Libyens et comme fils de roi, portent de longues tresses surmontées de plumes et une robe
flottante.
On sait qu’il est admis, historiquement, aujourd’hui que ces Téhennou étaient de race blanche
et faisaient partie d’une vaste confédération qui habitait le nord de l’Afrique sur le littoral de la
Méditerranée.
Il y a une noble simplicité dans l’agencement des figures, du style et de l’expression dans la
pose des deux personnages. On pourrait plus soigner les détails, mais on ne pourrait pas mieux
composer un groupe.
La tête du héros, dont il eût été curieux de voir l’expression, a disparu en partie par la démolition
d’une pierre: je l’ai complétée sur les bas-reliefs voisins, où ce portrait a toute la noblesse
et l’élégance des figures grecques.
On voit, sur la paroi sud de l’intérieur du grand spéos d’Ibsamboul, un groupe qui paraît
avoir été inspiré ou plutôt copié sur celui-ci. Il s’agit aussi d’une campagne contre les Téhennou
au teint blanc et vêtus de longues robes. Ramsès II, fils de Séti Ier, y a absolument la même
posture que son père ; il foule également du pied droit la tête d’un Téhennou, et percé dé sa
lance un chef qu’il tient aussi par le bras. Tous les détails y sont identiques, à l’exception de
la lance qui remplace le javelot et des traits qui transpercent le corps des vaincus.
Un tel plagiat ne pouvait échapper aux yeux les moins exercés ; il a donc fallu de puissants
motifs pour l’autoriser. Le même sculpteur n’a pas tracé certainement ces deux tableaux, car
celui de Thèbes est bien mieux dessiné ; en outre, trop d’années séparent les deux représentations.
Il y a donc plutôt lieu de ’croire qu’un autre artiste, voulant montrer le fils exécutant
les mêmes actions de valeur que son père et dans de pareilles circonstances, a copié l’ancien
groupe pour rendre identiquement un semblable épisode de leurs campagnes, afin de faire
revivre la mémoire de Séti dans les actions de Ramsès.
La d é e s s e à n o u k é e t Ram sè s II. — Talmis^^- xix® dynastie.
Cette peinture sur bas-relief est l’une des quatre reproductions du même genre que j’avais
l’intention de donner pour faire connaître de quelle façon, à quatre époques différentes, les
artistes égyptiens avaient représenté les déesses nourricières.
J’ai choisi le sujet qui se présente le plus fréquemment à partir du nouvel empire, celui
d'une déesse allaitant le troisième personnage de la triade ou sous son assimilation le fils du roi,
parce que dans les triades, le dieu fils joue toujours un rôle qui le rapproche de l ’humanité.
De même que l’on voit Anouké, qui nous paraît être l’idée mère de l’Anankè des Grecs, nourrissant
Ramsès II à Silsilis, on voit encore Isis allaitant Horus à Philæ, et Hathor donnant le sein
à Séti Ier à Karnac.
Colosse d e Ram s è s II. — Memphis. — x i x c dynastie.
Les colosses représentent, invariablement, des pharaons, et non des dieux, comme on serait
tenté de le supposer. Les divinités, au contraire, sculptées souvent dé taillé gigantesque sur les
bas-reliefs, n’ont pas de. statues colossales ; on en connaît même peu de taille ordinaire. On ne
cite que la statue du dieu Nil, conservée au musée britannique, et les statues léontocéphales de
Pascht, rangées autour d’un temple à Karnac, tandis qu’on a trouvé beaucoup de statuettes'de
diverses matières qui ont servi au culte particulier.
Le colosse qui fait l’objet de cette planche représente un des plus célèbres pharaons du nouvel
Empire. Çétte statue, remarquable par sa grandeur non moins que par la beauté des formes et la
noblesse du style, a été retrouvée sur le sol de Memphis, près du village de Metrahenneh, au
milieu d’un bois de dattiers où elle gît encore dans une excavafion que remplissent chaque année
les eaux du Nil. Elle est fort mutilée : le. pèchent qui couronnait la tête est à demi brisé, les pieds
sont rompus et le pilier dorsal qui soutenait la statue est entièrement délité. .Heureusement la
figure n’a pas souffert.
' C’est un des plus beaux portraits de Ramsès II, dont le nom est gravé, en caractères hiéroglyphiques,
sur la ceinture e t sur le rouleau que tient la main gauche. On aperçoit de ce côté,
sur le montant qui soutenait la jambe, les restes d’une figure en bas-relief et . d’uns légende
hiéroglyphique qui se rapportent à une princesse, probablement Batianti, qui semble guider les
pas de son père.
C’était un usage général, à cette époque, de décorer ainsi les supports de la jambe gauche,
celle qui donne toujours du mouvement à la, statue. Un autre colosse de Memphis, découvert par
Hekekyan Bey, qui l’a spirituellement nommée B r u c e ’ s c o l o s s u s , quoiqu’il représente aussi
Ramsès II, offre également l’image de Batianti; sur le montant dé la jambe gauche. Un colosse
de ce même Ramsès, adossé au pylône de Sebana, est- de même accompagné d’une statuette en
ronde bosse de la benjamine du pharaon. Enfin on voit aussi à. Rome, à la villa Albani, une
statue de la reine Toua, épouse de Séti I" et mère de Ramsès II, ayant, à. son côté, 1 image de la
reine Houtmara, sa petite-fille.
Sur le petit naos, suspendu au cou du pharaon, on distingue l’image de Phtah et celle de
Pascht, les deux principales divinités de Memphis.
Quoique mutilé à ses deux extrémités, ce colosse mesure encore 10” ,84 ; quand il était dans
son entier, il devait avoir, du sommet du pschént au piédestal, environ 14 mètres (13",86), ce qui
équivaut à peu près à 30 coudées égyptiennes; tout me porte à croire qu’il ornait l’entrée du
temple de Phtah ; c’est sans doute une des statues de 30 coudées de hauteur qu’Hérodote et
Diodore disent avoir été élevées par Sésostris devant le temple de Vulcain, en même temps qu’il
faisait tailler aussi une statue iconique de sa femme de la même hauteur et quatre autres de
20 boudées représentant ses fils.
■ S a s - r e l i e f s m i l i t a i r e s . — Abockeh et ThèbesE - x i x 8 dynastie.
J’ai rénfljsur cette planche deux bas-reliefs où l’on voit des chars de guerre, afin de présenter
deux groupes de chevaux.
Le premier fait partie de l’immense composition qui tient presque toute la paroi droite de la
principale salle du grand spéos d’Abousambil, l’ancienne Abochek, où se trouve représenté
le camp de Ramsès II dans sa fameuse campagne contre la confédération des Khétas ou Khilas,
en Asie. Le char qu’ori voit ici est celui du roi surmonté d’une espèce d’étendard ou de parasol;
il était entouré des soldats de sa garde. Les détails du costume et des harnais ont malheureusement
disparu avec la peinture.
Le second tableau est tiré des campagnes de Séti Ier, père de Ramsès II, qu’on voit sculptées
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