ment resserrée en tre deux chaînes de montagnes. Le Nil couvre chaque année,
p endant un laps de temps qui varie de trois à quatre mois à peu près, depuis le
solstice d’été ju sq u ’à l’équinoxe d’automne, toute la surface de cette vallée, après
avoir traversé l’Abyssinie et. la Nubie.
On estimait autrefois à cinquante lieues l’étendue du littoral qui allait du
port d ’Alexandrie ju sq u ’à Peluse; dans cet espace, l’eau du Nil se trouvait versée
dans la mer par les sept embouchures si vantées du temps des Romains, et sur
lesquelles se trouvaient bâties au tan t de villes; mais ce fleuve n ’a jamais eu en
réalité que deux embouchures principales correspondant aux deux branches qu’il
forme en se divisant au-dessous de ce qui fut Héliopolis. A l'égard,.des autres
embouchures, il est c ertain qu ’elles avaient été creusées de main d’homme (même
celle d’Alexandrie), et par la succession des temps ou la négligence des différents
conquérants de l’Égypte, ces embouchures artificielles se trouvèrent comblées par
les sables ou par le limon du Nil, qui ont aussi enseveli les villes qu’on avait
élevées su r chacune d’elles. *
C’est le Nil qui n o u rrit et qui en tre tie n t l’Égypte, grâce à |â ^fécondité naturelle
de ses eaux, fécondité q u ’on doit a ttrib u e r uniquement aupplimon qu elles
ap p o rten t; elles en c h arrien t un e si grande quantité, qu’en en tra n t en Egypte la
dixième partie de le u r volume se compose d’un engrais gras e t n itreux qui répand
en tous lieux avec lu i la fécondité et l’abondance. Partout où ce limon est porté,
tes campagnes reverdissent e t se couvrent de riches moissons, les arbres se chargent
de feuilles e t de fruits, les plantes croissent à vue d’oeil, les. hommes eux-mêmes,
aussi bien que les animaux, sont plÊS: nourris et plus robustes. •
On sait que le Nil en tre en Égypte, dMcôté du midi, à peu près sous le tropique
du Cancer; il coule ensuite vers le nord, jusqu’à la Méditerranée à laquelle
il porte ses eaux et son limon. Dès qu ’if est en tré en Égypte, deux chaînes de
montagnes* avons-nous dit, le re sse rren t sans jamais l’abandonner : celle qui le
borne à gauche ou au c o u c h a n f||d u côté de la Nubie (et* ê^t'. formée de montagnes
plus basses que l ’au tre chaîne e t séparées en tre elles, par quelques vallons qui lui
laissent plus de facilité pour étendre ses eaux du côté de la Libye), 1 accompagne
ju sq u ’à • ce qu ’il se soit ren d u à la mer p a r l ’embouchure de Rosette, distante
d ’environ quinze liedes d ’Alexandrie; celle qu ’il a à sa droite ou à 1 orient (et qui
occupe une la rgeur de trois ou quatre journées de marche en tre lé lit du fleuve
et la m e r Rouge), le su it seulement ju sq u ’à Héliopolis, C’est là que, se partageant
en deux bras, çe fleuve enferme la merveilleuse et fertile plaine à laquelle sa
forme a fait donner le nom de Delta.
L’étendue de pays resserrée en tre les deux chaînes de montagnes a toujours
porté le nom de haute Égypte.; -tout le reste du te rrito ire ju sq u ’à, la mer Méditer*
ranée est désigné par le nom de b m e Égypte : l’Égypte, d’après- cette description.
ressemble donc assez .exactement à un
En considérant l’étendue relativement assez restreinte que présente 1 Égypte,
on est obligé d'avouer que ce* ro y a um e |iji re n ||nm é dans '1'Àistoire par le nombre
de sea' peuples et parvsa puissance, n ’avait pas u n f^ e te n d u e p ro p o rtio n n é e à sa
i'cUébrilm .Comment croire, en elïot, qu ’un pays a ^ é e r r é a it eu a*tretois plus^de
vingt mille centres d e population, et que le nombre de ses. habitants a it monté
jusqu’à vingt m illio n s; q ue idle sM ois a ient - J S e n tre te n ir des armées de trois
cent m ille f f lom m ^ a ient pmientrepuendre des guerres -gigantesques et exécuter
to u s les ouvrages dignes d’admiration q u ’allcslent enéiife a u jo u r f hui tan t de ruines
colossales?
À; Cependant ¿W o n l'ail a ttention a la b o q |é . du climat, à - la fe rtilité - s u rp r e nante;
de la te rre ; s § | ’on veut bien observer que ces montagnes, plus lard stériles
• ••et désertes, lurent, dans les' siècles les plus heureux, la demeure d ’un peuple
infini d ’habitants-; que lés; solitudes- de la mer Rouge et de;ilà Libye furent;
dans ces, temps, embellies de villes considérables, on sera mieux disposé: à croire ce
que. la trad itio n nous rapporte de la puissance de ces anciens rois si fameux, dont
la magnificence 'éclate encore aujourd’hui d’une manière si.:;||rp r e n a n te dans èes
monuments éternels qu’iis .élevèrent en divers lieux de leu r empire. Les. ruine s
- presque ininterrompues que l ’on y rencontre à chaque pas;, les débris -confus de
murs de palais, de colonnes de temples qu’on découvre chaque jo u r, e t qui provoquent;
itonjours un é tonnement nouveau, en. sont du re s te1 uiïé; preuve incontestable.
Quant au -nombre relativement prodigieux d’habitants, il ne p a ra îtra pas non
plus incroyable, isi l’on fait a tten tio n que l’Égypte n ’é ta it pas alors restreinte' aux
seuls te rra in s aujourd’h u i . cultivés e t habités, qu’elle s’étendait, dans les temps
reculés, jusque su r les, déserts de la -Libye, et qu ’à cette époque heureuse toute la
région aujourd’h u i inhabitée é ta it s i. couverte d ’arbrês.- fruitie rs, qu à l’ombré de
' leurs branches u n pouvait la pa rcourir d’u n bout à l’an tre à- l ’abri des rayons du
soleil, e t qu’il était .p'ossible de se n o u rrir, des fruits qu ’ils rapportaient sans être
obligé à aucune dépense; puis enfin qu’en, to u t temps les Égyptiens ont été si sobres,
qu’on peut regarder leu r frugalité* comme une de leurs vertus naturelles.
Les :souverains de l’Égypte antique avaient en trep ris de gigantesques travaux
pour étendre la fertilité de leu r pays au d e f e d e s te rra in s que le Nil a rro se ; ces