était rempli de lymphe; celle-ciy était apportée par
un vaisseau lymphatique considérable, qui, né du
canal thoracique, un peu au-dessous de l’endroit
où commençait l’oblitération de ce conduit, allait
s’ouvrir dans celui-ci à quelques lignes au-dessus
du point où sa cavité renaissait (i).
Il est souvent dit que du pus a été rencontré dans
les vaisseaux lymphatiques, que sa présence résulte
ordinairement d’une inflammation idio^lthique,
mais qu’on n’a cependant pas toujours la preuve
de l’existence d’une phlegmasie. Le cas le plus
ordinaire est la coïncidence d’un foyer purulent
dans tel ou tel point du corps avec lequel les
vaisseaux lymphatiques ont été en contact. Du-
puytren a cité dans ses leçons cliniques le cas
d’une femme portant une tumeur énorme à la partie
supérieure de la cuisse, avec fluctuation, à
l’examen de laquelle , une incision étant faite à la
peau,-au niveau de la tumeur, on fut très surpris
d’apercevoir des points blancs sur les lèvres de l’incision;
puis on vit le tissu cellulaire sous-cutané
parcouru par des vaisseaux lymphatiques volumineux
et gorgés de pus, disposition qui se prolongeait
jusqu’aux ganglions lombaires.Le canal thoracique
était cependant dans son état naturel (2).
Dans un cas observé à l’Hôtel-Dieu deTaris , on
dit avoir trouvé, à la suite d’une fracture compli-
(1) Précis d’anatomie pathologique , p. 441*
(2) Cruveilhier, Essai sur t’anat. patlioL, t. i, p. 200.
quée d’abcès considérable , du pus dans les vaisseaux
lymphatiques qui se distribuaient aux parties
malades (1).
Quelquefois la présence du pus dans les vaisseaux
lymphatiques coïncide avec une suppuration
d’organe parenchymateux. M. Andral (2) ayant
reconnu sur un cadavre une énorme suppuration
dans les reins, s’assura que le canal thoracique, rouge
et enflammé, contenaitdupusjusqu auprèsdeson
embouchure dans la veine sous-clavière. M. Gen-
drin, en faisant l’atitopsie d’une femme morte
de péritonite, trouva le canal thoracique enflammé
; ses parois étaient épaisses et rouges ; sa
membrane interne offrait un aspect toumnteux; sa
cavité était distendue par du pus. Une inflammation
des veines peut se compliquer de l’existence
du pus dans les lymphatiques (3). Une femme
succombe vingt-six jours après un accouchement
naturel; l’ouverture du cadavre ne laisse aucun
doute sur l’inflammation des veines, et on croit
en même temps reconnaître la présence du pus
dans les lymphatiques. Les ganglions du bassin
étaient gonflés et les lymphatiques correspondants
gorgés de pus, dont le canal thoracique lui-même
contenait une certaine quantité (4).
(1) Magendie, Physiol. t. 2, p. 218.
(2) ' Archives générales de médecine, t. 7, p. 502.
(5) Histoire anatomique des infl,, t. 2, p: 86.
‘ (4) Velpeau, Recherches sur ta phlegmatia alba dolens ; Archiv. méd.,
t. 6 , p. 220.