que les lymphatiques ne prennent pas tout sans
distinction, qu’ils font uu. choix parmi les substances
qui leur sont offertes, et que même, dans
le nombre de ees substances, il en est fort peu qui
n’éprouvent de leur part une modification dont
nous ne connaissons pas non plus le mécanisme.
Ce qui l’est encore, c’est que cette faculté n’a
rien de commun avec aucune des forces qu’on
voit agir dans les corps organiques. Ce qui l’est
également, c’est quelle se dissipe avec moins de
promptitude que les autres facultés organiques,
qu’en particulier elle persiste souvent encore après
l’abolition de l’irritabilité musculaire, et même
l’extinction de la chaleur vitale. Cruikshank, Walter
et M. Muller ont nié ou nient encore que les lymphatiques
absorbent après la mort; mais les dénégations
pures et simples, même venues de haut, ne
peuvent rien contre des affirmations. Or, Mascagni
assure avoir observé plus d’une fois ce genre
d’absorption ; il ajoute même quelle a ordinairement
lieu dans un laps de temps qui varie de
vingt-six à quarante-huit heures chez les enfants
et les jeunes gens, et ne dure pas plus de six à huit
heures chez les adultes. Schreger dit l’avoir remarquée
sur un enfant mort depuis quarante heures ;
Soemmering , sur un phoque tué depuis deux jours;
Ontyd (1), sur un dauphin et d’autres animaux
chez lesquels toute chaleur était éteinte. « Après
(1) Diss, de causa absorplionis per vasa lymphatica , p. 3o.
»avoir vidé par la compression un ou plusieurs
« vaisseaux chylifères chez un animal récemment
» mort, dit M. Magendie (i), on les voit se rem-
» plir de nouveau : on peut répéter plusieurs fois
» de suite cette observation ; je l’ai faite souvent
» deux heures après la mort de l’animal. » Mon
honorable confrère pense qu’on peut conclure de
là qu’il y a quelque chose de physique dans l’absorption
du chyle. Cependant tous les tissus ne
meurent point à l’instant précis où cesse la vie individuelle,
et l’on conçoit qu’il doit y avoir une différence,
eu égard à la promptitude avec laquelle les
conditions de la vie s’évanouissent dans chacun
d’eux, suivant l’âge des sujets, suivant aussi que
ceux-ci succombent à une violence soudaine ou à
une maladie par laquelle les ressorts de leur organisme
ont été plus ou moins minés.
M. Weber a proposé, pour expliquer l’absorption,
tant des veines que des lymphatiques, une
hypothèse dont 1^ éléments lui ont été fournis
par l’expérience suivante d’Emmart (a) :
Si on lie l’aorte abdominale d’un animal, et
qu’après avoir pratiqué deux incisions à la patte,
on introduise dans l’une du cyanure ferroso-po-
tassique, dans l’autre de la fausse angusture, les
réactifs ne tardent pas à signaler la présence du
cyanure dans l’urine, mais l’angusture ne mani-
(1) Précis élémentaire de physiologie, t. 2, p. 180.
(2) Meckel, Archiv,, t. J , p. 178, 179.