la 'c o u le u r dans la masse des substances fondues, est restée depuis inconnue, et se
trouve encore u n des desiderata de la science moderne : en outre, leu r genre de
pe inture à teintes plates, ni fondues ni dégradées, sans ombres ni lumières, malgré
l’étonnement q u ’il provoque au premier aspect, a un mérite incontestable pour la
décoration monumentale : en y réfléchissant, on s’aperçoit que ce système est celui
qui convient le mieux p o u r les peintures murales, celui qu’il serait encore préférable
d ’adopter aujourd’h u i, quoique avec de légères modifications, pour décorer
nos monuments publics ; su rto u t ai l’on tie n t à éviter de laisser paraître, à la paroi
des murs, lés trous qui sont le résultat forcé des fuites de la perspective et de la
vigueur des ombres,
À en juger p a r u n groupe des hypogées de Beni-Haçen qui représente deux
artistes occupés à peindre u n même panneau ou u n meuble, les Égyptiens devaient
avoir des tableaux, bien qu ’aucun d’eux ne soit parvenu jusqu’à nous. On s’aperçoit,
en effet, que ces peintres tien n en t leu r pinceau d’une main et :un godet de
l’a u tr e c e p e n d a n t., quoique le panneau soit vertical, ils ne se servent pas de
baguette pour so u ten ir la main. On sait, aussi, qu ’au dire d’Hérodote, Arnasis, qui
régnait su r l’Égypte, 570 ans avant l’ère chrétienne, envoya son portrait auxih^bitants
de Cyrène; mais on ignore si ce fable aûjjétait p e in t par u n artiste égyptien.
Du reste, tous les portraits,de pharaons ont dû être ressemblants ; car on les retrouve,
tra its pour traits, - su r des monuments fort distants les uns d e s 1 autres, e t l’on
peut, quelquefois, suivre su r ces divers édifices,'élevés à maintes années d’intervalle,.
les. progrès de l’âge chez le roi qu ?ils représentent. Tous ■ ces portraits
é taient de p ro fil: les seuls de f a c e qu ’on connaisse so^t-peints su r bois, et,'évidemment,
l’oeuvre d’artistes grecs.
Chez les anciens Égyptiens, le même mot signifie écrire et peindre. Ce double sens
témoigne assez qu ’ils ne considé ra ient la p einturé que comme.^pnè1 é critu re amplifiée’
ou un b rillan t annexe des inscriptions hiéroglyphiques. N’oublions pas que, les Grecs,
cependant déjà bien éloignés de l’origine des choses, prétendaient, également, que
la p e in tu re n ’était qu’une é critu re développée ; chez • eux aussi, écrire et peindre
s’exprimaient p a r u n seul mot.
D’u n .a u tr e côté, on voit que toutes les peintures des peuples dits primitifs, tels
que les Chinois, le s-In d ien s, les Perses e t les Étrusques, ne së composent que d’un
contour,, tracé à l’encre su r une face lisse, ou b u rin é • su r d a p ie r r e ;’ à Ta façon
d’un bas-relief dans lequel on appliquait des couleurs monochromes, sans s’attacher
à donner aux objets, ni leurs teintes naturelles, ni lé jeu d’ombre, de lumière et de
reflets qui ré su lten t de leu r saillie, non plus que l’air, l’espace et la perspective
qu’ils exigent) ; il n ’y a donc pas lieu de s’étonner que les Égyptiens n ’a ient
fait aussi que colorier des dessins élémentaires* /
La pe inture égyptienne n ’est, en effet, qu’uneoenluminure sans ombres ni lumières,
et qui ten a it moins de la pe in tu re , comme nous la comprenons, que du décor. Tous
leurs tableaux é taient faits par teintes plates monochromes, étendues en tre des tra its
rigoureusement accusés, comme celui qui cerne les figures des vases grecs. Les
a rtistes égytiens ne se dép artiren t jamais de ce système primordial et ne l’améliorè
re n t à aucune époque, soit p a r le mélange des couleurs, soit p a r quelques légères
ombres ; u n un mot , ils n ’y firent jamais de1 progrès depuis les temps lès plus
reculés (c’est-à-dire l’âge des pyramides), ju sq u ’à la décadence de la longue monarchie
des pharaons.
11 • e s t ; facile de s’en assurer par le tombeau du plus ancien architecte que
nous connaissions, celui d ’Eimaï, constructeur de la grande pyramide, entiè rem ent
p e in t à l ’inté rieu r, ainsi que p a r plusieurs tombeaux: de la même époque situés
dans la nécropole de Memphis, aussi bien que par les autres beaux spécimens de
la pe inture de d ’ancien empire qui se trouvent su r les parois des hypogées de Ber-
cheh e t de Beni-Haçen ; .et, en les comparant; d e -re co n n aître qu ’aucunes des peintures,
qu’on admiré’ dans les tombeaux du nouvel empire, ne. le u r sont supérieures,
et q u e pm a lg ré l’adoption de quelques co u leu rs, peut-être plus b rillan te s , le faire
artistique est bien resté constamment le même, c’£st?à-dire figurant une sorte de
coloriage fait par teintes plates, comprises ,èntre des lignes de dessin ra rem en t irré prochables;
mais souvent belles, néanmoins, de grâce e t d e hardiesse.
P E IN T U R E MURALE:
Le technique et l’effet de la pe inture murale égyptienne ne peuvent guère se comparer,
parmi les objets qui nous sont bien connus, qu ’à nos cartes à jo u e r; à cette
différence près, cependant, que les oeuvres égyptiennes offrent beaucoup plus de style
et de caractère dans l ’ensemble, en même temps que beaucoup plus de fini dans les
détails. Malgré cette différence, on est forcé de reconnaître, en effet, q u ’é tant presque
aussi éclatantes par les couleurs que la p e in tu re murale égyptienne, celles-ci la rappellent,
assez exactement, p a r la c rudité de leurs teintes plates et monochromes, en même
temps qu’elles paraissent être une réminiscence du fa ire conventionnel qui présidait
à- la distribution des couleurs su r les hiéroglyphes. On en peut donc, ici encore, conclure
que leurs produits, dès les premiers temps, étaient, bien réellement, des dessins