Les temples se distinguèrent, aussitôt, par l’ostentation d’un travail long et
fastueux, comme p a r des ornements ou des détails prodigués, le pïûs souvent, sans
discernement e t dans l’ignorance de l’effet à produire : e t ce ne fu t qu’après tous ces
écarts, que le vrai goût commençant à Se former on a p p rit à ré u n ir la solidité à la
convenance èt à 1A|a symétrie ; trois mots qui comprennent e t résument tout l’a rt
architectural.
On sait que de to u t temps les souverains se c roient les émules des dieux : aussi,
lorsque les dieux eu ren t une vaste e t belle demeure, les souverains agrandirent-ils èt
embellirent-ils leurs habitations et leurs vastes in té rieu rs : puis les grands se m iren t
à im ite r le u r souverain, et le peuple p rit bientôt modèle su r eux : cela fit, que lorsque
le goût dans les constructions des temples se fut épuré, l’architecture domestique
devint aussi meilleure, "et que' la sculpture et la pe inture suivirent, dans un
degré correspondant, les progrès de l’â rt qui leu r avait donné naissance^
Telle est sommairement, Selon nous, la marche des arts chez chaque peuple
en pa rticu lie r ; mais en envisageant leu r histoire d’un point de vue plus général,
on s’aperçoit que les premiers essais, ceux qui mé riten t le nom de travaux d’art,'
nous présentent p a rtout les lourdes constructions,' comme sont les murs cyclo-
péens qu ’on remarque en Grèce et en Italie, et qu ’à ces formes irrégulières succèdent
toujours bientôt toutes les combinaisons de lignes droites.
Cependant chaque architecture à dès beautés et des défauts particuliers, parce
que chaque peuple a son goût propre, ses proportions, ses formes ou ses systèmes
à lui : il est donc normal de les voir différer sous l’influence du climat, des moeurs,
des usages, des idées religieuses, dé la forme du gouvernement, comme de la ra re té
ou de l’abondance de c eïtain s matériaux; quoique le même b u t ait toujours guidé
chaque arch ite ctu re, c’est-à-dire la solidité, la convenance et la régularité.
Tout porte à croire que ra rc h ité c tù re des constructions égyptiennes obéissait
à des règles hiératiques, profondément calculées, su rto u t pour les édifices élevés, soit
en l’h onneur des dieux mythiques, soit à la mémoire des demi-dieux, soit même pour
le eulte des ancêtres; cependant il n ’a pas encore été donné de le constater par
aucune preuve historique : Aussi', ju sq u ’au jo u r de la découverte de ces règles, qui
ont dû présider et commander à toute l’oeuvre deà architectes égyptiens, mais que
le déchiffrement des papyrus et des légendes hiéroglyphiques ne peut ta rd e r à faire
connaître, (parce qu ’il est impossible q u ’on n ’a it pas e u soin d’assurer le u r tran s mission
alors q u ’on l’a fait pour les moindres usages religieux) persisterons-nous à
croire qu ’à l’exception de trois ’ ou quatre temples, qui o n t, incontestablement,
été bâtis d’un seul je t, les grands édifices religieux de l’ancienne Égypte n ’ont, pas
'^ ¿ é le v é s , sous l’| | p i r a t i o | | d ’une même pensée;;#! qu’ils, ont .été,, au. contraire,
l’oeuvre de.générations successives. • . . ; ........ . . ..... >.e; v»,-
Quoi q u ’il en soit, parce, qu’il a été-admis dans les tem p s , que. la plupart
desv temples égyptiens, fu r e n t b â tis -su r le plan de celui d’Héliopolis, nous,allons en
donner la d e s ç rip tio nSm m a ire , telle que nous,l’ont transmise les anciens-historiens :
f | | § A Feutrée du temple; on re n co n tra it d’abord un grand carré .long, d e -la largeur
d%nvir,n deu* ¡Snts p i e # ; sü r une longueur d )g|e jpt à h u it cents ; c’est dans
c e ttèV r c e de cour d’h onneur que se ^oyaient accroupis su r deux rangs, éloignes
éeulemei||&ntre eux d S s u ro n vingt pieds de d is iq u i^ des sphîpx . d une -
proportionnée à son étendue. ¡>
« Ces sphinx, régnaient dans toute la longueur du carré long; et,.,J’espace vide,
qu'ils laissaient en tre eux, é ta it rempli, d’obélisques,et de colonnes qui se. succédaient
alternativement ju sq u ’à l’entrée ,§ u temple ; dop^u-ne, telle entrée ne pouvait
m a n q u e r de donner un e grande id é e .'» ! *'}»■*;& ,'iV i < 1
P l Après avoir traversé la cgpr d’honneur, on arrivait à un grand vestibule,
soutenu par d’immenses colonnes de marbre de différentes espèces, qui s’élevait A, ,
plus de dix pieds au-dessus d’e ll® é i:,v e s tib u le en précédait u n au tre phispélevé et
plus, vaste .encore, qui conduisait à la nef du temple,-élevée elle-même de quelques
pieds au-dessus des vestibules; cette nef, fort iongue e t fort vaste, é ta it ornée de colonnes
de marbre et de porphyre d’une h au teu r p r o d i g i e ^ | s u r lesquelles-s’appuyait
u n immense plafond horizontal, formé de blocs énormes e t,.p o l i s ,ï t^ l ’or, l’azur et
le s peintures,se m a ria ien t en produisant u n effet merveilleux. | | p j
K Puis de cette nef,„;pn en tra it de plain-pied dans l ’in té rie u r du san c tu a ire :
celui-ci formait comme u n immense dénie soutenu par une: multitude de colonnades,
au centre desquelles se trouvait l’autel ’de la divinité, que surmonta it un
miroir gigantesque, p l a i d e façon à ce qu’il pht r é S h i r les rayons de soleil et
illuminer to u t le sanctuaire e t toute la nef. »
Quelque Incomplète q u e soit cette description, il est .facile d’y reconnaître les
différentes p a rtie s des édifices religieux égyptiens qui ont reçu les noms d ’adytum,
..de,naos, d ep ro n ao s,.d e portiques, de propylon, dé -AJonnades e t de dromos.
La plus g ran d e pa rtie des . temples de l ’Égypte est regardée’ comme ayant été
entreprise par les collèges de prêtres plutôt que par les pharaons, parce que
comme iiçiis l’avons d it plus, h au t, ces édifices, à l’exception du Ramesseum et du
temple de Medineh-Thabou, semblent avoir été construits successivement e t par
p a rtie s ; ce qui excuseraiJîÇertains défauts de symétrie dus à des vices de constructio
n inévitables,..S’il est vrai, comme on l’a prétendu, que les prêtres, à mesure