Quelques anatomistes modernes, en apercevant
du pus dans les vaisseaux lymphatiques, sans lésion
manifeste de la partie correspondante de leurs
parois, ont été portés à admettre l’introduction de ce
fluide par la voie de l’absorption. Le foyer purulent
que, dans ces circonstances, on avait rencontré
sur un point plus ou moins éloigné des vaisseaux,
et la connexion de ce foyer purulent avec
des lymphatiques avaient , il est vrai f semblé
donner quelque fondement à cette opinion. Nous
avons déjà dit qu’une telle Conséquence ne pouvait
pas rigoureusement être déduite du fait observé.
Si un vaisseau lymphatique vient à être enflammé
daps tel ou tel point de son étendue, nous
concevons que du pus pourra s’y former et y
cheminer. Si ce même vaisseau a été ouvert,
soit accidentellement, soit par une érosion, résultat
de la phlegmasie, nous concevons encore jusqu’à
un certain point l’introduction et la progression
du pus dans le canal vasculaire. Mais une
introduction par voie d’absorption nous arrête.
Les globules du pus ont des dimensions plus considérables
que ceux de la lymphe, du chyle et du
sang; par conséquent, la physiologie se refuse à
ce qu’on admette une absorption de pus compara-
rable à celle qui s’opère dans l’état sain. Des physiologistes
modernes, qu’il suffira de nommer
pour avoir gain de cause , MM. Magendie , à Paris,
et Muller, à Berlin, ne croient pas à la possibilité
de l’absorption du pus par les vaisseaux lymphatiques.
Ainsi ce qu’on a rapporté de la présence du
sang dans ces vaisseaux n’est applicable qu’à une
matière colorante, probablement celle de ce liquide,
mais non pas au sang lui-même absorbé en totalité.
Quant au pus trouvé dans ces mêmes vaisseaux,
il provenait ou de la phlegmasie de leurs parois, ou
d’un foyer purulent extérieur ; et dans ce dernier
cas , la matière purulente peut avoir pénétré dans
les cavités des lymphatiques par une solution
de continuité d’une partie de toute l’épaisseur de
leurs parois, produite elle-même par une cause accidentelle
quelconque.
Mais revenons à l’exposé des faits qui démontrent
les altérations pathologiques du système
lymphatique.
Un anatomiste étant parvenu a pousser du mercure
dans les vaisseaux lymphatiques des ganglions
enflammes, on s est presse de conclure que le
tissu cellulaire de ces ganglions était seul le siège
de 1 inflammation. Nous croyons devoir faire remarquer,
d’une part, que le passage des injections
à travers des ganglions enflammés est loin d’être
constant (1); et d autre part, aurait-il lieu toujours,
il ne prouverait pas l’absence d’inflammation
dans les vaisseaux lymphatiques ganglio-
(i) Béclard, Anatomie générale. - Gendrin , Hist. anat. des in flan, m.
t a , p. 97 ■ Paris, i8*6