avec eux, quils leur en eussent même disputé
l’exclusive possession.
Tel était l’état de la science lorsque, le 7 août
1809, M. Magendie lut à l’Institut un Mémoire contenant
le résultat d’expériences faites par lui , de
concert avec M. Delille, et desquelles il conclut
que les vaisseaux lymphatiques ne sont pas toujours
la route suivie par les matières étrangères,
pour parvenir au système sanguin, mais que très
probablement il s’opère aussi une absorption
directe par les veines.
Deux ligatures furent appliquées sur une anse
d’intestin grêle d’un chien qui avait mangé beaucoup
de viande sept heures auparavant, et deux
autres le furent également sur chacun des lymphatiques
très blancs et très apparents qui en naissaient
: on coupa ces vaisseaux entre les deux ligatures,
et l’on s’assura que l’anse d’intestin ne communiquait
plus avec le reste du corps par aucun
ly mphatique ; quatre des cinq artères et des cinq
veines qui s’y rendaient furent liées et coupées de
la même manière ; enfin, on coupa les deux extrémités
de l’anse intestinale. Celle-ci n’eut plus dès
lors de connexion avec le corps que par une artère
et une veine, qui elles-mêmes furent isolées dans
une longueur de quatre travers de doigt, et dépouillées
de leur tunique celluleuse. On injecta
une petite quantité d’upas dans la cavité de cette
anse, qui, après avoir été enveloppée d’un linge
fin, fut replacée dans l’abdomen. Au bout de six
minutes, les effets généraux du poison se développèrent
avec leur intensité ordinaire, et tout se passa
comme si l'anse d’intestin eût été dans son état naturel.
La cuisse d’un chien fut détachée du tronc, de
manière à ménager l’artère et la veine crurales, qui
elles-mêmes furent fixées chacune sur un tuyau
de plume au moyen de deux ligatures, entre lesquelles
on les coupa circulairement, en sorte que
le membre ne communiquait plus avec le corps
que par l’intermédiaire du sang artériel et veineux
; de l’upas , introduit alors dans la partie,
produisit ses effets généraux dans le temps ordinaire
, c’est-à-dire au bout d’environ quatre minutes.
Cette dernière expérience a été répétée par
Emmert et Rapp, qui en ont obtenu les mêmes résultats
(1).
M. Mayer a également admis la faculté absorbante
des veines, conjointement avec celle des lymphatiques,
d’après une série d’expériences faites sur les
poumons de divers animaux. Du cyanure ferroso-
potassique ayant été injecté par la trachée-artère ,
les traces de ce sel furent aperçues beaucoup plus
tût dans le coeur gauche que dans le coeur droit,
(1) Meckel, Archiv, t. 4' f f 19aé