Quelque temps après sa sortie des vaisseaux, il se
coagule de lui-même. ReussetEmmert, MM. Tiedemann
et Gmelin ont reconnu que sa coagulabilité
augmente à mesure qu’il avance dans le système
lymphatique, de sorte qu’il ne se coagule point à sa
sortie des vaisseaux lactés, et même quelquefois
encore assez rarement après avoir traversé le plexus
mésentérique. Cependant quelques faits observés
par M. Fohmann sont contraires à cette opinion,
que ne partagent pas non plus MM. Leuret et
Lassaigne. Le caillot est produit par la fibrine
qui passe à l’état solide, entraînant avec elle une
partie des globules. Le sérum est une dissolution
d’albumine, tenant encore une certaine quantité de
ceux-ci en suspension. En même temps, il s’élève
à la surface une couche formée par des particules
de graisse. Le caillot du chyle tiré du canal thoracique
devient fréquemment, lorsqu’on le laisse à
1 air libre, plus rouge que ne l’était auparavant le
chyle lui-même. Emmert, en comparant le chyle
du réservoir de Pecquet, de la partie moyenne et de
la partie supérieure du canal thoracique du cheval,
a trouvé que l’action de l’air changeait peu le chyle
laiteux des lymphatiques intestinaux, tandis qu’elle
faisait prendre une teinte rougeâtre à celui de la
citerne, qui se coagulait aussi en partie ; que celui
de la partie supérieure du canal thoracique prenait
à l’air une couleur assez voisine de celle du
sang artériel, et donnait un caillot plus volumineux
et plus consistant; que le sérum du chyle de la citerne
et des gros troncs lactés était épais, trouble et
chargé de globulesblancs, tandis que celui du chyle
du canal était limpide et sans globules visibles à
l’oeil. M.Magendie assure quele chyle provenant des
matières alimentaires q(ui contiennent peu ou point
de graisse, est moins blanc, mais plus opalin, et qu’il
se rassemble moins de crème à sa surface ; qu’au
contraire celui qui provient de substances animales
ou grasses est blanc et bientôt couvert d’une
épaisse couche de crème. MM.Tiedemann et Gmelin
ont confirme ces divers résultats par leurs expériences
sur la digestion. Seulement ils n’attribuent
le trouble du chyle qu’à la suspension de particules
de graisse très divisées, tandis que M. Muller le fait
dépendre aussi des globules particuliers dont il a
été parlé plus haut.
Nous n’insisterons pas davantage sur les caractères
du chyle ? qui appartiennent plus à l’histoire
de la digestion qu’à celle du système lymphatique.
Ce qu’il nous importait d’établir, c’était l’analogie
et la différence entre ce liquide etla lymphe.
Tous deux ont cela de commun qu’ils contiennent
des globules ; mais il y en a peu dans la lymphe
et beaucoup dans le chyle, qu’ils rendent blanchâtre.
L un et l’autre contiennent aussi de la fibrine
dissoute, mais il paraît y en avoir moins dans
le chyle que dans la lymphe, d’après les observations
de MM. Tiedemann et Gmelin, à l’égard des