• « Aussi-, poiir le décrier mit-on en avant le prétexte de son grand âge : on fit
entendre au pharaon qui, régnait alors que Joseph é tant déjà vieux, après ta n t de
travaux et les fatigues qu ’il avait essuyées, avait besoin d’un repos qui lui était
légiti mement dû; que ses lumières s’obscurcissaienf|^qu’il n ’était donc plus propre
au gouvernement, et que ce serait se m o n tre r ménager de sa gloire que de lui
re tire r le maniement des affaires avant que leu r mauvaise situation fit éclater sa
faiblesse aux yeux de tous e t te rn ît la réputation qu ’il s’était acquise.
« Joseph pénétra toute leu r in trig u e; il résolut de déjouer les effets de la malice
de ses envieux et de les confondre par une résolution digne de lui et qui lui a ttirâ t'
en même temps les bénédictions des Egyptiens. '
« La basse Egypte n’é ta it encore à cette époque qu ’une plage marécageuse,
presque noyée sous l ’eau. Joseph e n tre p rit de la dessécher, de la ren d re habitable
e t susceptible de produire u n immense revenu : son projet réussit comme il avait
espéré. À la faveur d e s ‘ saignées, des digues et des canaux qu’il fit faire, on gagna
insensiblement du te rra in , e t les eaux s’écoulèrent. Deux années suffirent à ce prodigieux
travail; et dans ce court espace de temps la basse Égypte, auparavant
couverte par les flots, se trouva dans l’é ta t où on l’a toujours vue depuis* Ce fu ren t là
les seules armes que ce ministre habile et zélé c ru t devoir opposer à la calomnie. ».
L’exemple des Égyptiens nous montre l’influence que l’homme peut exercer sur
le climat, et le point de prospérité auquel les peuples parviennent, quand ils savent
modifier le sol p a r une lutte, intelligente.
L’Égyp te est eu effet une te rre conquise par l’industrie humaine su r la mer et%T
désert. Les atterrissements du Nil ont fait re cule r la mer; les pyramides, les plantations
de bois sacrés su r les chaînes Libvque et Arabique, les canaux d ’irrigation, les lacs artificiels,
les puits artésiens, ont conquis quelques millions d’hectares sur les sables ; et
l’on cite le lac Moeris comme le plus magnifique travail que les hommes aient jamais
exécuté : ce laè fut creusé ou approprié dix-huit cents ans avant l’ère chrétienne. Il
avait une surface de quatre-vingt-seize mille hectares; des canaux y conduisaient les
eaux du Nil, d ’autres les répandaient, su r les terres voisines, de manière à augmenter
d’un q u a rt la surface cultivable de; I’Égypte : la province de Fayoum et une longue
lisière de terre, vers la gauche du fleuve, é taient fertilisées par lui.
Dès cette époque l’Égypte é ta it comme le sanctuaire des sciences naturelles,
théologiques, philosophiques e t moràles; et les rapports des êtres avec la Divinité,
des êtres en tre eux ; -les idées de pluralité des mondes, d’immortalité de l ’âme,
de la puissance d ’un Dieu, incompréhensible,' sans commencement ni fin, e t auteur
de toutes les choses créées : toutes ces idées de l’ordre transcendantal, en un mot,;
v furent familières aux Égyptiens : aussi tous les grands hommes vde l’antiquité
v inrent-ils-s'instruire dans leurs temples, s’approprier une partie de leurs connaissances,
pour ensuite civiliser le genre humain:
On sait qu’Orphée, Moïse, Amphion, Danaüs; Cécrops, Homère, Pythagore, Thalès,
Clé'ôbulè, sijffn, djë.catéë de Milet, Hérodote, , Eudoxe, Platon, Strabon, Diodore de
Sicile', P lu ta r q u e ,'P h ilo || Origèhe, Athanâse, furent, id é près ou de loin, les élèves
les plus connus des Égyptiens.
Ils' Connaissaient, encore, parfaitement les a rts mécaniques, l'astronomie,, le
cadastre, la géométrie, l’architecture, lés irrigations^! l e tissag e 'd e s étoffes, la te in-
türerie|?Ua fabrication du vérréV-la fonte delgmétaux e t.la s tatu aire; ils avaient,
même' et surtout, des principes d'hygiène : il y aura it, h u it mille ans qu’ils ont su
faire le .vint e t la bière, élever des obélisques de trente et quelques mètres de
h a u te u r,s c u lp te r d e s'sta tu e s de vingt mètres, et b â tir ces monuments q u i'éto n n en t
par leurs magnifiques proportions.
Enfin, ayant. c e c o n B que lés corps des animaux déififmposés é ta ien t une. cause
de maladies. ;et de d é p ep p lem eS ü r embaumèrent tous les cadavres : ils les
déposaient dans de; vastes nécropoles souterraines e t passaient, v u 'c e s précautions,
pour la nation la plus saine et la mieux portante- de l’univers.
Les Égyptiens furent donc, sans contredit, le peuple le plus remarquable de
l’antiquité ; ils dépassent de beaucoup les Grecs et les Romains, puisqu’ils eurent.;
l’initiative de:1a civilisation; tandis que ceux-ci, au contraire, d u re n t,le u r faire de
nombreux emprunts; niais n ’oublions pas, cependant, sii l’bn d o iS o n s id é r e r leu r
Civilisation comme l’émanation là plus avancée dé la civilisation antique, qu’ils
méconnurent et l’esprit .de fraternité universelle et l’esprit de liberté individuelle ;
mais :cela ne doit pas nous é to n n e r; s’il e st vrai que les Égyptiens soient issus
d’un mélange de bruns et de noirs; car la race blonde seule nous pa ra it appelée,à
appliquer lés, principes déylliberté individuelle et de fraternité.
’‘ ORIGINE DÉ I.A POPULAT ION R A C E S E T T y P E S D IV E R S . :
Il n ’est pas dé question plus difficile à élucider que celle des origines d’un
peuple. La p lupa rt du temps en effet les historiens, même les p lu s anciens, ne font
rien connaître à cet égard de .positif e t d’explicite. Mais il est aujourd'hui; heureusement
possible de. sup p lée r, à cette absence de documents authentiques précis,
par une suite de déductions tirées du langage et des .caractères ethnographiques