tiens, les scarabées étaient tous mâles; c’est pourquoi ils en avaient fait le symbole de la génération
paternelle, et, dans un sens mystique, de la génération divine ; et c’est aussi pourquoi ils
1 appliquèrent, également, à la procréation de la matière et du monde, ainsi qu’à la renaissance
du genre humain pour une vie éternelle. C’est de là, qu’aux époques ptolémaïques et romaines,
le scarabée est devenu le symbole du monde.
O r n e m e n t a t i o n d e s p l a f o n d s ; p o s t e s f l e u r o n n é e s . Nécropole de Thèbes.
— xvin0 e t xix° d yn a sties.
Cette planche contient neuf spécimens d’ornements qui découlent tous du même principe,
celui de lignes ondoyantes formées par des cordes s’enroulant en volutes ou se déroulant en
spirales, espèces de postes qui se croisent ou se contrarient et renferment dans les espaces qu’elles
limitent des lotus, des rosaces, des fleurons ou de simples carrés. C’est toujours la' même idée
qui domine, mais variée à l’infini. Sans se départir des types traditionnels, l’ornementation a
suivi les progrès de l’architecture, très-simple au1 début de l’art, elle atteint, de la xvm* dynastie
à la xxr, la plus haute perfection à laquelle le génie égyptien pouvait l’élever dans la voie
qu’il s’était tracée dès le début.
Les noa 1, 2, 3 présentent la même combinaison variée, seulement par quelques détails de
formes ou de couleurs. Le n° 3 provient d’un bel hypogée d’Aïchési, qui est, incontestablement
l’oeuvre d’un artiste d’une fécondité et d’un goût admirables. Les deux autres décorent un tombeau
moins important situé dans le voisinage.
Le n° à, tiré de l’hypogée de Nofrehôtep, et le n° 6 offrent, exactement, la même disposition.
Le n° 5 provient aussi de ce tombeau d’Aïchesi qui recèle, tant au plafond proprement dit
que sous les architraves, d’innombrables motifs différents.
Le n° 8 provient d’une hypogée qui n’a guère conservé que cette partie de sa décoration.
Enfin les n°* 7 et 9 forment les deux compartiments contigus du plafond d’un petit tombeau
situé près du temple d’Hathor, dans la vallée d’El-Assacif. On trouve un ornement à peu près
semblable peint sur la voûte surbaissée du tombeau de Petamoûnoph situé dans la même
vallée.
O r n e m e n t a t i o n d e s p l a f o n d s ; p o s t e s e t f l e u r s . — Nécropole d e Thèbes.
— xvin0 à xx8 d yn a stie s .
La majeure partie des spécimens réunis sur cette planche, sortent un peu des formes
généralement usitées parce que les fleurs y jouent le principal rôle.
Les n0’ 1, 2, à, 5 sont tirés du tombeau d’Aïchesi, grand prêtre chargé de l’autel et des
écritures du temple d’Amou, sous Ramsès IX, pharaon de la xx8 dynastie. Les n°* 1 et A décorent
le plafond proprement dit; d’autres, comme les n8* 2 et 5, ornent le dessous des architraves,
particularité que l’on ne rencontre guère que dans ce tombeau; car partout ailleurs,
la face inférieure des architraves est monochrome ou décorée de légendes hiéroglyphiques.
Le n° 3 provient de l’hypogée de Nofrehôtep.
Le,n’>' .6 est une variante de l'ornement n" â et sé trouve dans le même tombeau que le n" 8.
On aeeident ayant enlevé un coin du calqué, je ne puis préciser leur provenance.
-Les n01 7 et 9 offrent deux charmants spécimens de la décoration des petits plafonds des
fenêtres du gynécée de Ramsès III. On-ne voit plus sur le champ, malheureusement, qu’un ton
grisâtre foncé t mais je crois qu’il a dû être indigo. Quant au dernier spécimen, il a, sans doute,
servi de modèle à l’un des plafonds exécutés â Memphis sous le règne des Saïtes, dans le tom-
beau de Bekenramef.
O r n e m e n t a t i o n d e s p l a f o n d s ; b u c r â n e s E - Nécropole de Thèbes. — xviu° et x x * d yn a s tie s ,
Ces deux plafonds, composés d’enroulements, de fleurs de lotus et de têtes décharnées de
boeuf couronnées d’une patère ou d’une rosace, ont un air étonnant d’antiquité classique; ne les
croirait-on pas sortis d’un vase grec ou d’un édifice dePompeï? Cependant, ils sont peints sur
les plafonds de tombeaux qui datent des xvin8 et xx° dynasties, c’est-à-dire des beaux temps de
l’art égyptien.
Le n° \ provient du tombeau d’un haut fonctionnaire nommé Nofréhotep, qui vivait sous Horus,
et fit creuser sa dernière demeure à l’occident de Ramesseum.
Le n° 2 se trouve dans l’hypogée d’Aïchesi, grand prêtre chargé par Ramsès de l’autel et du
temple d’Amon, à Thèbes.
Les bucrânes ne servaient jamais, en Égypte, à l’ornementation des temples-; on ne les rencontre
qu’employés à la décoration des tombeaux; et bien qu’on ait trouvé, une ou deux fois,
des bucrânes peints sur des vases que portent des tributaires asiatiques, je ne crois pas que cet
ornement eût pour cela une origine étrangère. Ils ne commencent à figurer sur les monuments
égyptiens qu’à partir de la xvm° dynastie, pour disparaître, sans retour, avec les monuments
de la xx8.
On voit encore dans d’autres hypogées, nombre de ces plafonds, mais ils sont agencés avec
moins de goût.
Malgré tout ce que l’original d’un pareil symbole a de hideux et de repoussant dans la
nature, l’emploi de ces têtes de victimes, comme décoration, était tellement approprié aux tombeaux
où se faisaient toujours des sacrifices expiatoires, qu’il s’est perpétué chez différents
peuples de l’antiquité. Les bucrânes se retrouvent sur quelques monuments grecs st sur un
nombre infini de monuments de l’époque romaine, employés à décorer des frises et d autres
parties d’édifices. 11 suffira de citer le temple de la fortune virile, le tombeau de Cecilia Metella,
à Rome; l’autel de Corà, etc. ,. .
Les deux plafonds qui forment cette planche, tirent leur intérêt tout particulier d’un passage
d’Hérodote; celui-ci 'rapporte que, dans les sacrifices, la tête des animaux était chargée d imprécations.
Aucun Égyptien ne voulait en manger, et les prêtres la jetaient dans le fleuve s ils
n’avaient à leur portée quelque marché où ils puissent la vendre à des marchands grecs qui ne
partageaient pas le même scrupule. Hérodote s’est trompé; puisque, bien loin d avoir un pareil
dédain pour les têtes des animaux, nous les voyons exposées sur les tables d offrandes les plus
somptueuses ; ainsi on en remarque deux parmi les victuailles offertes par Ramsès YII à la bari
d’ÀmOn, dans le bel hypogée d’où est tiré le plafond n° 2: et cet usage parait avoir été en
vigueur à toutes les époques, même au temps d’Hérodote. N’est-il pas curieux de voir une planche
d’ornements réfuter un passage du père de l’histoire ?