corps pour l’o rn e r, soit des combinaisons ornementales dues à l’assemblage de morceaux
de diverses nuances p our former u n tableau qui parle aux yeux. •
Mais, avant de p a rle r de l’état d ’avancement où était parvenu l’a rt d’éniailler et de
.peindre su r verre chez les anciens Égyptiens, nous rappellerons que nous avons déjà, à
propos d e l à Toreutique et de la Statuaire, traité'assez longuement des incrustations
que les règles hiératiques exigeaient de là scu lp tu re . A cet égard, on peut s’en convaincre
p a r la statue du Louvre qui représèhitë i u n grammâté: elle est coloriée en
rouge, ses yeux sont formés d’une enveloppe de bronze dans laquelle sont incrustées
des parties de quartz blanc opaqtiè e t de cristal de roche. On prétend même que, pour
augmenter l’illusion, par u n précédé ingénieux, l’artiste a donné plus particulièrement
la vie à l’oeil, qui semble, en effet, vous fixer, à quelque point que vous vous placiez
pour adm ire r son oeuvre. Ce procédé, c’est l’introduction dans la cavité de l’oeil, dont
u n morceau d’ivoire cerclé de-bronze1 s im u la it’ le blanc, d’une prunelle è n cristal de
roche, garnie au centre d’un clou d?argent. Cette combinaison ingénieuse', qui indique,
de grandes connaissances optiques etv chirurgicales, produisait un effet d’une réalité
saisissante.
C’est bien là ce q u ’on désigne de nos jours, par le mot incrustation ; c’est-à-dire
l'enchâssement, à la surface d’un corps, d’une ou de plusieurs autres matières, afin
de l’orner ; ou bien encore une sorte d’ouvrage composé de pièces de rapport en bois
de différentes couleurs ayant p our b u t de représenter diverses sortes de figures ou de
dessins. On sait que ce d e rn ie r genre d’ornementation appliquée a pris aussi le nom
de m a rq u e te rie ; il é ta it donc également connu; dès la plus haute antiquité, des
a rtistes égyptiens.
On donne généralement le nom d’émaux à des matières, blanches ou diversement
colorées, qui sont destinées, soit à recouvrir les divers p roduits de l’a rt céramique, soit
à être appliquées, en m anière d ’ornements, su r les métaux. Voyons ma in ten an t quelle
é ta it, p a r rapport à ces définitions, le degré de puissance où il est admis qu’é ta ili
parvenu le savoir des anciens Égyptiens ?
n Si l’on parcourt attentivement les galeries du musée de Boulâk, 011 reconnaît que
les anciens Égyptiens savaient colorer le verre sur toute son épaisseur; qu’ils faisaient
d’admirables imitations de l’améthyste et des autres pierres précieuses, et qu’ils Surent
employer l’oxyde de cuivre pour la fausse émeraude, l’oxyde'de cobalt ou le cuivre calciné
pour le saphir, et l’oxyde d’or pour donner aux imitations de rubis la belle teinte
pourpre si célèbre dans l’antiquité.
Il y a donc lieu de supposer q u ’aussitôt q u ’une heureuse découverte eu t enseigné
aux a rtistes du p rem ie r empire pharaonique l’a rt de fondre et de mélanger les divers
éléments consti tutifs de la vitrification, e t que l ’expérience les eu t mis à m ême de faire
usage des nombreuses applications dont la matière vitreuse est susoeptible, ils s’ingén
iè ren t to u t d ’abord à ch erch e r s’il serait possible de la c o lo rie r; et cela simplement
parce q uedout d émontre qu’ils.connurent de bonne h eure les divers oxydes métalliques.
Car ce dût être en essayant successivement les1 oxydes que la na tu re te n a it à
leu r discrétion, parce que le u r,, sol leu r en fournissait la cause en abondance,
qu’ils re connurent que le cuivre, suivant q u ’il est: ¡plus ou moins oxydé, p roduit trois
couleurs : le rouge * le bleu e t le v e rt; que l’argent p roduit le jau n e ,-e t l’or la couleur
pourpre ; d’où il est facile de conclure que, dès ce temps, sans aucun effort, les Égyptiens
ont dû avoir à leu r disposition les émaux rouge, bleu, vert ç t ja u n e ; et de ce que,
dans la préparation des émaux, ils ont dû essayer tous les oxydes métalliques d’eux
connus-, sans en excepter u n seul, il est probable qu’ils trouvèrent l’émail blanc, prod
u it par l’étain ; car il est impossible de douter que des Égyptiens a ient connu l ’étain.
. On sait que, de doute,.antiquité, il a été reconnu, que la science hermétique-fut
l’apanage exclusif du sacerdoce égyp tien ; il : est donc indubitable qu ’au rétablissement
de l’empire pharaonique, après l’expulsion des Pasteurs, e t en raison des conquêtes
innombrables qui le suivirent, le sacerdoce égyptien sût profiter du nouvel élément de
connaissances que devait lu i valoir la mise à sa disposition des substances métalliques
étrangères , au sol: de l’Égypte, e t qu ’il su t porter, dès lors, ju sq u ’à son apogée», son
avancement scientifique en ce genre de travaux.
Aussi ne doit-on pas être étonné si nous sommes forcés de reconnaître que les
artistes qui travaillaient aux verreries de la grande Diospolis, comme plus tard ceux qui
rendirent si célèbres celles d’Alexandrie, paraissent avoir eu des procédés secrets pour
contrefaire toutes les pierres précieuses, et même les fameux vases murrhins ; puisqu’il
est incontestable (et il n’existe sur Ce point que des affirmations unanimes), qu’aucun
peuple de l’antiquité n’atteignit leur supériorité en ce genre, et ne put rivaliser avec
eux dans le travail du verre : ils poussaient la perfection .artistique de ces travaux
jusqu’à élever des colonnes entières de verre coloré, aussi bien que des cippes.
A propos de ces produits remarquables, il ne faut pas mettre en oubli qu ’ils sont
les inventeurs des célèbres coupes de verre qui po rta ie n t le nom d ’alassontcs, co'upes
qu’on sait avoir représenté des figures dont les couleurs changeaient suivant l’aspect
sous lequel on les regardait ; c’est-à-dire à peu près comme pour ce qui arrive dans
la teinte changeante qu ’on nomme vulgairement gorge de pigeon.
Mais parce qu ’ils savaient couler des statues en verre noir, parce que leu r habileté,
portée à u n aussi h a u t degré dans la fabrication des autres statues de v erre coloré, était
réellement surprenante, sommes-nous tenus de leu r recohnaîtrè l’invention des vrais