ques, que leur ténuité et leur pellucidité empêchent
d’apercevoir. Ainsi donc on peut admettre, d’après
le fait précédent, que des traces d’une substance
dissoute pénètrent en une seconde à travers les
capillaires superficiels et jusque dans le sang d’une
partie dépourvue d’épiderme. Maintenant, si, pour
satisfaire aux exigences les plus difficiles, on évalue
à trois minutes la durée d’une révolution complète
du sang, que Hering croit cependant bien plus
courte , puisqu’il la réduit à trente secondes , on
verra que ce laps de temps suffit aussi pour qu’une
substance absorbée manifeste sa présence sur des
points de l’économie fort éloignés du lieu avec lequel
elle a été mise en contact. Il n’y a donc pas nécessité
de renouveler, comme l’ont fait Home ( 1 ) et
M. Lippi, l’hypothèse surannée d’une communication
directe entre l’estomac et les reins, pour expliquer
la promptitude avec laquelle certains sels passent
dans l’urine.
Les résultats proclamés parles divers expérimen ta-
teurs dontnous avonsparléplus haut ont été en partie
confirmés et en partie aussi modifiés par MM. Tiedemann
et Gmelin. Ces deux physiologistes ont constaté
que les matières colorantes, introduites dans
l’intestin, n’y sont point absorbées par les lymphatiques,
quoiqu’on les retrouve dans l’urine et dans le
sang, ce qui s’accorde avec ce qu’avaient déjà vu
Hallé etM. Magendie, et contredit le témoignage,
(O Biblioth. b r ita n n t. 49, n stsfl
d’ailleurs fort équivoque, de Yiridet et de Mattéi,
suivant qui le chyle aurait paru rouge et jaune chez
les animaux nourris de jaune d’oeuf et de betterave.
Ils n’ont observé que très rarement le passage
des sels dans le chyle; une fois seulement ce liquide
leur a présenté des indices de fer chez un cheval
auquel ils avaient fait prendre du vitriol vert; ils
ont découvert aussi du cyanure ferroso-potassique
dans le chyle d’un chien, et du sulfo-cyanure ferroso-
potassique dans celui d’un antre chien. M. Muller,
dans deux expériences sur des grenouilles dont il
avait tenu les*pattes de derrière plongées dans une
dissolution de cyanure ferroso-potassique, n’a également
vu qu’une seule fois la lymphe produire
des réactions indiquant la présence de métal, dont
le sérum du sang contenait aussi quelques traces,
mais moins sensibles.
M. Poiseuilie a bien voulu nous communiquer
la note suivante, qui vient à l’appui de quelques
unes des expériences précédentes, et contient
de plus quelques détails intéressants.
Sur une souris âgée de vingt-quatre jours, qui
avait mangé depuis une heure et demie (pain et
millet), une incision faite à la peau, sur la ligne médiane
de l’abdomen, et Une division des parois antérieures
de cette cavité , permirent à une portion
assez considérable des intestins de faire hernie ; on
disposa sur une lame de verre une partie des intestins
où les circulations artérielle , capillaire et vei