fonction du système lymphatique, celle de ramener
dans la masse générale des liquides les matériaux
usés et mis hors de service de la trame des
organes. On ne peut guère douter qu’il n’en
jouisse, puisqu’elle a pour résultat des phénomènes
d’absorption. Peut-être même trouverait-on là l’explication
des globules spéciaux dont M. Muller a
constaté la présence dans la lymphe, avec laquelle
il les a suivis jusque dans le sang. Mais le système
lymphatique exerce-t-il cette fonction à lui seul, ou
bien la partage-t-il avec les capillaires veineux ?
Dans un point de physique animale qu’enveloppent
tantet.de si épaisses ténèbres, on ose à peine
hasarder des conjectures. Les effets de la ligature
du canal thoracique en autoriseraient peut-être
quelques unes. Cette ligature est mortelle toutes les
fois que le tronc commun du plus grand nombre
des lymphatiques ne communique point avec d’autres
veines que la sous-clavière; la mort arrive au
bout de cinq ou six jours, suivant Dupuytren, neuf
à dix d’après Astley Cooper, et quinze selon Du-
verney, Ne pourrait-on pas, par des expériences
faites sur des animaux, en comparant le temps nécessaire
pour amener la mort, d’un côté par l’abstinence
forcée, et de l’autre par la ligature du canal
thoracique, obtenir des données qui répandraient
quelque lumière sur la portée du rôle que
le système lymphatique joue dans la nutrition des
organes? M. Magendie dit qu’il lui a semblé que
la quantité de la lymphe augmente à mesure que
le jeûne se prolonge. Un tel fait, qui d’ailleurs
nous paraît plus que probable, aurait trop déportée
pour qu’on ne s’empresse pas de l’étudier jusque
dans ses plus minutieuses circonstances.
Les physiologistes ne se sont pas montrés avares
d’hypothèses pour expliquer l’introduction des liquides
dans les vaisseaux lymphatiques, ou, en
d autres termes, l’absorption; successivement ils
ont admis une succion analogue à celle qu’exercent
les sangsues ou les ventouses, une imbibition
du genre de celle qu’éprouvent les éponges plongées
dans l’eau, une attraction tantôt physique et tantôt
chimique ou mixte , la compression du chyme
par le resserrement de l’intestin, une sensibilité
propre et une contractilité organiques insensibles
gratuitement admises dans des bouches absorbantes
qui n étaient pas moins arbitrairement
supposées, enfin, une sorte d’action électrique
plus ou moins rapprochée de celle à laquelle,on
attribue les phénomènes d’endosmose et d’exosmose.
Quelques unes de ces théories ne méritent
pas même qu’on s’y arrête, et aucune n’est satisfaisante.
Les radicules des lymphatiques ne se
montrent pas plus passives que ne le sont les
spongioles placées à l’extrémité des racines dans
les végétaux; mais nous ne savons pas plus comment
les unes agissent que comment les autres se
comportent. Ce qui est certain seulement, c’est