vice chirurgical du professeur Wutzer, à l’hôpital
de Bonn, une occasion peu commune d’étudier les
propriétés de ce liquide. Un jeune homme, après
avoir été blessé au coude-pied, demeura porteur
d’une petite plaie , que nul moyen ne put amener
à cicatrisation, et de laquelle s’écoulait continuellement
de la lymphe. Chaque fois qu’on passait
le doigt sur le dos du gros orteil, en le dirigeant
vers la plaie, il sortait, et quelquefois sous la forme
de jet, une grande quantité d’un liquide fort clair,
inodore, ayant une saveur salée, verdissant légèrement
les couleurs bleues végétales, et qui, au
bout d’environ dix minutes, se prenait en un
caillot semblable à une toile d’araignée.
Lun des points que M. Muller s’attacha surtout à
éclaircir, est de savoir si cette lymphe contient des
globules. Les observateurs modernes, Reuss, Emmert,
Soemmering, MM. Tiedemann et Gmeiin ,
Brande et Lassaigne n’en ont point aperçu; Hewson
est le seul qui signale d’innombrables corpuscules
blancs, de la grosseur des noyaux de globules du
sang, dans la lymphe fort équivoque du thymus de
veau, et d’autres corpuscules rouges dans la lymphe
rougeâtre de la rate. En examinant au microscope
la lymphe du blessé dont^nous venons de parler,
M.Muller reconnut qu’elle contenait une multitude
de globules paraissant beaucoup plus petits que
ceux du sang, et d’ailleurs bien moins abondants
que ces derniers ne le sont dans le sang. Pendant la
coagulation, une partie de ces globules se réunissaient
au caillot, mais la plupart restaient en
suspension dans le sérum. Le caillot, après s’étre
resserré sur lui-même, consistait en un tissu filamenteux
blanc. Ce qui frappa surtout M. Muller ,
cest qu’on reconnaissait facilement qu’il devait
naissance non à une agrégation de globules, mais
à la solidification d’une substance préalablement
dissoute, et qui, en passant de l’état liquide à
1 état solide, avait enveloppé une certaine quantité
des corpuscules auparavant libres dans le liquide.
En examinant le caillot d’une très petite quantité
de lymphe qu’il avait laissé se coaguler dans un
verre de montre, il s’aperçut, avec le secours du
microscope, que les globules y étaient tout aussi
disséminés que dans le liquide. La substance qui
les unissait se prêtait surtout à l’observation sur
les bords minces du caillot. Elle était parfaitement
homogène et faiblement translucide.
Déjà, auparavant, M. Muller avait fait sur la coagulation
du sang des observations dont les résultats
diffèrent singulièrement de ceux qu’on possédait
jusqu alors, et qu il est nécessaire de rappeler
ici. Tous les physiologistes admettent, avec Home,
Prévost et Dumas, que le caillot du sang est produit
par une agrégation des globules, dont les noyaux
sont formés de fibrine et l’enveloppe de matière
colorante. M. Berzelius seul, qui trouvait de la
fibrine dissoute dans la lymphe , avait émis , sous