dit avoir vu une sanie ichoreuse dans des lymphatiques
se rendant d’un organe cancéreux aux
ganglions qui commençaient à le devenir. A ce
sujet, il fait remarquer que la promptitude delà propagation
des cancers utérins aux ganglions pelviens
tient surtout à ce que les plexus lymphatiques
sont nombreux dans cette région.
Assez fréquemment les ganglions affectés consécutivement
de la dégérescence encéphaloïde prennent
plus de volume que l’organe qui est le siège primitif
de l’affection. Cette remarque a été faite par
Cruikshank ; il dit avoir rencontré, dans le bassin
d un individu affecté de sarcocèle, une masse cancéreuse
formée par des ganglions dégénérés, qui
avaientle volume delà tête d’un enfant nouveau-né
Dans une même région , les ganglions affectés
consécutivement ne le sont pas toujours à la même
époque et avec la même intensité ; c’est ainsi que,
dans les cas de cancer des mamelles, on voit quelquefois
sous l’aisselle tous les degrés de la dégénérescence,
depuis la simple granulation jusqu’au ramollissement
cérébriforme.
Les modifications que le tissu des ganglions
peut éprouver, entre ces deux extrêmes, sont nombreuses
et variées; les décrire serait sortir de notre
sujet.
Mélanose. — Les ganglions sont plus sujets à la
mélanose qu’on ne l’a cru jusqu’à présent. Un
grand nombre de tumeurs noires, observées aum
trefois, n’étaient sans doute formées que par des
ganglions dans un état de mélanose. M. Cru-
veilhier- (i) a eu occasion d’observer la matière
mélanique dans le tissu des ganglions lombaires ;
quelquefois elle se dépose à leur surface , les embrasse,
et, sans pénétrer leur tissu , les comprime
et semble pour ainsi dire les atrophier. Une
disposition analogue à celle que nous venons
d’indiquer a été vue sur les ganglions lymphatiques
d’une femme chez laquelle la mélanose semblait
avoir envahi tous les tissus (a). Les ganglions
bronchiques eux-mêmes en étaient environnés.
Nous avons observé un grand nombre de fois la
dégénérescence mélanique dans les divers tissus
de l’homme et des animaux. Chez les chevaux surtout,
et particulièrement ceux qui ont le poil gris
ou blanc, cette altération est fort commune. Dans
un cas, nous avons reconnu, avec M. Andral, que
les masses noires étaient non seulement hors des
vaisseaux, mais particulièrement dans la cavité
des veines. Plusieurs fois, sur ces mêmes animaux,
nous avons vu que tous les ganglions lymphatiques
du bassin, du pourtour de l’anus et du
mésentère, étaient le siège de la dégénérescence
noire.
Sur plusieurs chevaux nous avons trouvé tous
les ganglions abdominaux envahis par des tumeurs
(1) Anal. palhol., t. 1, p. 92.
(2) Alibert, Nosologie naturelle, t . 1, p. 554*