C’est dans ces représentations qu’il a été permis de constater combien la sobriété
é ta it, parfois, peu observée par les Égyptiens, puisqu’on y offre aux yeux les convives
vomissant en présence de leurs compagnons. Ces divers tableaux, en donnant des renseignements
aussi précieux sur les moeurs et coutumes de la nation, ne rende,nt-ils pas,
p a r suite, ces hypogées bien plus intéressants que ceux des pharaons, où les représentations
sont exclusivement relatives à la mort.
À l’époque de la xvm° dynastie, on trouve le pharaon représenté, de chaque-côté de
la deuxième entrée, assis sous u n rich e naos, recevant lés hommages du défunt.
Lorsque le défunt était u n pa ren t du souverain, soit u n Erpaha (prince), soit u n scribe
royal, on voit souvent des scènes relatives à sa vie p ublique ; par exemple, lorsqu’il
in tro d u it, devant le pharaon, les députés des peuples trib u taires ; qui apportent de
l’o r, des vases pré c ieu x , des dents d ’é léphant, de l’éb èn e ; qui amènent de jeunes
esclaves africaines, des chevaux, des boeufs, des animaux étrangers, dont s’amusait
sa curiosité ; ou bien encore qui présentent d.es arbres précieux dont s’enrichissait,
aussitôt, la vallée d’Égypte.
C’e s t ainsi que l’on voit, dans un hypogée d’Àbd-el-Gournah, le pharaon Àmounoph
ou Àménophis II, le conquérant de Ninive, assis su r son trône dans u n riche naos, dont
la base est ornée des écus blasonnés des peuples vaincus au sud e t au nord. On apporte
e t l ’on in scrit, devant celui-ci, le butin conquis : enfin, on y trouve citée une grande
q uantité d’armes, de meubles e t de bijoux comme propriété du défunt. C’est dans ce
même tombeau, qu ’on voyait le jeu n e pharaon sur les genoux de sa nourrice, accompagnée
de ses femmes, ch an tan t et jo u an t de la mandore. Malheureusement cette scène
charmante est presque dé truite , parce que, d’une part, le vernis appliqué sur la peintu
re a noirci toutes les couleurs, tandis que de l’autre des savants inexcusables ont
mutilé ce tableau pour en p ublie r seuls une copie complète.
Citons encore le tombeau d ’un prince d’Éthiopie, nommé Haï, enseveli à Gournah-
Môuraï. On y voit aussi apparaître les peuples trib u taires d’Amentouonkh, pharaon de
la xvm° dynastie. À la tê te des Éthiopiens sont des chefs qui se prosternent devant le
pharaon, tandis que d ’autres précèdent une jeu n e princesse, debout dans u n char
tra îné par deux boeufs, au pelage bariolé : un large dais de plumes blanches, en forme
de parasol, qui surmonte la coiffure de celle-ci, semble la g a ran tir des rayons du soleil.
Elle s’avance comme u n e re in e de Saba, précédée de présents, et suivie des divers prod
uits du sol et de l ’in d u s trie de son pays. En outre de ce bas-relief, on y remarque trois
registres, occupés p a r d’autres peuples, également tributaires, qui a rrivent de l’Asie
p our ren d re hommage au seigneur du monde ; puis dans le corridor qui conduit à la
chambre sépulcrale ou au puits funéraire, on trouve une réprésentation du cortège
funèbre et de l'enterrement, Cette, ¿èmé-sè ^ » n t r e , , également,4ans l'hypogée.du
scribe royalHorem-hebi. * .
- Ê’e st «'extrémitédes-tombeaux,,ou au fond de.leur chambre sépulcrale, qu étaient
les-Statues de f a i l l e , ( c e l l e s ^ seulement quand la n a tu â g d e 'è a roche p ermettait de
les.!èeuiptor) on les portraits peints;-généralement, ceux,, du défunt e t de sa femme,
assis su r ¡¿m êm e siège se te n a n t à bras-le-^orps. Dans- les représentations peintes, au-
dessbiis d u siège, sont figurés l é s a i s de toiletté, le linge favori de là dame, ou le
lévrier qui partageait avec son maître les plaisirs de la chassé. - <
I f l e p e n d a n t , à l’é p o ffe de la xxvi'-dynasijue^’est-a-ctae, au moment de la renaissance
éO T tifin n ^ ra re h ite e tu re ; d e j ^ b e a u * . s eÿbleiitèute différente} en tre autres
particularités remarquables, la pa rtie antérieure de cês¡tombeaux y est creusée, à ciel
B u v ex t, et de fa ço g là former une cour à galeries, précédée d’u n pylône en briques
Crues;, ce qui donne, de lo « rç à ces constructions fu n é ra ire s .l’aspeCtmonumental des
temples.. . ■ ’
Par contre, à la différence des hypogées décrits plus haut, la décoration d e ,c e s
tombeaux est fort simple, et ne consiste, principalement, qu’en tableaux d’offrandes, ou
en de longues inscriptions funéraires et en textes, sculptés d’après le ritu e l des morts.
- |n y lit quelquefois, à l’entrée, la formula des anciens monuments funéraires, par
laquelle le défunt invitait les passants: à intercéder en sa faveur ï;e lle e s t a in s i conçue :
« H ô J f c d e toutes eo n d itio n # s c rib e s , chefs, vous.to.uS qui approchez de ce tombeau,
demandez,que beaucoup,.d’aliments^et de breuvages soient accordés, dans lAm en li, au
défunt: »
Les tombeaux les plus grands, les plus étendus de cette d e rn iè re époque,, se
trouvent situés près du monticule dans le fond,
de la vallée,de: l’Assacif. C’est là q ^ L é té construit et excà#:;,p o u r un quatrième pro^
phète d’Amon, le hiérogrammaté M a n to u e n ^ ,. u n hypogée, très-remarquable par
son pylône enjbnques c i u e ^ a v ^ u n e porte voûtée. Sa vaste cour ; ^ t décorée de fleurs
de lotus.',açpçtées, comme dans l è i . a m iB s monuments du p rem ie r em p ire ; c est là
aussi que fut taillé pour u n Erpaha (scribe royal) nommé Pétamounoph, le plus
vaste hypogée de Thèbes ; car l’espaqft-qu’U occupe:,,¡ avec ses cours, ses corridors,
i ' is p chambres et ses trois étages, est évalué, p a r Wilkinson, à 23,809 pieds anglais
carrés.
Il e s t bon de. faire observer que plusieurs des hypogées de la nécropole de Thèbes,
taillés dans le sp a rlifS , les plus élevées de la montagne, contiennent de nombreuses
inscriptions Co p tp ,;.®r'on p o u rra it regarder, à tq rt, comme appartenant à u n e époque
reculée : elles sont le fait,des solitaires, des anachorètes, qui, dans les premiers