sont les derniers qui ont vu ces magnificences, avant q u ’elles eussent été ravagées
p a r Cambyse, fils de Cyrus, le plus furieux e t le plus insensé de tous les conquérants. »
Quelque empreint d’exagération que paraisse ce récit, il ne nous était pas permis
de le passer sous silence, parce que l’histoire complète de l’a rt à cette époque
s’impose à l’esprit comme un des sujets les plus cu rieu x ’ qu’il nous soit donné de
méditer, et qu ’on a pour devoir de se demander si le peuple, qui ta illa it déjà le granit
ou l’albâtre avec u n tel goût et un e telle facilité, n ’était habile qu’en architecture.
Les portraits des statues les plus anciennement exécutées montreront aux; yeux
les plus prévenus que le princ ipe du premier a rt égyptien était l a . na tu re même,
fidèlement observée e t déjà habilement rendue : les proportions exactes, les prin c ipaux
muscles étudiés avec soin, la figure sculptée avec finesse et l’individualité du
p o rtra it, ‘saisie souvent avec bonheur, telles sont les louanges que nous pouvons
décerner sans hésitation aux artistes du temps, soit qu’ils se bo rn en t à ta ille r la
pie rre calcaire, soit qu ’ils a ient à mettre en usage les plus belles essences des bois
qui croissaient dans la vallée du Nil, soit enfin qu’ils aient à s’attaquer aux roches'
les plus dures comme dans les statues du roi Chafré ; ou bien encore à se rendi’e
maîtres du g ra n it le plus rebelle, avec un e puissance' et une souplesse de ciseau
q u ’on ne s au rait trop admirer.
On c ro ira it que l’Égyptien s’est obstiné à vaincre la n a tu re , qui semblait devoir
l’engloutir en tre les débordements du désert et d u fleuve, dans u n besoin in stin c tif
de protestation contre le néant§f|et qu ’il a voulu le prouver par la grandeur ou
là solidité de ses oeuvres ; cependant, s’il bâtit des édifices, s’il les construit longs,
larges, immenses (et parfois élevés), il ne les porte pas vers le ciel, il les attache,
au contraire, à cette te rre qui le! n o u rrit, et souvent même il les fait pénétre r dans
ses entrailles où, suivant sa croyance, doit se perpétuer sa vie future. En outre, non
content d’avoir placé son oeuvre à côté de l’oeuvre de là n a tu re , il façonne cette
n a tu re elle-même, il ta ille la roche en tehïple ou en s tatu e ’; il se l’approprie e t il
en fait sà chose; •• •'
L’a rt égyptien est, donc, bien exactement é f h istoriquement, l’a rt dans sa manifestation
prem iè re ; c^est-à-dire, celui dont tous nos arts tiren t leu r origine : et cela,
au même titre que notre civilisation et les civilisations intermédiaires dérivent de celle
de l ’Egypte ; parce q u ’il ne s au ra it plus y avoir aucun doute su r son antiquité primordiale.
•
11 y a, en effet, un abîme de plusieurs siècles en tre les pyramides et les prétendus
palais de Nemrod ; (nous disons prétendus parce que to u t ce qu ’on a pu retrouver de
Babylone, de notre temps, ap p artien t à u n âge historique plus ré c en t encore) d’ou il
îë su lteH v .o y a n t queîfes monumettso égyptiens remontent plus haut' que- tout autre
vestige des civilisations qmô&partagèren* le monde haMt£*uS -première âges) q u il
n’$ plus permis d e i ’é to i'k b que 1®¡¡L ian o ieh s -sp'ébimens- de l’art aient appartenu
M R H Nil, e H f e U l d’une é g jc fu ||ù l’Asie centrale ;|loffrait' aucune preuve
matérieSé d e - c i v i l i s a t i o : ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ R ^ S » ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ j i
Il y eut u tqtemps, et ce temps n ’est pas loin de nous, où les Indianistes e t les Sinologues
s’effprçaient d’assigner un e antiquité bien plus liante a la civilisation des Hindous
et des Chinois ; mais peu à peu les études hiéroglyphiques ont fart revenir de cette
M | , e t |tb u t 'p ô ^ < a croire que les progiès de la philologie yiendront bientôt
démontrer, irr é <m ||lem e n t, les liens qui devaieKtepstes autrefois entre l’Égypte e t les
trois grandes nations o rie n ta le s ,'e t prouver que le développement de la civilisation
des Assyriens, des lim io n s et d e s iGM n q iiiÉ ïttà ¡’influence des progrès anté rieurs des
Égyptiens.
On n ’ignore pas les anciennes relations en tre ¡’Egypte et la Chine ; elles sont attestées
par une tradition chinoise^ d'après laquelle cent familles, serinent venues de ce
pays éloigne et auraienifeivilisé le pays du milieu ; du reste, les analogies nombreuses,
découvertes récemment, entre- îe^j grammaires d|IS| deux peuplestpemblent venir à
l’appui de cette vieille tradition.
D’un autre côté, plusieurs découvertes récentes, faites en Lycie, en Assyrie et dans
I f im i r ê é A de i’Asie centrale, v iendraient d é tru ire la doctrine, longtemps dominante,
du développement spontané des beaux-arts parmi les Grecs, et ind iq u e r la voie
par laquelle les arts cfc l ’Egypte passèrent, en se perfectionnant toujours, des îles dé
l’archipel aux côtes de l’Asie Mineure ; puis de ces pays à notre c o n t i n t ^ f ainsi 1 opinion.
dès aujourd’hui assez généralement répandue, que ¡’archite cture égyptienne
seraiiiÿ-piioibtype d é to u s î ||s ! y l e s qui l’o n t - s u m e Î | trouve confirmée à chaque pas :
les colonnes protudoriqnès de H’Égypte so seraient développées dans la Lycie avant de
passer â.Sélinonte et à Corinthe; le chapiteau ionien a u ra it été puisé-dans les monuments
de l'Assyrie qui l’aura ienttelçu de l’Égyple, e lle ru d im en t du chapiteau corin-
thien j i f t t e S t “dans) des tombeaux qui d a t e # de la xn° dynastie des Pharaons.
Il eu serait de même dns oeuvres plastiques que les Grecs e t les Étrusques dénommaient
: archaïques: ces (ouvres ressembleraient, à s’y méprendre, aux oeuvres assyriennes
e t lycéennes que maints liens ra tta ch eraien t toutes deux aux arts de 1 Egypte.
C’est en constatant ces rapports d’origine qu’on arrive à reconnaître la h au te importa
n c e ;^ l ’histoiÿe de l ’a rt égyptien comme u n des éléments essentiels de l’histo ire de
l’e s p r itjlïm a in ; aussi, lorsqu’on aura pu é tudier et apprécier, a sa juste valeur, 1 in itiative
primordiale des Égyptiens dans les .arts et la. civilisation; lorsqu’on aura suivi,