qu’on voyait ces vaisseaux au travers, et qu’il fut
impossible d’enlever les couches cutanées situées
au-dessus des lymphatiques. Vers l’aine et à la
partie interne de la cuisse, où les lymphatiques
s’étaient ramifiés jusque dans le tissu même de la
peau, on apercevait de prime abord des taches
grises qui, examinées avec soin, n’étaient qu’un réseau
de vaisseaux lymphatiques d’une extrême ténuité.
L’épiderme ayant été enlevé par la macération,
les lymphatiques se présentèrent à nu en tel
nombre qu’on n’aurait pas pu placer entre eux la
pointe d’une aiguille sans les intéresser (1).
Le second procédé a été mis en usage à Heidelberg,
par notre illustre ami le professeur Tiedemann;
à Strasbourg par M. Lauth; à Paris par M. le
professeur Cruveilhier (2) et par nous. Il consiste à
percer superficiellement le tissu cutané avec l’extrémité
d'un tube capillaire en verre ou en acier, de
façon à n’intéresser que l’épiderme, pour arriver
au réseau vasculaire situé entre cet épiderme
et le chorion. On obtient ainsi l’injection de réseaux
admirables de vaisseaux lymphatiques.
La disposition des réseaux de ce système vasculaire
du tissu cutané présente beaucoup d’analogie
avec celle des lacis artériels ou veineux.
Ces réseaux sont dépourvus de valvules complètes;
mais on y aperçoit des dilatations, des espèces de
(1) Loc. cit., p. i3.
(a) Anatom. de'script., t. 5 ; Paris, 1835.
lacs, autour desquels sont des branches vasculaires,
et c’est presque toujours dans les points de jonction
des branches principales de ces réseaux qu’on
découvre ces expansions du tube lymphatique.
Nous avons reconnu aussi que c’est moins à la
surface du derme, que dans son épaisseur, qu’on
rencontre de semblables dilatations.
L ’examen de ces réseaux nous a fait reconnaître
qu’ils envoient dans l’épaisseur des couches de l’épiderme
des prolongements ou de petites anses
qui dépassent le niveau des autres points du réseau;
mais jamais nous n’avons pu parvenir à voir
des orifices comparables aux points lacrymaux, et
jamais non plus il ne surgit de la surface de ces lacs
lymphatiques aucun ramuscule à extrémités libres.
Nous avions d’abord cru le contraire, mais nous
avions pris les anses vasculaires dont nous venons
de parler pour des racines détachées et solitaires.
Une circonstance digne de remarque, c’est que
le réseau des vaisseaux lymphatiques est plus superficiel
que le réseau vasculaire sanguin. Si, après
avoir injecté les premiers, on pousse une liqueur
très ténue jusque dans les capillaires sanguins,
on ne voit jamais ces derniers venir recouvrir
ou entrelacer les mailles formées par les vaisseaux
lymphatiques. Les résultats sont les mêmes si l’on
commence par injecter les vaisseaux sanguins;
seulement alors on éprouve plus de difficulté
pour faire parvenir le mercure dans les ramuscules
lymphatiques, qui sont plus ou moins comprimés