les deux extrémités portaient su r les rives du canal. On vida ensuite lès barques
ju sq u ’à ce que déchargées de leu r poids, et forcées de s’exhausser, elles soulévèrent
l’obélisque, qu ’il fut alors facile de conduire su r les eaux du Nil. »
Cette citation nous p ermet de croire (le fleuve traversant toute l’Égypte et les
c a rriè re s é tant peu éloignées de ses bords, comme la plupart des villes et leurs temples)
qu ’il est très-probable que l’eau fut le conducteur ordinaire de presque toutes
les grandes masses, dont le transport par te rre eût coûté des efforts et des dépenses
incalculables, si toutefois il eût pu s’effectuer.
Mais ces masses obélise aies, un e fois arrivées au lieu où il fallait en ou tre les
é riger, quels moyens employait-on à cet effet? Existait-il de puissants moyens mécaniques,
(alors connus) oubliés depuis? D’ingénieux procédés suppléaient-ils aux ressources
de la science, ou bien la force des bras, le temps et la patience venaient-ils au
secours des architectes? Chacun p o u rrait faire à ce sujet bien des conjectures, (les
Égyptiens ne nous ayant laissé aucune notion qui puisse nous guider) si heureusement
les transports de colosses, dont ils nous ont légué quelques représentations, ne nousj
démontraient que la mise en mouvement des fardeaux s’opérait p a r des procédés fort
simples, car tout prouve que leurs connaissances mécaniques é taient assez bornées :
Leur description nous explique comment il se fait que cette nation a it au tan t multiplié
d’étonnants et dispendieux monolithes.
Lorsque les Romains fu ren t devenus , maîtres de l’Égypte, ils d u re n t v o ^ avec
envie, des monuments dont la proportion le u r p a ru t conforme à la grandeur de
leu r empire e t de leu r ambition. Il paraît q u f î § ne tardèrent pas à user de leu r
droit de conquête, c’est-à-dire de rapine, su r ce pays qu ’ils avaient subjugué; c’est
pourquoi nous lisons, su r la base dé l’obélisque du cirque Flaminien (aujourd’hui
place del Popolo à Rome), q u ’Auguste, dans la 12° année de son règne, après
avoir ré d u it l’Égypte sous la puissance du peuple romain, consacra ce monument au
Soleil.
Après Auguste les empereurs ne cessèrent pas d’embellir le siège de le u r empire
avec ces trophées, soit qu ’ils eussent enlevé ceux qui décoraient les édifices Égyptiens,
soit qu ’ils eussent fait ta ille r de nouveaux obélisques, dans les carrières de Syène
particulièrement : Ce seraien t ceux de ces monolithes qui sont restés lisses et sans
hiéroglyphes. l i e n existe encore treize à Rome dont certainement quelques-uns sont
de l’époque de la domination romaine en Égypte.
Nous avons d it q u ’à Rome, ces masses granitiques, étrangères au goût, en archite
c tu re et en ornementation du pays, muettes aux yeux et à l’esprit du peuple, ne
signifiaient rien qui pût en ren d re l’emploi nécessaire. Regardés seulement comme des
productions curieuses d’une industrie'gigantesque, ils fu ren t appliqués presque exclusivement
à pyramider au milieu des cirques, ces grands amphithéâtres qui offraient,
entre les g rad in s dont ils é taient bordés dans le u r longueur, une arène;, pu un grand
espace,’ divisé en deux? allées p a r u n =§£assif relevé qu ’on appelait spinà, parce qu’il
régnait, su r toute celte longueur, comme Y épine ou l’arête dans le corps d un poisson.
Cette. spina recevait toutes Sortes de monuments décoratifs, soit des trépieds, des
autels ou des statues : ceux q u ’on plaçait ||iu n é de ses ' extrémités étaient, appelés la
meta.
l.es obélisques de ¡’Egypte trouvèrent, su r ce m a s s iA m e place très-favorable â
le u r effet, et ilsm o n trib u è re n fiin g u liè rem en t à l'embellissemèntvdes c irq u e s; car
indépendamment de l’espèce de soubassémenf formé par la spina 'ceux qu ’on y dressait,
posaient sur dés piédestaux ornés de moulés, et presque toujours d un seul bloc
dè granit rouge, taillé dans les carrières de Syène : On les. y plaçait au nombre de
•deux o r d in a ir e if f i» ujggram} et u n plus petit. Le g y a n f .éta it terminé;,;, au-dessus
de son pyvamidion, par u n globe de bronze doré, parce qu il é ta it consacré au
Soleil; le petit avait, à son sommet, u p disquet d 'argent, et il é ta it consacré à .la
Lune.
En outre, il arriva 'q u ’un genre, to u t différent, de fonction lu t affecte p a r Auguste à
u n o b é l i ^ S % p t i e n , t e u i de Psammétik p . Il le & 'dresSer,I' dans le champ de
Mars, é t le destina i devenir un gnomon ou cadran solaire : Plijïê, qui en parle avec
assez de détails, nous apprend qu’il était placé, dressé e t nivelé/sur un vaste plateau
tout en marbre blanc; Au sommet de l’Obélisque était u n globe de bronze doré qu on
’appelait pyropum. On avait tracé sur le plateau des'lignes, incrustées; en bronze, qui
indiquaient les différentes projections qt|fe devait pa rcourir l'ombre du gnomon. Il
parait qu'à l’empjpj du cadran on avait jo in t, su r ce monument, les propriétés de
calendrier. On voyait effectivement t r a t ^ s j s ü r le platêam, les indications des jours,
des mois, des saisons, et des équinoxes. Si l’on en croit Nardini, les différentes
positions du ciel, et l’étoile des vents s’y trouvaient également figurées. Cet antiquaire
rapporte aussi que. de son temps, su r l'emplacement d e l’uncic» champ de Mars
;';lprès San-Lorenzo in Lîtcina)^ on trouva des règles de brdnze doré, incrustées dans
de grandes pierres carrées, avec une inscription en mosaïque où on lisa it : Bornas
SPIRAT.
Tous les obélisques transportés d’Égypte par les Romains sont de g ran it et d’un
seul bloc. La seule exception, qu’on connaisse à cet égard, se rencontre à Constanti-
nople. Un de ceux qu ’on y voit encore, e t qui était placé dans 1 hippodrome, avait été
c o n s tru it en plusieurs assises régulières et revêtu de bronze,