Cependant, combien de siècles avaient dû s’écouler avant qu’on e n tre p rit d’extraire
de leurs carriè re s, les blocs de g ra n it dont les obélisques sont formés, e t qu ’on imag
in â t de remuer ces énormes masses, puis de les transporter à de grandes distances?
avaut qu ’on eût extrait les métaux de leurs mines pour en fabriquer des outils propres
à ta ille r ces obélisques, à les polir, à y graver profondément, avec leu r perfection
remarquable, les figures hiéroglyphiques dont leu r surface est ornée?
Dès lors, il est bien démontré que tous les arts utiles à la vie, ou seulement destinés
à en augmenter les jouissances, étaient parallèlement, chez les anciens Égyptien
s, aussi avancés que l’architecture et la sculpture ; puisque les objets de tout genre
s u r lesquels ils appliquaient leurs peintures, c’est-à-dire leurs papyrus, l ’espèce de
carton q u ’ils employaient à fabriquer les caisses de leurs momies, aussi bien que leurs
embaumements, exigeaient des préparations qui n ’avaient pu ê tre que le résultat d’essais
multipliés et d’une longue expérience.
On en peut d ire au tan t de leurs tissus, dont quelques fragments sont venus jusqu’à
nous. Enfin, les instruments de musique, les armes, lès chariots de guerre, aussi bien
que les ameublements, que l’on voit représentés dans les tombeaux des rois de Thèbes,
sont au tan t de preuves d ’un e civilisation avancée et d’un e industrie qui s'appliquait à
une m u ltitu d e d’usages. Les livres de Moïse nous offrent, |f |c e t égard, des témoignages
irrécusables; puisque, dans les instructions qu ’il donne aux enfants d’Israël pour la
construction du tabernacle, de l’autel des holocaustes, du parvis e t de l’autel des parfums
dans ses prescriptions su r la forme et la matière des vêtements sacerdotaux, ce sont
les arts égyptiens qu ’il décrit.
Pai ‘mi ces arts, il faut bien distinguer, surtout, celui de mettre en oeuvre les
métaux, qui, en raison des travaux exigés, indique l’a rt, beaucoup plus ancien, de leur
extraction des mines. Il faut distinguer aussi leur habileté à polir les pierres gemmes
les plus dures, et à y graver des caractères, à tisser des étoffes précieuses, enfin à. prép
a re r les cuii’s et à les te in d re de diverses couleurs.
Mais quelque rapidité que l’on suppose à la marche de la civilisation dans les
premiers ■âges du monde, l’état des connaissances humaines, en . Égypte, au temps
de-Moïse, n 'e n ’ fournit p u sÉ ^ tn s la preuve âhltSntestable qu'à-cette epoque, les Égyptiens
é taient déjà^un an cn g lp eu p le ; car c’e ^ s u r to u t dans les-’trois professions industrielles
qui relèvent-'directement des ‘« t » du dessin, e est-â-dire dans la céramique,
l’ébénisterié e t l ’oriSvrerie, que cette preuve se rencontre plus frappante,. Aussi, sans les
assimiler entièrement à l’architecture, a la sculpture et à la peinture, n i leu r attrib u e r
un e importance égaledtcès ;trois- manifestations supérieures de l’a rt plastique, cruyons-
nldS, pourtaiffl¡utile de jg? mentipjsner panlftujièreinent; parce que n e t» sommes
t e n u # * ne pas -passeisous silence-ce fait qu’en Égypte ¡bien plus incontestablement
que chez les au tre s peuples de l’antiquité), pourTemploi de l’argile, du bois et des métaux
dans les travaux d’a rt, il existait des in te rp r è te ^ d 'u n ta len t à la fois élégant et
'varié, plus fantaisiste e t plus o ap ric ieu » q u e celui que nous font connaître leurs monuments
; et, en outee^parce qu’il nous est impossible de ne pas appeler .l’a ttention sur
cet autre fait : que §§s;. troifeindustries, p endant les diverses phases de la vie de 1 a rt
na tiona l,me cessèrent jamais de jouèr u n rôle relativement considérable, tantôt progressant,
tantôt s’affaissant ou se relevant to u r à to u r' avéc jlui 1 Enfin, p n de rnie r
motif nous les rend encore : p lus spécialement intéressantes ; c’est qu’é tudier les
oeuvres de l’in d u strie là où lefdessm joue le principal rôle-, .»’est suivre l’histoire de
l ’a rt dans ¡toutes ses ramifications.
Il nous reste, en te rm in an t f e t aperçu général, à rappeler que la période la plus
ingénieuse et la plus élégante de l’a rt appliqué à l ’industrie , est b ien c erta inement la
période comprise entre leS,XVHT et XX* dynasties; et que si, dans les ouvrages de ces
temps, on ren co n tre 'en c o re souvent la forme humaine mêlée aux caprices les plus
hardis, -elle n’y est déjà pluSEcependant, en réalité, q u ’un accessoire.
.. CÉRAMIQUE.
On sait que le mot céramique’;est t i r é ^ u grec ; il doit -son origine à u n q u a rtie r
d ’Athènes où se fabriquaient les briques et les poteries (Keramis, en grec, désigne le
potier) : de là vient qu ’aujourd’h u i on comprend,- sëps cette acception générique, depuis
la tu ile ju sq u ’au biscuit de porcelaine. L’a rt d e fabriquer les vases n ’au ra it donc été
qu’u n e .p a rtie du tra v a il. du céramiste.
11 résulte également de cette définition que les vases d’or, d’argent, d’agathe-onyx,
d ’albâtrè, de bronze et de verre, couverts ou non d’émail, n ’app artien n en t pas à 1 a rt
du potier ou du céramiste; qu’ils font partie de l ’oeuvre; soit de 1 orfèvre, soit du marb
rie r, soit du verrier, quoiqu’ils ressortent tous, néanmoins, d’un faire artistique
* commun, dont la forme est la base et le1 lien général, quelle qu’en soit la matière.