feste aucun de ses effets vénéneux, qu’on voit au
contraire apparaître dès qu’on enlève la ligature
de l’aorte. Cette expérience a été variée de la manière
suivante par Schnell (1); il lia l’aorte d’un
lapin entre les origines des artères mésentérique
supérieure et crurale, de manière que le sang ne
pût plus arriver à la patte ; il attendit ensuite quelque
temps pour que le sang de la patte revînt au
corps : alors il insinua de l’upas dans une plaie
faite à la cuisse; nul symptôme d’empoisonnement
ne se prononça; au bout de huit heures, il délia
l’aorte, et le poison produisit ses effets. Les mêmes
phénomènes ont été observés par Schabel (2) et
Westrumb (3).
Jusqu’ici les physiologistes avaient été fort embarrassés
pour expliquer les résultats de cette expérience.
M. Weber le fait par une série de suppositions
(4). Il admet que l’absorption s’opère
de deux manières, par une action mécanique des
vaisseaux, et par une attraction qu’exerce le liquide
contenu dans leur intérieur. Maintenant,
comme les expériences qui viennent d’être rap- 1 2 3 4
(1) Diss. sistory hisloriams veneni upas antiar.; Tubingue, i8 i5 ,
p. 3 i.
(2) De effectibus veneni radieum voratri albi et hclltbori nigri; Tubingue,
1817, p. 17.
(3) Physiologische Untersuchungen lieber die Einsaugungskraft der Denen
; Hanovre, i8a5, p. 52.
(4 ) De pulsu , resorptione au-litu et taclu annotaiiones; Leipsick, i8 3 4 .
in-4 °. f».
portées, établissent que certains poisons n’agissent
point quand la circulation se trouve interrompue,
tandis que cette circonstance n’empêche pas d’autres
substances de pénétrer dans l’économie, il
suppose que le premier des deux modes d’absorption
appartient aux lymphatiques seuls, qui
ne l’exercent que quand ils sont vides, et le second
à tous les vaisseaux, sanguins ou même lymphatiques
, pourvu qu’ils aient des parois minces ,
qu’un liquide remplisse leur intérieur, et que ce
liquide exécute un mouvement progressif. Mais
toutes ces hypothèses ne suffisant pas encore, il
suppose de plus que les lymphatiques continuent
à s’emparer des substauces du dehors lorsque l’interruption
de la circulation ne permet plus aux
veines de le faire, mais que, parmi ces substances,
les unes, telles que le cyanure ferroso-potassique,
parviennent à s’introduire jusque dans la grande
circulation, au lieu que d’autres, notamment celles
de nature végétale, sont arrêtées par les glandes
lymphatiques, qui les altèrent, les élaborent,des
dénaturent, et les privent ainsi de leur propriété
vénéneuse.
C’est là sans doute un des plus frappants exemples
de la facilité avec laquelle on admet les hypothèses
en physiologie, et même on les accumule
au besoin. Nulle difficulté ne saurait arrêter quiconque
est si prodigue de suppositions.
La force qui pousse la lymphe et le chyle dans