on a essaye de suppléer à l’observation et à J’ex-
périment par des hypothèses, d’où est résultée une
grande variété d’opinions. Pour dégager cette partie
de la science de l’organisme de l’obscurité dans laquelle
elle est plongée, il faut examiner s’il est possible
de représenter, à l’aide d’opérations anatomiques,
les vaisseaux lymphatiques aussi nettement
qu’on démontre dans la profondeur des tissus les
dernières* distributions des vaisseaux sanguins.
M. Fohmann a , par d’importants travaux ( i ) ,
puissamment contribué à porter la lumière sur
plusieurs points fort obscurs de cette branche de
l’anatoniie, et nous avons aussi cherché à payer
notre tribut par nos études sur le tissu cutané (a).
La présence des vaisseaux lymphatiques dans
presque tous les tissus du corps humain a fait
penser que ces canaux sont généralement répandus.
C’était l’opinion de Mascagni. Cependant nous
verrons qu’il n’en est pas tout-à-fait ainsi.
Les premières observations exactes et suivies
sur les vaisseaux lymphatiques ont été faites sur le
canal intestinal par Aselli, qui supposait à leur
origine des pores absorbants ou des suçoirs. Cette
opinion fut celle qui réunit le plus de suffrages,
même après la découverte des lymphatique; , qu’on
fit naître ainsi de toutes les surfaces muqueuses,
(1) Mémoire sur les vaisseaux lymphatiques de la peau , les membranes
muqueuses, séreuses du tissu nerveux et musculaire . etc. ; Liège, i 833.
(a) Nouvelles recherches sur la structure de ta peau, par G. Breschet et
Roussel de Vanzème Paris, i 835.
de toutes les cavités contenant une liqueur, de
tous les vaisseaux artériels ou veineux, et des canaux
excréteurs.
Quelques anatomistes ayant observé, dans les
injections un peu délicates des cadavres, que la
substance injectée passait des artères dans les vaisseaux
lymphatiques, se sont cru en droit d’admettre
que ces vaisseaux tirent leur origine des
artères, et communiquent avec elles (1).
Du mercure, de la colle animale colorée, ou de
l’eau diversement teinte, ayant été injectés dans les
artère! du canal alimentaire de l’homme, du cheval,
des oiseaux, de la tortue, de la salamandre, delà couleuvre,
etc.,M.Panizzan’a jamais vu l’injection paraître
dans les vaisseaux lymphatiques. Chez le chien,
cependant, en opérant sur les artères des diverses
portions du canal intestinal, et particulièrement sur
celles du rectum, où les lymphatiques sont très
nombreux, à mesure que le liquide se manifeste
dans les capillaires sanguins, on le voit assez
fréquemment apparaître aussi dans divers lymphatiques,
sans la moindre trace d’extravasation. La
même chose a lieu , et avec plus de facilité encore
, dans l’injection du système artériel de quelques
portions d’intestin grêle du porc, et les vaisseaux
lymphatiques qui se montrent alors sont
tellement grêles, qu’ils semblent presque être la
(i) Cowper, — Senac , — Heisler, — Cheselden , — Ferrein , — Tarin
, etc