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trois, quatre, cinq ou six troncs, ils donnent naissance
à la citerne de Pecquet.
On désigne sous le nom de chyle le liquide
charrié par les vaisseaux lymphatiques dans le canal
intestinal pendant la digestion. Frappés de sa
teinte, ordinairement plus ou moins blanchâtre ,
les premiers anatomistes l’avaient comparé à du
lait ; de» là l’épithète de lactés donnée aux vaisseaux
lymphatiques intestinaux dans lesquels on
le rencontre.
Le chyle, limpide chez les oiseaux, et un peu
trouble chez les mammifères herbivores, l’est toujours
beaucoup chez les carnivores. Ce trouble
paraît dépendre de globules suspendus en très
grand nombre.
M. Leuret et Lassaigne disent que ces globules
sont ronds chez les oiseaux, tandis que ceux du
sang sont elliptiques. Chez les mammifères aussi, au
lieu d’être plats, comme ceux du sang, ils sont
arrondis. C’est ce qui résulte des observations microscopiques
de M. Muller sur le lapin , le chat,' le
chien, le veam et la chèvre. D’après Hewson, ils
sont plus petits que les globules sanguins. Leur
diamètre est de ! 7*799 de pouce d’après MM. Prévost
et Dumas. M. Muller les a trouvés tantôt égaux
à ces derniers, comme dans le chat, tantôt et le plus
souvent un peu plus petits, comme dans le veau,
le chien et la chèvre : chez le chien, ils varient
beaucoup de grosseur, mais la plupart sont fort
petits; dans le lapin, quelques uns dépassent le
volume des globules du sang, mais le plus grand
nombre n’en font que la moitié ou les deux
tiers.
Les globules peu abondants de la lymphe doivent
ou provenir de la décomposition normale des
organes ou se former dans la lymphe. Mais pour
ceux du chyle, il n’y a pas de preuve qu’ils se forment
dans les vaisseaux lactés : car ils devraient
naître dès l’origine de ces derniers, puisque le
chyle des lymphatiques superficiels de l’intestin
du veau en a déjà offert à M. Muller; cependant
des ouvertures capables de leur livrer passage n’échapperaient
pas à nos moyens d’observation.
Il y a donc sur ce point une obscurité que nous
ne pouvons encore dissiper.
Le chyle est d’un gris jaunâtre et plus souvent
blanchâtre chez les mammifères qui vivent de
matières animales. Ce n’est que par exception
qu’on le trouve rougeâtre, comme dans le canal
thoracique du cheval. Cette teinte, déjà remarquée
par Elsner, et observée depuis par Emmert, Reuss,
Hallé, Autenrieth, Werner, et une foule d’autres
expérimentateurs, a été attribuée par MM. Tiedemann
et Gmelin à une certaine quantité de matière
colorante du sang, parce que l’acide hydrosulfurique
la fait tourner au vert. Quelques personnes
ont comparé l’odeur du chyle à celle du
sperme humain ; il a une saveur alcaline.