ou fantastiques), qui faisaient, probablement, le charme des- récits cynégétiques des
anciens Egyptiens, comme il fait encore le prin c ip a l in té rê t des:contes de bédouins.
Les Grecs aussi eu ren t des formes hybrides,< des monstres;, dont l’idée première
ap p artien t incontestablement ifc l'a r t Égyptien : Mais, ignorant,, p,eut-être> leu r sens
mystérieux,j ils:-apportèrent constamment dans ces représentations d’êtres doubles,
plus de goût artistique: que leurs devanciers ; et en faisant toujours prédominèr
l’espèce humaine |â n s , le mélange des deux natures, ils produisirent; l'illu sio n de:
la réalité dans le domaine de la fiction.
Les figures communes aux deux peuples . sontÿles sphinx, le minotaure, l'oiseau
àndrocéphale ou la harpie, et le griffon.
Les peuples qui sont venus; après le s Égyptiens et; les Grecs ;ont adapté ces formes
hybrides , sans y attacher leu r , s’e n s . symbolique ; mais u niquement , comme ides
productions artistiques remarquables, ou comme de charmants m o tifs,de décoration :
n ’en devons-noüs pas co n clu re , que les formes imaginées,par l’homme pour représenter
une idée, e t qui survivent au siècle qui les voit naître, aii culte; iau peuple, qui,:les
inventa, et qui se répandent, ensuite, chez les nations étrangères, p ortent en elles le
cachet d’u n mérite incontestable. .
Parmi ces formes, q u ’on peut .appeler dés types, il O n ;su b sis te toujours un
certain nombre que chaque peuple lègue après, lui à la masse des- idées en circulation,
dans l e /.mónde de l ’a rt ; plus u n peuple lègue dé .ces types à la postérité,
plus son génie dans les beaux-arts a d roit à l ’admiration de tous.
R E P R É S E N T A T IO N S SA T IR IQ U E S .* ~
On conserve auB ritish Muséum .et au Musée royal de Turin, parmi les débris, si
variés, de l’antique civilisation de l’Égypte, des papyrus su r lesquels les artistes du temps
vse sont amusés à tracer, sans suite et au courant du calam, des scènes grotesques et
satiriques : G es.t un tra it des moeurs et coutumes de cette civilisation qu ’il ne nous était
pas permis deJaisser. dans l ’oubli;,-nous allons en décrire quelques-unes que nous avons
reproduites.
Comme il est facile de s’en apercevoir, au premier coup d’oeil, ces représentations
ne sont pas des caricatures proprement dites j[celles-Ci exigeant toujours l’alliance de la
réalité et de la charge), mais plutôt des scènes burlesques où tous lés personnages sont
des a n im au x : Ces animaux y; sont représentés remplissant les diverses fonctions de
l’humaine espèce, à peu près dans le même esprit q u ’on les a traités depuis, pour illustre
r le s fables d’Ésope e t de la Fontaine, ou.là. B atrachomyomachie d’Homère.
Le .registre su p érieu r (voir notre ;plànche : Papyrus satiriques) appartient à .un
fragment d’un long papyrus du Musée de Turin, et offre les Scènes les plus intéressantes
de ce précieux document. Dails u n premier groupe qu a tre animaux, u n âne, un
lion, un crocodile et un singe,, forment un quatuor avec les in s trum en ts , en usage,
alors, dans les fêtés civiles. Plus loin, u n âne fanfaron, vêtu e t armé comme u n pharaon,
reçoit majestueusement les offrandes que vient de lui offrir u n chat de h a u t parage,
amené devant lo i par u n boeuf to u t fier de cet emploi. À côté, un oryx semble menacer
de sa harpe un autre chat qui est à ses genoux. Le groupe suivant, dont n est reproduit
qu’u n personnage, montre encore un chat, garrotté avec un lion et conduit par u n oryx.
Les scènes dessinées au-dessous de celles-ci, e t su r une. plus petite échelle, ne
présentent pas plus d’u n ité . C’est d’abord u n troupeau d oies en révolte contre ses con-
ducteqrs, tro is c h a ts , dont l’u n tombe sous leurs coups. Ensuite c est u n figuier-sycomore,
dans lequel est juché un hippopotame que vient déranger un épervier grimpant
sur l’a rbre au moyen d’une échelle ; c’ést encore une forteresse défendue par une armée
de chats, qui n ’ont d ’autres armes que griffes et dents, e t sont vaincus par une légion
de rats, pourvus d ’armes offensives et défensives, que commande u n chef m onté su r un
char traîné par deux levrettes;; enfin, V e st u n combat singulier, en tre u n chat et un
rat, qui ne semble pas devoir te rm in e r la guerre.
Comme on le voit, la pensée de l’artiste a été de rep ré sen te r la défaite des chats
p ar les animaux dont ils font leu r proie. Ç’est le monde renversé, ou si Io n veut supposer
à l’a rtiste une pensée plus élevée, c’est la révolte de l’opprimé contre 1 oppresseur.
Le registre in fé rieu r représente une composition du même genre tirée d’u n papyrus
du Musée b ritannique . On y remarque u n troupeau d’oies conduit par un chat, et un
troupeau de chèvres mené p a r deux loups p ortant panetière,-et houlette, dont l’un joue
de la flûte double. Puis.à l’autre extrémité; on voit u n lion faisant une pa rtie de dames
avec une antilope.
Mais une représentation satirique, d,’un e allégorie plus élevée, .nous a paru mé rite r
plus particulièrement l’attention, comme o ffrant u ne critique' sanglante du despotisme :
G’est u n chat présentant, avec une ' h umilité craintive, l’oie au moyen de laquelle il
espère pouvoir apaiser le courroux, bien certainement simulé, de la lionne sa farouche
souveraine (voir le bois de la page 144).
Dans son Histoire de la caricature çintiqu$, M; Ghampfleury cite l’opinion d’u n égyptologue
qui voit dans les principales scènes satiriques, que nous venons de décrire, des
caricatures ou la religion e t la royauté/sont également'tournées en dérision.
Rien, à notre sens, n ’y caractérise des tableaux religieux : Si l ’âne auquel on amène
un chat est la parodie probable d’un pharaon auquel on amène des captifs, il ne parodie