aisément soutenir que le sang passe dans les vaisseaux
lymphatiques et dans le canal thoracique.
Cependant, d’après les nouvelles recherches de
Muller, nous nous croyons fondés à élever des doutes
sur ce passage, et nous appelons l’attention
sur cette circonstance. M. le professeur Andral a
gardé une sage réserve sur la nature du liquide
coloré en rouge qu’on a observé dans le système
lymphatique ; nous l’imiterons, et avec lui nous
rappellerons que M. le professeur Magendie a
fait voir que, dans quelques circonstances, la
lymphe et le chyle offrent une teinte rouge assez
prononcée.
Nous terminerons notre exposé succinct des anomalies
et des principales altérations organiques du
système lymphatique, en rapportant un exemple
intéressant de ces altérations de tissu, et plus particulièrement
de celles des humeurs contenues dans
les vaisseaux. Ce fait a été observé et recueilli
à l’Hôtel-Dieu, par notre honorable confrère
M. Sanson aîné; et présenté par lui à l’Académie de
médecine, avec la pièce d’anatomie pathologique.
«Le 29 octobre au soir entra à l’Hôtel-Dieu et
fut couché dans le département qui m’est confié
(c’est M. Sanson qui parle), le nommé Mercier,
âgé de quarante-deux ans. La joue droite, les
paupières de l’oeil droit, les lèvres, et la partie supérieure
et droite du col étaient le siège d’un gonflement
considérable douloureux, avec rougeur légère
et comme é^sipélateuse de la peau. Au centre de ce
gonflement, on voyait un rassemblement de petites
vésicules remplies d’une sérosité jaunâtre et demi-
transparente, occupant un espace égal à celui
que recouvrirait une pièce de trois francs, et au
centre de ce rassemblement de vésicules une petite
plaque irrégulière , de deux lignes de diamètre
ou environ, laquelle était brunâtre et desséchée.
Le malade n avait eu ni nausées, ni vomissements,
ni douleur épigastrique , ni fièvre, ni irrégularité
du pouls, ni dispositions à la syncope. Il
attribuait l’invasion de sa maladie à l’action d’un
rasoir mal aiguisé , avec lequel il s’était écorché
en se rasant quatre jours auparavant. Pendant
la nuit, le gonflement, au dire du malade et
de l’élève qui l’avait vu au moment de son entrée,
diminua considérablement. Le lendemain, 3o octobre,
je vis cet homme pour la première fois : à
1 aspect de la tumeur, et avant de m’être approché
complètement de son li t , je crus reconnaître une
pustule maligne ; mais lorsque je fus arrivé auprès
du malade, je trouvai dans un examen plus attentif
des motifs de doute. La tumeur était réni-
tente, mais elle n offrait nulle part cette résistance
emphysémateuse de la pustule maligne, si facile
a reconnaître quand on l’a une fois rencontrée.
La plaque brune du centre n’avait aucun des caractères
de 1 escarre, et ressemblait parfaitement
à une excoriation desséchée; en effet, c’était là