surface, même quand on les examine avec le microscope.
Nous ne pouvons donc pas admettre
qu’elles pompent autre chose que des substances
dissoutes, et cela au moyen des pores inaperceva-
bles qui existent entre les molécules de leur trame
organique. En particulier, il ne nous est pas permis
aujourd’hui de croire que les globules du
chyle y pénètrent tout formés, car leur volume
excède celui des globules du sang, que les lymphatiques
n’admettent point. D’ailleurs, puisqu’on les
voit eux-mèmes, on devrait pouvoir aussi découvrir
les ouvertures qui leur livreraient passage.
Cependant quelque près qu’on observe le chyle de
la surface interne de l’intestin , on le trouve déjà
tiouble, c est-à-dire charge de globules. D’où pro*
viennent donc ces globules ? Ne craignons pas de
dire qu’on l’ignore complètement. Deux hypothèses
les expliqueraient. On pourrait supposer, avec
M. Muller, qu’ils doivent naissanceà un mode spécial
d association des éléments des liquides absorbés, ou,
avec M. Doellinger, qu’ils sont dus à des molécules
détachées du tissu meme des lymphatiques.
Cette dernière opinion semble beaucoup moins
admissible que l’autre , quand on considère le volume
des globules du chyle, et leur quantité variable
suivant la nature des aliments. Ce qui prouve
d’ailleurs combien nous sommes loin encore de
posséder toutes les données nécessaires pour résoudre
ce problème compliqué et difficile, c’est
que, si la nature des aliments semble exercer de
l'influence; sur l’apparence physique du chyle, qui
est effectivement bien plus trouble et opaque chez
les mammifères carnivores que chez les herbivores
, d’un autre côté, cependant, on le trouve
le plus souvent limpide chez les oiseaux (1), quel
que soit leur genre de nourriture.
C’est à cette limpidité seule du chyle que M. Magendie
a sans doute voulu faire allusion, quand il
a dit (2) que s’il s’en rapportait à ses dissections,
les mammifères et quelques reptiles seuls auraient
un système chylifère et du chyle; car une telle proposition,
si générale et si exclusive, prise à la
lettre, ne peut sortir de la plume d’un physiologiste
aussi distingué. Du reste, M. Magendie ne dit
pas quels reptiles il a disséqués; mais la lymphe
est incolore dans la grenouille selon M.Muller (3),
blanchâtre dans la tortue et rougeâtre dans la
couleuvre suivant M. Panizza (4) ; la lymphe observée
par M.Muller provenait des cuisses; celle
dont parle M. Panizza avait été fournie par le
canal thoracique, et contenait par conséquent le
produit de l’absorption intestinale ou le chyle.
Très probablement l’action des lymphatiques
sur les substances du dehors est la même à toutes
(1) Muller, Physiologie, t. i , p. 54o.
(2) Précis ètèm. de phys., t. 2, p. 188.
(3 ) Physiologie, t. i,p. 245.
(4-) Sopra il systema linfatico deireltili, p. 3 j.