rompent si maladroitement, étaient garnies de portes décorées et sculptées pour faire suite aux
parties voisines. Ces mâts décoratifs étaient quelquefois dorés, comme on le voit par une inscription
de Bakenkhonsou, architecte principal de Thèbes sous le règne de Ramsès IF. Lorsqu’on
restitue à ces pylônes leurs flèches colossales, ornés de banderoles, on admire l’effet grandiose
produit alors, par des portails simples et composés seulement, de leurs quelques grandes lignes,
en s élançant vers le ciel, elles rachetaient, par leur élévation, la longueur démesurée des
temples.
Les Égyptiens variaient le nombre de ces mâts, à raison de l’importance des édifices : les
uns, sans doute les moins importants, en étaient privés, tandis que les autres en avaient deux,
comme à Philæ, quatre comme à Edfou (1), huit comme au grand palais de Karnac; et, c’est
sans doute ce dernier, le seul dont la façade ait jamais été surmontée d’autant d’aiguilles, qu’on
a voulu figurer dans les bas-reliefs. On suppose que les banderolles bleues, rouges et vertes qui
pavoisaient ces mâts, représentaient les trois divisions principales de ce pays, la haute, la
moyenne et la basse Égypte. Cependant les hiéroglyphes ne parlent jamais que de deux portions
du territoire, la supérieure et l’inférieure. Le savant abbé Lanci voit dans le choix des couleurs
adoptées par les Égyptiens pour leurs pavillons, un symbole de la relation de l’homme désigné
par le rouge, avec le ciel et la terre indiqués par les deux autres couleurs.
Le plan d’habitation, représenté au-dessous du pylône, a été copié sur un bas-relief en entaille
relevée, dans un des hypogées d’Éleithya qui remontent à la xvne dynastie.
Ce petit plan cavalier, dont les couleurs sont encore bien conservées, montre la manière dont
les Égyptiens levaient un plan d’architecture. Il nous fait connaître en détail, la maison d’un
défunt auquel Anubis semble venir annoncer qu’il faut se décider à quitter l’habitation passagère
pour la demeure éternelle. On voit, dans le jardin, un bassin entouré de dattiers, un carré arrosé
par des rigoles comme cela se pratique encore aujourd’hui en Égypte, deux grands arbres et
deux obélisques en face de la maison. Les murs sont teintés en bleu, couleur de l’eau et de tous
les hiéroglyphes relatifs aux constructions.
Décoration d e l a niche d e l ’E im isi, a Den d e r a h .
La niche qui décore le fond de 1 Eimisi du temple de Denderah, est formée de deux colon-
nettes en saillie sur le nu du mur, qui soutiennent une corniche et une rangée d’ureus couronnés
du disque solaire. Ce premier chambranle encadre une autre porte un peu plus simple dont la
corniche est, comme celle qui la surmonte, chargée d’un globe ailé, superfétation qui ne se voit
jamais sur les édifices pharaoniques. De chaque côté, en dehors des colonnettes, un uréus
mitré s’enroule autour d’une tige de lotus ou de papyrus, symboles connus de la basse et de la
haute Égypte. Enfin, la baie figurée, dont le fond est peu creusé et porte encore les striures de
l’outil, n’a jamais été couverte de sculptures ou d’hiéroglyphes: elle a dû recevoir et encastrer
une espèce de petit naos ou tabernacle probablement en granit.
Ce genre de décoration architecturale était fréquemment employé pour les niches des
sanctuaires et les chapelles monolithes. Dans l’exemple que représente cette planche l’entable(
I) Dans le b a s - re lie f q u i n o u s o ccupe, ces c h a rn iè r e s so n t p e in te s en v e rt, e t c e p en d a n t, v u le u rs
é n o rm e s d im en s io n s , on n e p e u t les su p p o s e r dé bronze.
ment est lourd, les colonnettes'manquent d’élégance, mais le tout donne bien une idée exacte
des plus pures décorations de cette époque dé décadence, et permet aussi de se rendre compte
(sbmbien peu l’ancien esprit hiératique des temps pharaoniques s’était modifié, malgré les tians-
formations successives qu’avaient dû tenter les Bernes. lès Greçs -iet les Romains.
\ ffiqsjss FLEÜRONNÉES PEDJMS DANS LES TOMBEAUX.
Ces frises fleuronnées se rencontrent rarement hors des hypogées; on ne les employait sur
les monuments que dans les édicules, les naos des dieux et des pharaons, où on les rencontre
placés comme appendices des architraves, au bas desquelles ces ornements pendent comme de
guirlandes de fleurs. On a .pu les remarquer aussi dans les décorations intérieures du gynécée
de Ramsès III. II est également probable que l’usage en était assez répandu dans les palais et
les habitations, puisqu’on a retrouvé dans les ruines,d’un palais en briques crues, une frise de
ce genre en mosaïque de terre émaillée, I
Je dois reconnaître, cependant, que la plupart de cès frises offrent une grande ressemblance
avec des ornements grecs et des fragments de terre cuite de Métaponte. Celles que ] ai repr -
sentées dans cette planche proviennent toutes; des hypogées de la nécropole de Thèbes.
Les n" 1 et 2 sont tirés d’un petit tombeau d’Âbd el-Gournah qui date de la xix1 dynastie.
Le second est inachevé et manque des détails qui lui auraient donné plus d’élégance.
Le n° 3 provient d’un hypogée de la xviu° dynastie. _ .
Le n” h a été copié dans le tombe™, de Nofréhotip, qui vivait sous Horus de la xvnf dynastie.
C’est de ce même hypogée que sont tirés nos. beaux plafonds ornés de bucrtaes.
Le n" B date de la xvui- dynastie.
Le n“ ¿¡est tiré d’un tombeau de la xix" dynastie.
Les n - 7 et 8 enfin, proviennent de:, l’hypogée du grand prêtre Aïchesi, de la n * dynastie,
■ si remarquable par ses beaux, plafonds. I I
Les quatre premières de ces frises- sont réduites de moitié, tandis que les quatre dernières
s p t delà grandeur de'l’exécution originale. Les n -5 , 6 , 7 sont souvent employés comme orne-
ments des collerins qu’on voit sur les caisses de momies.
Décoration d e s corniches d e d iv e r s e s é po q u e s .
Aussi loin que l’on puisse remonter dans l’étude des monuments égyptiens, on trouve la
corniche composée du listel, du cavet et du tore. Elle n’a varié durant toute la durée de la monarchie
que dans sa courbe plus ou moins savante, dans ses proportions et dans les accessoires de
sa décoration. Sous les premières dynasties, elle était, simplement, ornée de bandes tricolores
et de rubans enroulés sur le tore. .
A l’époque de lax n 0 dynastie, apparaît le globe ailé, symbole de Hat le seigneur du ciel, le
dieu bon ; il recouvre une partie des bandes tricolores : rappelons, ici, qu on a proposé souvent
de profondes explications pour ce symbole, quoique l’inscription hiéroglyphique qui 1 accompagne
ordinairement, suffise à faire bien comprendre son sens dans la mythologie égyptienne :