | , les terrains d’alluvion,
fertilisés p a r les dépôts de limon du fleuve, ne s e 'tro u v e n t plus protégés par les
montagnes : d’où il résulte que les sables du désert ne ren co n tren t plus aucun
obstacle. Il est donc facile de concevoir que TÉgvpte, dans sa partie cultivable, a dû
être beaucoup plus étendue qu ’e lle .n e l’est aujourd’h u i; peut-être même avait-elle
de mille n eu f cents à deux mille lieues carrées dans cette partie, au lieu de mille
six cent cinquante envirbn auxquelles, elle se trouve réduite actuellement. Ajoutons
à cela que su r les bords de la mer Rouge et su r la route qui allait du Nil ju sq u ’aux
Mo n ticu les qui longent le littoral.' de .cette mer. il y avait plusieurs vilies, comme
Bérénice, Myos, Ilormos, Philotera, qui se trouvaient être devenues des centres
importants;; de commerce. Enfin à l’ouest les oasis' é taient également beaucoup plus
peuplées autrefois qu ’elles ne le sont aujourd’hui'. On pourra ainsi aisément se
rendre compte des causes làiternativês qui ont pu influer sur l’accroissement ou
rabaissement de la population égyptienne.
Diodore, dans le passage déjà cité, après avoir affirmé que l’Egypte renfermait
B itre fo is sept millions d’habitants et que de son temps le nombre de ceux-ci n ’avait
pas diminué, ajouté; que ces faits ont été portés à sa connaissance par u n document
déposé aux archives.: c’est donc une affirmation provenant des Égyptiens eux-mêmes.
L’historien ju if Josèphe,' dans son ouvrage su r la guerre judaïque, dit aussi que
de son temps on évaluait à sept millions cinq cent mille habitants le nombre des
habitants de l’Egypte,
Diodore et Josèphe nous paraissent avoir du être bien informés.; leu r témoignage
mérite confiance. Diodore ne s’arrê te p o u rtan t pas là ; il raconte, à l ’appui de ses
assertions, des incidents tout particuliers qui ne manquent pas d ’un c ertain in té rê t;
en voici un en tre autres : le pharaon, père de Sésostris,.. dès, le moment de la naissance
de son fils, a u ra it donné l’ordre d é . rassembler, de tous lès; points de son
royaume dans la capitale, tous les enfants mâles nés le même jo u r que lu i, alin de
. les faire élever ensemble et q u ’ils devinssent plus tard les soutiens, les fidèles compagnons
d’armes de! Sésostris devenu grand. Or, quand Sésostris eut a tte in t l’âge de
quarante ans, il lui restait encore mille sept Cents compagnons d’armes. Évidemment,
il ¿ ¿ impossibilité : c a r on •serait con d u it à supposer,' en appliquant ici les résultats
fournis de nos jours par les tables de mortalité, que l’Égypte a u ra it eu, du temps
de Sésostris, plus; de quarante ¿millions d’habitants. Pomponiüs Mêla, s’appuyant sur
un passage dTIdmèré, porte à u n million le nombre des soldats qué la ville de
Thébes pouvait mettre sous les armes. Il y a loin d e vce chiffré à celui d’Hérodote.
Tous ces passage's', où la population de l’Égypte est singulièrement exagérée,
ont été réunis par Étienne de Bysancej qui luifpjiême avait puisé ses renseignements^
dans Caton et. lés scoliastës d’IIomère.
D’f¡¡§ autre côté Tacite affirme qu ’il y a u ra it'é u f|dU temps dé Sésostris, sept
íifm t mille combattants à Thèbes» Remarquons que Ce; nombre est le même que
Diodore assigne à toute l’armée de Sésostris. Enfin tout le monde connaît ce passage
de Y Iliade dans lequel Achille déclaré q u ’il né se réconciliera pas avec Àgamemnon,
quand bien même celui-ci- lui donnerait toptes les richesses que- renferme la ville
de Thèbes aux cent portes, dont chacune donne passage ¿ lo rsq u e Pharaon p a rt en
guerre, à deux mille guerriers- avec leurs chevaux e t leurs chars. Ici encore on a
appliqué à Thèbes ce qui dëvait s’entendre de l’Égypte:ien tiè re ,’ de même qu ’on
a assigné, p o u rJp te n d u e du ’ te rra in, à la surface du te rrito ire de la ville de Thèbes
ce qui devait-s’entendre du te rrito ire de la T h é b a ïd e ^ ‘-
R E L IG IO N . R IT U E L FU N É R A IR E ,
RE M C I ON
Il existe, comme source de renseignements précieux pour résoudre le problème
de la vraie réligion de l’antique Egypte, une classe de textes obscurs qui n ’ont pas
encore donné à la science historique lés fru its su r lesquels on est en d ro it de
jom p te r : ce sont les hymnes religieux, et spécialement ceux du ritu e l funéraire
dont le caractère sacré remonte incontestablement à la plus haute antiquité.
Nous croyons qu’on a eu tort de renfermer, à une au tre époque, toute la religion
égyptienne dans cette aberration étrange de l’esprit humain qui le fit descendre, par
suite de l’adoration des’symboles, jusqu’à diviniser les animaux. Pour nous le tra it saillant
de la croyance nationale résidait dans, l’affirmation de l ’immortalité de l’âme.
C’est un témoignage que l’antiquité classique a unanimement rendu à l’Égypte,
que le dogme du jugement de l’âme et de la distribution équitable des peines et