sion des pasteurs serait venue interrompre la série des pharaons nationaux, aussitôt
après la douzième dynastie : Cela p o u rrait bien être vrai pour la basse Égvpte ; mais
à fa n is il paraît en avoir été tout au trem en t, puisque, dans cette ville (qui devint
le siège même de la puissance des rois pasteurs), Sevek-hotep III, le quatrième
roi de la treizième dynastie, dressait encore ses colosses de granit.
L’histoire d ’Égypte est, à coup sûr, celle dont les savants ont le -plus travaillé à
é clairer les mystérieuses profondeurs. La grande idée qu ’on s’est formée des Égyptiens,
su rto u t d ’après ce qu ’en ont raconté les Grecs (qui avouaient leu r être redevables
de tant de connaissances utiles), la grande q uantité de monuments qui en restent
encore, e t q u ’on découvre chaque jo u r, e t dont presque tous les pays se- sont fait
un e gloire de re cu eillir quelques spécimens, font plus que jamais désirer d’y faire
p én é tre r la. lumière e t de la ra tta cher, définitivement, à l’ensemble des moeurs, vêt
coutumes de tous les peuples.
On sait quelles ont été, ju sq u ’à la découverte de Champollion, les sources historiques
p our TÉgypte, tan t depuis les . temps répu tés fabuleux que ju sq u ’au moment où ce
pays devint une province de l’empire des Perses so n |j||||É
Le second livre d’Hérodote ;
Le p rem ie r livre de Diodore de Sicile ;
Les dynasties de Manéthon ;
Quelques fragments de celui-ci cités p a r Josèphe, par Jules Africain, par Eusèbe et
p a r Georges le Syn celle ;
Une liste des rois de Thèbes, dressée par Ératoslhène, bibliothécaire d’Alexandrie;
Enfin quelques listes ou q u e lq u e s'n om s d ’anciens rois égyptiens cités par des
a uteurs juifs ou arabes.
Malheureusement, tous ces auteurs, même Hérodote, le plus ancien de tous, sont
bien postérieurs à l’expédition de Cambyse, roi de Perse, qui e st représenté comme
ayant enlevé les documents historiques des Égyptiens.
Hérodote compte plus de trois cent quarante rois d’Égypte depuis Ménès, le premier
de tous, ju sq u ’à Cambyse; mais il n ’en nomme qu ’une vingtaine. Diodore de Sicile, qui
en compte environ cent vingt, ne cite également que vingt noms de souverains ;
Manéthon, lu i, en nomme bien davantage, et, par leu r moyen, établit diverses dynasties
auxquelles il donne des noms de villes ou de pays : enfin on trouve, également,
la durée de ces règnes mentionnée dans Jules Africain et dans Eusèbe; mais ils ne
s’accordent pas en tre eux, non plus qù ’avec Georges leSyneelle, soit sur, la durée, soit,
même, su r l’ordre des dynasties.
Quant à Ératosthène, qui a é c rit à peu près du temps de Manéthon, il n ’a laissé
qu’une liste de tren te ou quarante rois de Thèbes; la p lu p a rt ne se trouvent pas dans
les dynasties du grand p rê tre égyptien. ’ • ' . '
Il nous p araît utile de reproduire ici, au point de vue d e là controverse, bien qu ’il
ne concorde pas, toujours, avec la découverte de Champollion. le mémoire de Sàint-
Mattin sur les systèmes chronologiques d’Hérodote e t de Diodore;’mémoire lu en 1823
à l’Académie des Inscriptions et belles-lettres ; voici ce que d it cè'-savant :
« Depuis que nous avons porté nos armes su r les rives’du Nil, et que nos victoires
nous ont permis de contempler, avec sécurité, lés restes de l’empire des Pharaons
échappés aux ravages des conquérans qui ont asservi l ’Égypte p endant deux mille ans,
un intérêt toujours croissant s’e st attaché à to u t ce qui concerne c e tte te rré célèbre.
Beaucoup d’ouvrages recommandables sous des rapports divers ont é té publiés,- et
s’ils ne nous ont pas appris tout ce- que nous désirons savoir su r ra n ç iè n n e Égypte,
ils nous ont familiarisés du moins avec la géographie, les monumens, lés signes re li-
o-ieux, la langue e t les écritures de ce pays. L’histoire seule est restée étrangère à
nos investigations; et cependant peu t-o n se flatter de bien connaître u n peuple,
quand on ignore la durée dé-son existence sociale, les révolutions qu ’il a éprouvées,
et les relations qu’il a eues avec les autres nations? Les systèmes les plus ingénieux
ne peuvent remplacer ces connaissances essentielles; c’est vainement q u ’on s’égare
dans les profondeurs d’une an tiq u ité dont on recule à son gré les lim ites , pour y
trouver une sagesse profonde, les plus belles inventions, des sciences arrivées au
plus haut degré de p e rfe c tio n : Un te l vague, de telles incertitudes, ne sont pas
propres à satisfaire les esprits ju d ic ieu x ; il est difficile d |||f ix e r longtemps leu r
attention sur des objets qui apparaissent au m ilie u -d ’u n e si mystérieuse obscurité.
« Quoique l ’histoire , des anciens Égyptiens a it souffert plus qu’aucune autre
des ravages du temps, il nous reste néanmoins beaucoup d’indications, de monumens
et de témoignages précieux. C’est au milieu de ces débris qu ’il faut trouver
les moyens de re construire ce grand édifice historique. Cependant, on doit le d ire ,
les tentatives infructueuses des savans modernes ne sont pas propres' à encourager
dans Cette entreprise. La lecture de leurs ouvrages suffirait pour faire renoncer à
un travail aussi pénible que celui d’éclaircir et d ’expliquer des annales qui semblent
n’offrir que des renseignemens r a r e s , confus, contradictoires, et parfois
même absurdes: Que penser, en effet, d’une, histoire qui v a r ié c ontinue llement au
gré de tous ceux qui s’en occupent*, quoique ¡tous -s’appuient su r les mêmes
autorités? On p ourrait penser que les origines et les dynasties des Égyptiens sont
des fables indignes de l ’a ttention des savans; on serait même tenté de croire que
cette nation n ’a jamais eu d’histoire.