forme de conjecture, l’opinion que le sang doit aussi
en contenir, et qu’alors le caillot devrait naissance
à la coagulation de cette fibrine, qui envelopperait
les globules de toutes parts. Cette hypothèse a été
convertie en certitude par les travaux de M. Muller.
Après divers essais, qu’il serait hors de propos
de rappeler ici, il parvint par la filtration à dépouiller
le sang de grenouille de tous les globules, et
à obtenir ainsi un liquide parfaitement incolore ,
dans lequel se forma, au bout de quelques minutes,
un caillot transparent, qui est de la fibrine pure
et parfaitement exempte de globules, d’où résulte
la conclusion que ceux-ci ne prennent aucune
part à la coagulation de la fibrine préalablement
dissoute. D’autres expériences, dans lesquelles il est
parvenu à retarder assez la coagulation du sang de
l’homme pour que les globules eussent le temps
de se déposer au-dessous du niveau de la liqueur ,.
l’ont convaincu que la même chose avait lieu
aussi chez l’homme, où la ténuité des globules
empêche seule de les séparer par la filtration, et
ce phénomène lui a servi pour expliquer, d’une
manière aussi simple que naturelle, la formation
de la couenne grisâtre qui se manifeste à la surface
du sang dans les phlegmasies.
Ce sang blanc, ou dépouillé de globules, qui
diffère totalement du sérum, puisqu’il contient
toute la fibrine et qu’il est coagulable, ce liquide
nouveau, que M. Muller désigne sous le nom de
liqueur du sang, ressemble à la lymphe que le
blessé de Bonn lui avait fournie, et se comporte
de la même manière quelle. Un tel rapprochement
doit avoir une haute portée physiologique et
amener de grandes modifications dans les idées
reçues sur les* fonctions du système lymphatique.
Il le deviendra surtout lorsqu'on aura fait des expériences
pour constater les quantités respectives
de fibrine dans la lymphe et le sang, tant artériel
que veineux, ce qui sera assez facile chez la grenouille,
et pourra même, avec quelques précautions,
être exécuté chez l’homme.
M. Muller a reconnu que, dans l’état frais, la lymphe
de grenouille contient des globules, mais en
très petite quantité. Ces globules sont à peu près quatre
fois plus petits que ceux du sang du même animal
; ils ont aussi une forme ronde et non aplatie.
Toutes les données qui précèdent sont importantes,
en ce qu’on n’avait jamais eu jusqu’ici que
des notions imparfaites sur la véritable lymphe.
Celle que Soemmering a examinée, provenant de
varices lymphatiques, ne se coagulait pas et n’était
assurément pas de la lymphe.
La note suivante, que nous devons à notre excellent
ami M. Dumas, nous a paru devoir être insérée
ici, comme propre à donner une idée des
conséquences auxquelles conduiront les belles observations
de M. Muller. Nous n’avons pas cru