Mascagni et Béclard, pensaient que, quand le passage
a lieu, la matière de l’injection avait préalablement
été épanchée dans le tissu cellulaire.
M. Panizza l’a observé sans extravasation, et d’ailleurs
celle-ci ne le ferait pas concevoir. Nous devons
donc admettre le fait, tout en avouant que
nous ne savons comment l’expliquer. Ce qu’il y a
de certain , c’est qu’on n’a jamais démontré de
communication directe entre les lymphatiques et
les veines ; mais on voit sur la surface interne
des artères des réseaux de vaisseaux lymphatiques,
que M. Fohmann est parvenu à injecter, et qu’il a
fait représenter sur ses planches.
J’ai déjà dit que beaucoup d’anatomistes ont
soutenu que les vaisseaux lymphatiques naissaient
des artères, comme les veines ou à peu près. Nuck,
qui le premier crut dire quelque chose de certain
sur l’origine de ces vaisseaux, ne doutait pas qu ils
ne naquissent des artères, parce qu’il avait vu l’air
et le mercure s’y introduire après avoir été poussés
dans ces dernières. Cowper partageait cette opinion,
et par les memes motifs. Morgagni, en répétant
les expériences de Nuck, trouva qu’effective-
ment l’air soufflé dans l’artère splénique distend
les vaisseaux superficiels de la rate. Lister, Diemer-
broek, de Graaf, Ruysch , Tyson , Manget, Tarin ,
Gunz, Vieussens etM. Lippi, ont également admis
cette hypothèse, en se fondant tous sur des observations
et des expériences. Mi Lippi a même figuré
l’inosculation de l’artère hépatique avec le système
lymphatique. D’autres se sont appuyés seulement
sur des vues spéculatives, comme Boerhaave, qui
ne concevait pas qu’un vaisseau rapportant un liquide
au coeur le tirât d’ailleurs que d’un autre
vaisseau provenant de cet organe. Hamberger
croyait la connexion entre les deux systèmes nécessaire
pour dépouiller le sang de sa partie la
plus fluide et le rendre plus apte aux sécrétions.
Werner et Feller enfin jugeaient l’impulsion des
capillaires artériels indispensable pour déterminer
le cours de la lymphe. Nous avons fait
connaître plus haut les résultats des intéressantes
recherches de M. Panizza à ce sujet.
Dans l’intérieur du crâne et sur les anfractuosités
du cerveau, on aperçoit des troncules lymphatiques
s’appliquant aux rameaux veineux, comme
on le voit aussi quand ces vaisseaux vont s’ouvrir
dans les veines (i).
M. Fohmann a reconnu que, dans les plexus
choroïdes de l’homme, les vaisseaux lymphatiques
sont moins gros que ceux qui sont situés sous
l’arachnoïde encéphalique.
La surface interne des veines présente, comme
celle des artères, des réseaux très déliés de vaisseaux
lymphatiques ; mais ils sont difficiles à injecter.
(l) Fohmann, Mémoire sur les vaisseaux lymphatiques, p. ai.