Moïse e t les enfants d ’Israël, c h antèrent le cantique de l’Éternel, et d ire n t : je chante
à l’Éternel, car il a glorieusement triomphé le coursier e t le cavalier, il les a précipités
dans la mer ! »
« Or Moïse, d itP h ilo n d’Alexandrie, avait été in s tru it dans toutes les sciences par
les savants Egyptiens ; il apprit d’eux les nombres, la géométrie, la science des pieds,
des modes, dés vers ; enfin toute la, musique. »
On sait, d ’au tre part, que c’est Moïse qui composa la musique du chant (d’actions de
grâce) dont nous venons de parler, par lequel il a célébré le passage de la mer Rouge;
n ’est-il pas d it à ce sujet : Moïse le chanta e t les Israélites le ch antèrent avec lui?
Pourquoi faut-il, qu ’en présence de l’immense in té rê t qui se serait attaché aux
résultats acquis, les notions qui ont été la conséquence des remarquables travaux des
Villoteau, des de la Fage et des Fétis, soient encore trop incertaines et trop hypothétiques;
et q u ’il soit p.ermis seulement d ’énum é re r,'en quelques mots, ce qui a tra it à Fart
musical chez les anciens Égyptiens, d’une façon sinon complète, du moins incontesta
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Cependant, quoique d ’une mince importance, eu égard à l’in té rê t que comporte le
sujet, le ré sulta t des recherches nous met à même de démontrer qu ’on ne pourra plus,
dorénavant, feindre d ’ignorer que la musique a it été une pa rtie essentielle et intégrante
du culte égyptien (et cela dès la plus haute antiquité), et qu’elle faisait partie de la plupart,
sinon de toutes les manifestations de ce culte.
C’est pourquoi nous commencerons par rappeler que les historiens s’accordent à
reconnaître, généralement, le fait suivant re la tif à la présence du peuple aux sacrifices
et aux cérémonies religieuses : on l’y convoquait soit avec l’in strum en t appelé knoué,
l’un des plus anciens, s’il n ’est pas le premier, soit par le son des flûtes de Lotos qui
é taient appelées flûtes sacrées; soit, enfin, au moyen d ’un in strum en t én forme de
corne qu ’on n ’a pas*encore pu p ré c ise r: 11 y a p lu s ; les prêtres, portant les emblèmes
sacrés, y marchaient au son de. la flûte.
Les monuments nous font aussi connaître que les battements de mains'servaient à
marquer le rhythme, dans la musique sacrée,-aussi bien que dans la musique de tout
au tre genre : en outre, les prêtres au ra ien t adopté l ’usage d’une sorte de formule m usicale,
consacrée ou psalmodiée. Ils l ’employaient surtout lorsqu’ils avaient à entonner
publiquement les louanges de leurs dieux.
Il est encore raisonnable de penser que, pour l ’exécution de la musique religieuse,
les prêtres attachaient à le u r personne des artistes destinés à rem p lir uniquement ces
fonctions intégrantes du cu lte ; e t que chaque temple avait son corps de musique particulière.
Ce qui nous permet de le supposer, ce sont les inscriptions hiéroglyphiques re tro u vées
dans des tombeaux, où certains personnages sont désignés, expressément, sous le
titre de : chantres de telle ou telle divinité. Mais ne p ourrait-on pas plutôt simplement en
conclure, que c’était un e profession u n ie au sacerdoce, e t que tous les prêtres é taient
tenus, pour y être aptes, de cultiver la musique e t d ’en remplir, ordinairement, les
fonctions, peut-être alternativement?
Enfin, d’aprè.s Jean-Jacques, le chant le plus ancien devrait son origine à la nation
égyptienne : Il affirme que le chant, si connu sous le nom de Linos, é ta it destiné.aux
occasions funèbres et tristes, e t qu ’on l’appelait chez les Égyptiens, Manetos, du nom
d’un de leurs princes.
Résumons ce qui précède : on peut donc en inférer, aujourd’h u i, sans crainte de
démenti : 4° que les Égyptiens, à l’époque pharaonique, employaient déjà dans les cérémonies
de leu r culte la musique vocale et in s trum en ta le ; 2° q u ’on exécutait dans les
temples une vocalisation et des battements de mains, comme accompagnement de l f
musique ou des mélopées chantées p a r le p rê tre , ou dès alternations de la musique et
des mélopées ; et 5° que les artistes employés dans les cérémonies du culte é taient des
musiciens particuliers de l’ordre des prêtres, ou affiliés à cet ordre.
Mais ce n ’était pas seulement l a u s les cérémonies du culte qu’on é ta it accoutumé,
chez les anciens Égyptiens, à u n usage, plus ou moins exigé, de la musique. Nous la trouvons
mentionnée aux pompes de l’inhumation des ro is ; il est d it qu’à leu r mort, les
habitants- des villes, hommes et femmes, se groupant a u nombre de deux ou trois
cents, parcouraient les chemins deux fois le jour, pour vanter les ve rtu s du souverain
décédé et chanter des hymnes en son honneur, au son de tous les instrum ents. Cet
usagé, qui s’observait presque dans les m êmes formes à la m ort d’u n personnage u n peu
considérable, se s erait même étendu jusqu’aux classes inférieures du peuple.
Les prêtres é taient les seuls que l’on ne pleurât p a s; aussi toutes pratiques exté-,
rieures étaient-elles sévèrement interdites à leu r m o rt; c’est que les Égyptiens pensaient
que les prêtres, consacrés dès l’enfance à la divinité,' ne pouvaient q u itte r la
terre que pour passer, immédiatement, aux récompenses d’u n e vie meilleure.
En outre, parmi les personnes attachées au service des rois, il y e u t évidemment,
ainsi que le prouvent de nombreuses inscriptions funéraires, cette sorte de fonctionnaires
; ce qui annoncerait que les Pharaons avaient une musique de palais, sans doute
pour des cérémonies particulières, ou pour les divertissements journa lie rs de la cour.
Pendant les repas, après les p rières prescrites, il était o rdina irement admis qu’il
était bon de'les égayer au moyen de la musique ou de la danse. À cet effet, l ’on se servait
ordinairement des h arpes, des doubles flûtes et des tambourins ; mais la danse était