rent de charrier une liqueur blanche, et ceux de la
seconde, qui jusqu’alors avaient été transparents,
devinrent blancs à leur tour ; mais le sang tiré des
veines qui émanaient de l’une et de l’autre ne
contenait pas la moindre trace de lait.
L expérience, répétée sans appliquer de ligatures
sur les veines mésentériques , donna le même résultat.
Les anses intestinales furent comprimées
entre les doigts avec une force graduellement
Croissante, et jusqu’au point d’en déterminer enfin
la rupture ; le sang des veines ne changea pas non
plus de couleur. Sur une brebis qui n’avait pris
aucun aliment depuis plusieurs jours, et à l’ouverture
du ventre de laquelle les vaisseaux lactés se
montrèrent pleins d’une humeur limpide , quelques
anses d’intestin furent injectées d’ichthyo-
colle teinte eja bleu, liées ensuite aux deux bouts,
et replacées dans l’abdomen ; lorsqu’on les retira',
quelque temps après , les vaisseaux chylifères
avaient uneteinte bleue, mais le sang conservait la
couleur ordinaire, et, même après sa coagulation,
le sérum ne parut pas bleu. Du lait chaud, injecté
par 1 artère de ces rnemes anses, revint parfaitement
blanc par la veine correspondante, et, en ouvrant
l’intestin, on reconnut qu’il ne s’y étaitpoint
épanché de lait. Cette dernière expérience, répétée
sur d autres brebis, et avec divers autres liquides,
eut constamment la même issue. Une solution
aqueuse et chaude de musc fut injectée dans une
anse d’intestin d’un âne, que l’on remit ensuite en
place j quelque temps après, les vaisseaux chylifères
donnèrent un liquide ayant manifestement l’odeur
du musc, que ne portait point au contraire le
sang tiré des veines.
Ces expériences fort incomplètes, diversement
reproduites par Hewson , Sheldon et Cruikshank,
furent considérées comme établissant que. dans le
tube intestinal au moins, la faculté absorbante appartient
aux vaisseaux lactés, et n’est exercée que
par eux seuls.
Jusqu’alors on ne s’était occupé que de l’absorption
intestinale, et l’induction seule avait fait admettre
que les lymphatiques généraux partagent
avec ceux du mésentère la propriété d’introduire
dans l ’économie des substances venues du dehors.
Schreger entreprit de le démontrer parla voie expérimentale
(î).
Ayant plongé les pieds d’une femme qui portait
à la malléole interne une plaie provenant de la
blessure d’nn lymphatique, dans de l’eau musquée
et dans un mélange d’eau et de lait, il vit, dans le
premier cas, la lymphe s’écouler avec une odeur
de musc, que ne partageait pas le sang tiré d’une
veine du coude-pied, et, dans le second, la lymphe,
qui jusqu’alors avait été limpide,^prendre uneteinte
blanchâtre. Le même effet eut lieu en frottant les
orteils de cette femme avec de l’essence de téré-
(i) De functione placent, utérin., eli. a, p, 4.