Ce que nous trouvons de plus positif dans
les altérations de la lymphe, c’est son mélange
avec des liquides normaux recrémentitiels ou ex-
crémentitiels, ou avec des liqueurs morbides formées
accidentellement, puis introduites dans le
système lymphatique.
Nous n’ajouterons qu’un mot à ce que nous
avons déjà dit sur le pus contenu dans les vaisseaux
lymphatiques. Tantôt ce liquide est de bonne
nature, c’est-à-dire blanc , homogène, comme
crémeux ; tantôt il a tous les caractères d’un
liquide sanieux. Du pus ainsi altéré s’est offert
à l’observation de M. Lauth père, dans le canal
thoracique d’un individu affecté d’une gangrène des
extrémités inférieures.
On trouve souvent de la bile dans les vaisseaux
lymphatiques du foie ; nous en avons déjà parlé
précédemment. M. Andral dit avoir souvent observé
une teinte jaune très prononcée dans la lymphe
du canal thoracique, chez des individus ictéri-
ques. Voici ce que dit Cruikshank (i) relativement
à la présence de la bile dans les vaisseaux lymphatiques
: « Quand des pierres biliaires bouchant le
canal cholédoque ou le conduit cystique ont empêché
la bile de couler dans les intestins, et que
la vésicule du fiel est excessivement distendue, on
trouve les vaisseaux lymphatiques de ce réservoir
pleins de bile. >>
(i) Anatomie des vaisseaux absorbants, p. 8 (trad. de Petit-Radel).
Tout ce qu’on savait jusqu’à présent sur le passage
du sang dans les vaisseaux lymphatiques se
bornait à quelques observations paraissant démontrer
la présence de cette humeur dans le canal thoracique.
Sabatier (1) s’étant borné à dire qu’il avait vu
trois fois le canal thoracique contenir du sang, on ne
sait quelle valeur il faut donner à ses observations.
Sur un sujette canal étaità moitié plein d’uneliqueur
assez fluide, toute semblable, pour la couleur et
pour la consistance -, au sang qui se trouvait dans
la veine azygos. Dans les deux autres cas, le sang
contenu était coagulé.
Mascagni raconte que , sur deux cadavres dont
la poitrine offrait un épanchement sanguin, les
vaisseaux lymphatiques de la surface externe du
poumon étaient gorgés de sang. Sur un troisième
sujet, mort subitement, on trouva la rate déchirée,
un vaste épanchement de sang dans l’abdomen, et
tous les vaisseaux lymphatiques gorgés de sang.
Soemmerring (2) parle de cas analogues, et dit
que les vaisseaux absorbants contenaient une lymphe
sanguinolente ; ces derniers mots sont à remarquer.
Avec des noms comme ceux de Sabatier, Soemmerring,
Mascagni, Cruikshank, etc., on pourrait
(1) Remarques sur le canal thoracique ; Hist. de l'Académie des sciences,
an 1780, p. 609.
(2) De xnorb. vas. absorb, , p. 4o .