En comparant les monuments les plus anciens de la vallée du Nil (c’est-à-dire Jp|
pyramides e t les tombeaux hypogéens), on remarque, dans les premières, l’absence
presque complète d ’une ornementation quelconque, (la forme pyramidale propre à la
b riq u e n ’a y a n j^ té que simplement transposée e t imitée dans la pyramide en pierre):
tandis q u ’on s’aperçoit que les. tombeaux, au contra ire , sont remplis d’ornementations,
qui, p our la plupart, dérivent de l’architecture en b o is ; et seulement dans un e toute
petite proportion, de l’architecture en p ie rre : ainsi les constructions en bois aura ient
donné naissance aux pilastres e t aux ra in u re s qui divisent la façade en petits compartiments,
et l’architecture en p ie rre n ’a u ra it fourni que la corniche, invariable dans les
monuments égyptiens et les murs en talus.
On retrouve encore su r quelques anciens sarcophages une imitation des anciens
édifices en bois : le plus complet est le beau sarcophage de Mycerinus. Il était divisé,
su r ses longs côtés, p a r quatre rangées, de faisceaux e t des pilastres peu saillants, en
trois compartiments : Chacun d’eux avait trois fausses portes, surmontées de deux ra n gées
de filets, qui eux-mêmes étaient, séparés p a r u n compartiment, divisé de nouveau
par des lignes perpendiculaires : Et le tout était encadré d’une b aguette, que surmontait
la corniche égyptienne. Ce sarcophage avait, dans son ensemble, la forme d ’u n Naos.
Ce genre de décoration a rchitecturale cessa vers (¡¡septième dynastie ; mais r e p a ru t
à l’époque de la renaissance sous les Saïtes. On voit encore à Thèbes, dans la vallée
d’El-Assaçif, de grands mausolées (mi-creusés dans le roc, e t précédés de constructions
en briques ou en pierre) qui offrent les éléments décoratifs de l’architecture en b ois;
e t dont l’u nique pylône, dans lequel est ménagée une porte voûtée, rappelle bien la
façade trapézoïdale des anciens tombeaux.
La transposition de ces ornements, éminemment particuliers à l’architecture en
bois, constatée dans les plus anciens monuments de ÏÉgJ ?pte, prouve ju sq u ’à ,¿ ’évidence,
que cette archite cture était, bien certainement, an té rieu re à l’archite cture en
pierre. Elle finit par d isparaître des grands édifices au fu r e t à mesure des progrès de
l’a rt, to u t en c ontinuant ju sq u ’à la ,fin ;.& être, en usage pour les kiosques e t les édicules
consacrés aux dieux e t aux rois : Du resté on peut la reconnaître, su r les monuments
épargnés par le temps et les hommes, dans le rapide avancement de l’archite cture en
p ierre, à p a rtir de son début dans le creusement du roc, ju sq u ’à la transformation du
pilier équarri soit en colonne protodorique, soit en colonne à faisceaux, soit en pilier
hermétique. Les piliers des hypogées de Zawiet-el-Mayetin et ceux de B eni-ïïaçen établissent,
pour l ’oeil le moins exercé, le développement de cette archite cture qui ne présente
q u ’une éclipse momentanée, vers la XIIe dynastie, due à l’invasion des p asteurs.
De nos jours on voit encore dans le Delta, autour des lacs de Bourlous et de Menz
a l e A e s l^uttes de paysans et de pêcheuisC^onstriiitqs avec .des claies de roseaux ou
des branchçs'de dattiers pour opposer un e b a rriè re aux reptiles et aux insectes; là,
quand le bois iîtanqtje pour les encoignuigl, on le ÿémplace p a r des faisceaux de tiges :
Ceux-ci ont dû donner l’idée^jdes tores ou moulures rondes , des bases des colonnes,
comme il est probable, que les quelques' roseaux coupés, d’espace en espace dans la
partie supérieure, pour former une claire-voie e t donuef u n peu de lumière; ont pu
fournir le modèle des claires-voies en p ie rre q u i remplacent lesifenêtres. <•.
finir'.effjj 'fra g ile s c o n s tru c tio n s on a * /W | aucun doute, dans lÿ 'm êm e b u t,
employl. q u e lq u e fo is® ; lieu de roseaux, lesptiges dçq papyrus qui abondaient
dans la contrée : Ces papyrus iopt d û l I H B offrir d’autresifenotifs
d’ornementation à l’architecture en bois ; car elle p a ra ît en avoii
conservé le souvenir en plaçant dans les constructions deux tiges de
lotus.affrontées : Il ne serait pas impossible par cette raison, que le
faisceau de lotus en boutons fût l’origine des colonnes à faisceau
dont le fû t présente des ligatures ou liens, figurés p a r cinq bandes
dont les extrémités retombent dans les intervalles des tiges ; et que
les détails de la fleur, le fussent de ceux de l’apôphyge : Cette imitation
s’éten d ra it jusqu’aux- angles que forment les tiges du papyrus,
alors que ces tiges se courbent sous u n e pression des parties superposées
qui fait naître dans le fut une sorte de galbe.
On peut en suivre les phases sur les piliers de Zawiet-el-Mayetin
-{surmontés de triglyphes ; su r les colonnes à faisceau des Teï e t d #
Beni-IIaçen; sur les temples de Thèbes; et jusque su r les colonnettes
à faisceau (qui o rn en t la salle du jugement ; dans les papyrus funéraires),
dont la frise présente de véritables triglyphes (comme ceux
des Grecs et dans le même goût d’ornementation), séparés par des
ouvertures carrées, correspondantes aux métopes, e t ayant, comme
celles des anciens temples Grecs, la fonction de fenêtres ; avec cette différence,
que l’entablement ne s’y compose que de la frise e t de la corniche.
On s a it que la corniche égyptienné, se compose d u n e baguette en boudin, puis
d’une grande gorge e t d’u n filet rectiligne qui la limite en h a u t: ce ne sont pas
les courbes de. ses deux membres infé rieurs qui la font naître, comme on 1 a avancé
à propos de l’a rchitecture en p ie rre ; puisqu’elle n a ît naturellement, de la construction
en bois dont la terrasse est revêtue d’u n c iment : si celle-ci n a pas au tan t de saillie qu on
était en d roit de le penser, c’èst qu’en Égypte la pluie est extrêmement ra re ; d où il
ré su lte ra it (le soleil, étant dans ce pays près du zénith pendant plusieurs mois de 1 aiu