sur le mur septentrional de la salle hypostyle du grand temple de Karnac. Monté sur son char
de bataille et tenant encore en main sa harpè et son arc, le pharaon revient triomphant d’une
expédition contre les Khétas dont on voit quelques têtes saillir dû char, où quatre de ces malheureux
sont attachés. Les chevaux ont la tête empanachée, le corps couvert d’un léger harnais et
d’une longue housse, jadis décorée d’ornements peints qui n’ont pu résister aux injures du temps.
Ils forment un attelage désigné par un nom particulier dans l’inscription qui les surmonte où ils-
sont appelés : « Les premiers chevaux de sa majesté; E e n nacht Ameu (1). »
Je trouve ici la preuve que les Égyptiens, qui dessinaient si bien les animaux domestiques ou
sauvages, n’ont jamais réussi à faire un cheval passable. Les têtes manquent d’expression, les
croupes ont trop de roideur, ainsi que les jambes, tandis que les mouvements sont .trop guindés;,
on dirait des chevaux de bois ou des jouets d’enfant.
Bas-reliefs funéraires. — Nécropole de Thèbes. — xix° d y n a stie .
Dans le n° 1, la scène, tirée d’une longue procession funèbre, représente une famille éplorée,
les mains placées sur la tête et adressant ses derniers adieux à une momie qu’on va déposer au
tombeau.
Le cercueil, en forme d’hermès couronné du cône funéraire, est adossé à une stèle contre
laquelle on voit le symbole de l’Occident (la terre des morts) , l’Amenthès personnifié, armé de
deux longs bras qui se sont déjà emparés du cadavre et ne le rendront plus. Derrière toute cette
famille qui se dolente ou pousse des cris accompagnés de gestes pathétiques, deux prêtres, revêtus
d’une peau de léopard, brûlent de l’encens ou font des libations devant la momie, achevant ainsi
la cérémonie des funérailles.
Au-dessous, on voit divers ustensiles appartenant au défunt mêlés à des offrandes. Plus loin,
un autre prêtre enregistre le dépôt de la momie dans la nécropole de Thèbes, d’où ce bas-relief
est tiré.*
Le n° 2 représente une danse funèbre exécutée au son du tambourin et probablement accompagnée
de chants apologétiques et d’hymnes lugubres ou neniæ, ainsi que le dit Diodore de Sicile.
Deux jeunes filles nues, la tête ornée de longues tresses, comme les baladines, semblent; régler
la danse au son d’une espèce de crotale. Deux hommes, les mains étendues, imposent silence à
une foule tumultueuse et bruyante qui rappelle les danses funèbres exécutées encore aujourd’hui
dans la Thébaïde.
J’ignore la date de cette stèle dont il ne reste que ce fragment conservé au musée du Kaire
cependant, à en juger par le style, elle doit appartenir à la xixe dynastie, époque où les artistes
donnaient une tournure maniérée aux figures de femmes et leur prêtaient, avec plus de mollesse
dans les contours, un allongement exagéré, une sveltesse impossible. La sculpture en est grossièrer
négligée; mais il y a du mouvement et delà vérité dans les poses.
Quiconque a parcouru la vallée du Nil peut se rappeler des scènes semblables ; il sera donc
frappé de ce naïf tableau où la douleur est rendue par des poses et des gestes qui sont restés comme
un type de la race égyptienne.
(1) L e s c o u r s i e r s d e R am s è s I I , d a n s s a c am p a g n e c o n tr e l e s K h é la s , s ’a p p e la ie n t « Puissance en .T A é -
baïde. »
P E I N T U R E
Ghoctk MONIQUE DE Teï e t de sa eemme. Nécropole, dé M em p h is. — V d y n a stie .
Ce qui§J||re la vue tout d’abord dans cette planche, c’est le fond dé spartevie sur lequel
•sie détache le groupe de Teï et de sa femme. C’est en effet la partie la plus remarquable, parce
qu'elle nous montre quelle fut l’origine des ornements qui décorent les murs et les. plafonds
■des tombeau*: les carrés, les losanges et les chevrons quei présentent ces nattes Ont été les premiers
motifs de décoration' en dehors de la symbolique- usitée généralement dans les lemple’s.
’, Je n’ai rien à dire sur ce^beau groupe que le spectateur ne puisse, apercevoir lui-même. La
différence de proportion, qui - se remarque entre les deux personnages, a pour cause 1 état de
subàlternitè auquel la femme était encore réduite A cette époquet reculée ; et cependant celle-ci,
n o m m é e N o f r e h o t e p e s , prêtresse (à Heith) d’Hathor, et parente du roi, était assez aimée et considérée
de son mari pour qiie celui-ci lui fît ériger une chapelle particulière.
Ces deux personnages sont d’un bas-relief méplat qui se distingue à peine du fond, sur lequel
est peinte la natte. Les couleurs de l’original ont bien toute la fraîcheur indiquée par la chromo.
J’ai calqué et fait colorier Içjtableau peu de mois après qu’il eut été rendu à la lumière, grâce
aux fouillés, ordonnées par Saïd Pacha pour former le musée du Kaire. Le tombeau qui le possédait,
enseveli sous les sables au nord du Sérapéum, avait déjà été démoli en partie, pillé,
.saccagé anciennement; mais une des principales; pièces était encore merveilleusement conservée
et présentait dans toute leur intégrité les plus beaux spéchnqüs ce l’art de cette époque. Ce
vaste sépulcre, qui n’a pas Su préserver les restes de celui qui 1 avait fait creuser et bâtir, nous a
donc couservê, à travers 40 siècles, trois ou quatre images intactes et fidèles de son fondateur,
'Teï, haut fonctionnaire de sang royal, qui paraît avoir vécu sous le règne de Kaké de la
v° dynastie.
Aimn'Éi-: d’une eamille asiatique, en lljyTTE. — B é n i Ila ç e n . —■ xi:* dynastie.
Les hypogées de l’ancienne Nefrous, situés auprès du village moderne de Beni-Haçen, sont
.aussi remarquables par les peintures qui les décorent que par leur simple et élégante architecture.
Le second tombeau, celui d’un nommé Naharse-Noumhotep, chef militaire et nomarque de
la province, est surtout intéressant, tant sous le rapport de l’art que par les précieux documents
■qu’il présente pour les annales du pays.
Sur la paroi septentrionale, l’artiste a pemtpjne suite d’étrangers présentés à Noumhotep,
par deux fonctionnaires égyptiens dont le premier est un scribe royal qui tient à la main une
tablette couverte d’hiéroglyphes. Le nomarque, nonchalamment appuyé sur un bâton, et entouré.
de ses chiens; reçoit, sans cérémonie, des gens que la fertilité de la vallée du Nil semble
attirer en Égypte. Ces étrangers ont une physionomie particulière, le nez aquilin, le teint clair
à l’exception des chefs; ils sont vêtus d’étoffes très-riches, coiffés .et chaussés comme les figures
■des anciens vases grecs. Ce sont d’abord deux chefs conduisant des antilopes; l’un est nommé
Abscha, l’autre est-remarquable par une perle attachée à l’extrémité de la barbe. Viennent après