Au rapport de Ruysch (1), un médecin ayant
ouvert un bubon, il s’écoula pendant plusieurs
jours une telle quantité de sérosité , qu’on fut
obligé de recourir à la compression. Ce cas, inscrit
sous le titre de plaie des vaisseaux lymphatiques,
mérite-t-il ce nom, et a-t-on bien constaté
la lésion du vaisseau? Le nom de Ruysch est la
seule garantie que nous puissions offrir; on voit,
dans le chapitre consacré à la partie physiologique
de notre sujet, que M. Muller a observé un fait
du même genre.
Tout ce que l ’on sait de positif sûr les phénomènes
locaux des plaies, même des lymphatiques
superficiels, se borne à quelques indications vagues.
On est donc porté à n’accepter qu’avec défiance
tout ce qui a été dit sur les plaies du canal thoracique
et sur les conséquences de ces blessures.M. Otto (2)
en explique le danger par l’épuisement qui résulte
de l’épanchement des fluides nutritifs. Nous nous
bornerons à dire que les plaies dans lesquelles
le canal thoracique est intéressé, sont tellement
graves par l’importance de toutes les parties lésées.,
que la mort doit arriver avant que les malades
puissent ressentir les effets de l’épuisement, ou
même avant qu’une fistule chyleuse puisse s’établir
et s’organiser.
La rupture des vaisseaux lymphatiques a été
(1) Opera omnia, obs. 4*-
(2) Handbuch der palholog. Anal, p: <*14.
plutôt supposée qu’observée. En la croyant produite
dans les ganglions eux-mêmes, Ackermann ( 1 )
lui attribuait les scrofules; et c’est par la rupture.
des vaisseaux lymphatiques du poumon que
Morton (2) expliquait le développement de la
phthisie, Certainement Brambilla(3j et Lentin (4)
n’auraient pas regardé la rupture des lymphatiques
comme l’origine de différentes tumeurs qu’ils
ont eu occasion d’observer , si, de leur temps, les
connaissances acquises sur les diverses dégénérescences
des tissus eussent été portées au point où
elles le sont aujourd’hui.
Il en a été des affections du système lymphatique
comme de toutes les autres maladies; les travaux
des modernes surcét important appareil vasculaire
appelèrent l’attention de tous les médecins ,
et chacun voulut porter sa pierre à l’édifice. On
crut voir partout des affections lymphatiques, et
comme l’anatomie pathologique était encore au
berceau, les hypothèses tinrent lieu d’observations
exactes. On rapporta aux vaisseaux lymphatiques,
à la lymphe, une foule de maladies qui
leur sont étrangères ; on leur donna des noms nouveaux
; la langue médicale prit de l’extension, sans
(1) Dissert, de scrofulis.
(2) In physiologia, et R. Vieussens, Nnum vçsorum cerporis humani
systema-, Amst.elod., ijoS.
(5) Aria Jcc.demiæ medico-chirurgicçe milit Viennensis, I. 1 , p. iS
et 17.
(4) Additions à ta médecine pratique, vol. i, p. 5: 2-332