« Tandis que d’autres s’attachent seulement à rechercher des contradictions et
des e rreu rs dans les monumens précieux que l’antiquité nous a laissés, qu ’ils s’efforcent
d’y trouver des raisons de douter des vérités historiques les mieux établies*
c’est au contraire dans ces contradictions apparentes q u ’ils relèvent avéô tant d’assurance,
que nous trouvons les plus belles et les plus convaincantes preuves de la
certitude des faits. Quand on les examinera avec toute l ’a ttention suffisante, sans?-;
e sprit de système, e t avec cette impartialité qui doit toujours distinguer les amis de
la science» on reconnaîtra que ces faits transmis sous des formes si diverses, qui
amènent toutes à u n même résultat, présentent l’accord le plus satisfaisant que l’on
puisse désirer; L’e rre u r elle-même sera alors une preuve de la vérité, et l’histoire
ancienne to u t entière, b rillan te d’évidence, so rtira victorieuse de toutes ces vaines
objections. »
DYNASTIES ROYALES d ’e GYPTE.
Les listes de Manéthon peuvent seules encore servir de base à la chronologie
égyptienne des époques primitives. Elles sero n t donc notre guide, en même temps
que notre moyen de contrôle pour les résultats fournis par les recherches e t les
fouilles entreprises depuis près de cinquante années; et de la sorte leu r véracité et
leu r au th en ticité, si maladroitement niées p a r Larcher, ne feront plus doute pour
personne.
On est en effet forcé de reconnaître que ;le fragment si heureusement conservé
p a r l’historien Josèphe est la preuve incontestable que l’ouvrage du grand prê tre de
Sebennytué é ta it au tre chose qu’un e sèche nomenclature, et que la disparition de
l’histoire de Manéthon est une pe rte irréparable;
Larcher n ’avait vu dans Manéthon qu ’u n imposteur, mais depuis les découvertes
de Champollion il a bien fallu revenir su r son compté et ne plus le tra ite r avec le
même m ép ris; et quoique Eusèbe et Jules Africain aient cherché à réfuter les affirmations
de la table des rois, avec une opiniâtreté difficile à comprendre* ils nous
on t ren d ü cependant u n signalé service en en démontrant tout au moins l’authenticité
absolue.
Les listes royales comprennent une durée de 4500 à 4600 a n n é e s , réparties en •
tre n te et une dynasties ou familles. Yingt-six de ces dynasties f e ra ie n t spécialement
égyptiennes, a u ra ien t pour point de départ l’origine de la civilisation de l ’Égypte,
e t s’a rrê te ra ien t à la conquête du pays p a r l ’invasion persane.
Mais avant de nous livrer à u n examen approfondi de cette table de Manéthon,
nous croyons utile de je te r u n coup d ’oeil rapide su r les dynasties des rois qui ont
régné depuis Cambyse ju sq u ’à Alexandre, espérant que les quelques analogies avec
le passé, qui se présenteront sous leu r domination, pourront servir de base pour se
retrouver dans le dédale des temps les plus reculés. -
Disons aussi, pour ne pas laisser supposer u n p a rti p ris de notre p a rt, q u e -c ertains
savants supposent que Manéthon (qui, comme prê tre égyptien e t comme garde
des archives, était p ourtant plus à portée de re cu eillir les différentes versions répandues
dans les villes d’Égypte pour en former ses dynasties) les a u ra it irrégulièrement
arrangées ; parce qu ’elles reproduisent souvent les noms de mêmes personnages, ou
rapportent les mêmes faits sous différents noms; et qu ’alôrs il p ourrait se faire que
les dynasties rentrassent par là les- unes dans les autres.
La xxvn0 dynastie commençant au règne de C am byse|||ors de la conquête de
l’Égypte par les Perses en 525, comprend h u it rois persans : 1° Cambyse, dont le
nom se trouve écrit sur quelques monuments égyptiens KMBOTII ; e t KMBATII su r une
statue du musée du Vatican. On trouve encore le nom de Cambyse dans u n e inscription
gravée su r u n rocher, su r la route de Qéné à Qosseir.
2° Smerdis le Mage ; .
5° Darius, fils d ’Hystaspe; celui-ci fut plus humain que Cambyse ; il ne persécuta
pas les Égyptiens : il le u r permit, au c o n tra ire , de reconstruire leurs temples ; aussi
son nom est-il plus honorablement cité que celui de Cambyse. 11 existe une stèle
trouvée sur la route de Qosseir, qui porte les cartouches de Cambyse, de Darius e t de
Xercès : elle paraît avoir été érigée sous un des rois successeurs de Cambyse. Enfin le
nom de Darius Sè rencontre souvent à l ’oasis d’El-Khargeh et à l’oasis d’Ammon.
A la hauteur d’Abydos, et à la distance de sept jours de marche à travers le désert,
est: située la première des trois oasis de Libye : c’était un lieu habité, bien fourni
d’eau, abondant en vin, et qui produisait une q u an tité suffisante d’autres denrées :
La seconde est à la hau teu r du lac Moeris, et la troisième est celle du temple d’Âm-
mon, où se re n d a ie n t les oracles ; elles renfermaient aussi, toutes deux, u n e population
assez nombreuse : Ces oasis n ’ayant été peuplées d’Égyptiens qu ’assez ta rd , il
est à présumer que si le nom de D arius se trouve su r les temples qui y furent élevés,
c’est qu’ils ont été construits sous les auspices de ce prince.
4° Xer cès, fils de D arius, par lequel fu t apaisée la révolte qui avait éclaté la dernière
année du règne de. son père. Le nom de ce prince se lit aussi à Qosseir, e t su r la
stèle que nous avons mentionnée plus h aut, où les dates qui accompagnent les noms
des rois perses, Cambyse, Darius et Xercès, sont parfaitement d’accord avec la durée
connue du règne de ces princes. On lit encore le nom de Xercès su r u n beau vase
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