Le mémoire que fit paraître Champollion simplifiait la question à ce point, qpfon
pouvait prévoir que la découverte était- réalisée. AuSsjf-Sylvestre de Sacy -nè tarit-il
pas en éloges su r ce beau travail : Mais ce qui donna à Champolliqn Un immense
avantage, c’est qu ’il était parvenu à écrire les liiéroglyplié.s avec une.grafficfe facilité,
e t q u i l le s avait pour ainsi dire-gravés d a n s-là mémoire.
Enfin u n hasard heureux vint ajouter u n document nou-vsêau à la pierre dp
Rosette. En 1816, Bankès, voyageur anglais, avait fait déblayer l’obélisque de Philæ,
su r le socle duquel se trouvait une inscription grecque qui é ta it la copie d’une inscription
hiéroglyphique contenant une pétition adressée au roi par les prêtres d’Isis S
Philæ. En lS ü i, ce monument a été transporté en Angleterre; mais Cailliaud avait,
à Philæ même, copié l ’inscription, et la donna ci -Letronne, qui sut en tir e r parti ; car
il prouva que cette inscription avait un rapport étroit avec celle qui était gravée .en
caractères hiéroglyphiques sur le fût de l’obélisque. Bankès Se trouva ainsi forcé
de donner le jo u r à ces deux inscriptions, et il en envoya des copies à l’In s titu t :
Grâce à elles, Champollion fut mis à même de-vérifier ses hypothèses su r la valeur
phonétique de c ertains signes du cartouche de Ptolémée, ce qui confirma pleine-;;
men t ses premières vues; tandis que "Young,? q u i-av a it eu sous lès y e u x J fn s c rip -
tioti de ïio b é lisq u e.¿ ¡l’avait rien pu en tirer.
Partant, d ’abord, de la comparaison du groupe hiéroglyphique de l’inscription de
Rosette, qui correspond à Ptolémée, avec celui qui, sur l’obélisque de Philæ, correspond
à Cléopâtre, Champollion fu t -conduit à reconnaître l’identité des deux signes ; Mais
l ’une des valeurs p é t a n t p ÿ f représentée p a r u n signfeunique dans les deux inscriptio
n s , il dut en outre conclure que les Égyptiens avaient des signes différents (pour
représenter une même le ttre ; il les appela homophones,-et cette conjecture fu t bientôt
vérifiée et surabondamment démontrée p a f ;les monuments. Cherchant ensuite à
se ren d re compte du choix de tel. ou tel signe pour représenter tel ou tel son, il reconn
u t que la langue parlée avait joué u n grand rôle. Il se demanda par exemple pourquoi
le A était représenté par u n lion, plutôt que par tout autre signe? ¡¡¡j'aperçut que
Labo, mot copte qui signifie lion, commencé par L; il en fut de même pour Moulâdj
qui signifie chouette, e t commence p a r M ;; le signe phonétique -eorrespondank-à l’articulation
M se trouva représenter la chouette : en un mot chacun des signes phonétiques
est la figure d’u n objet dont le nom-dans la langue parlée commence par la
le ttre ;ài laquelle ce signe est affecté : Cependant les objets dont le nom commencé
par une le ttre désignée ne sont pas tous propres à représenter graphiquement, cette
le ttre ; car il en serait résulté trop de confusion ; on s’est servi seulement de ceux de
ces objets qui sont les plus connus, les plus vulgaires, et dont la forme était le plus
sûrementl^dterminée et pouvait ê tre le p lu s ^ a e ilem e n t transcrite . La langue parlée
joue donc un g r a n t lÉ e d a n # l’é» itu reM éro g ly p h iq ü è-.; 1
Enfin l’analyse des-noms de Ptolémée e t de. Cléopâtre m it aussi Champollion en
possession de plusieurs autres signés phonétiques-;- et l’application de ces signes- à de
nouveaux c a r to u à e s J p i en fit dé couvrirIjnnore u n c d ta u » nombrftsde- sorte q f e l’alphabet
entier futibieiftôt découvert,, car p a rtout ou se&tïouvele cartgmche dé P tolémée
on lit les-mêmes signes qhe d aM l’inscription de Rosette ; il en est de même de celui
de Cléopâtre.
Dne fois en possession de son précieux alphabet, ChampollioUse m it «R ap p liq u er
aux noms dès, empereurs romainsr-ahK noms m ® e |’ des rois du pays, e t c’est: dans ce
travail dV-xlensioh’, ou pour mieux dire de perfectionnement, q u ’il montra une sagacité
merveilleuse. Les résultats qu’il obtenait é taient en général parfaitement d’accord avec
ceux qui se déduisaient de l’;h-istoire ou des inscriptions grecques. C’est ainsi q u ’après
avoir déchiffré le nom de Tibère sur u n monument, qu’il pensait avoir été-élevé par les
ordres ou s | S | règne de cet empereur, il retrouvait, sur une momie de- cette époque,
le même nom que l’inscription grecque||SI;ava-it indiqué.
C’eçt aussi la comparaison des divers monuments qui lui fit: connaître les titrés
honorifiques I l s L a g id eS ^ c om m e p e r, Philadelphe, PhWfepator, P h ilo jé to r , e tc ) , qui
s e r v a ie n || les d is tin g ie r .les u n s defautres.,: Champollion J jr e c o n n w t bien vite leurs
équivalents graphiques, en comparant des monuments bilingues.
Dans un temple de Thèbes, que Hugot e t Gau avaient élasséi d an g 'a , catégorie des
monuments récents et appartenant à l’époque- ptplémaïque, il existe un e porte in té rieure
garnie de bas-reliefs-très-curieux. On y voit une grande figure et u n cartouche
qui est celui de Ptolémée Évcrgèle H. Ce roi. s’y trouve en face de quatre figures
d’hommes, au-dessous d lsfu e lle s sont quatre c a r to i^B s i; p u -ip ien n e n t quatre figures
de femmes, accompagnées également de quatre cartouches : Ce bas-relief représente
Évergète II adorant son père, le père de son père, et le père de ce d e rn ie r. On avait
donc dans pé tableau l’oecagîOn de trouver tes noms distinctifs des quatre premiers
rois de la dynastie des I.agides : Sôter, Philadelphe, Évergète, Philopator, en-même
temps que eeux dèç quatre premières r e in e s - .
D’un autre côté, le nom et le cartouche hiéroglyphique do Cléopâtre, femme d’Éver-
, gète II, se trouvent sur 1e propylon d’u n temple d’Apollonopolis parva : Or, comme on
È savait que cette Cléopâtre régna pendant plus de tren te ans sous lès noms de ses deux
, fils, Sôter et Alexandre, on s’aperçut alors aisément que l’on avait trouvé des cartouches
I identiques à ceux du temple de Thoth à Thèbes, et qui ont rapport aux premières
I Cléopâtres et au premier Sôter. Enfin, de Ce:qu’ailleurs on rencontre encore le car