CHAPITRE III.
PHYSIOLOGIE.
D es f o n c t io n s d u s y s t è m e l y m p h a t iq u e .
Le système lymphatique étant demeuré inconnu
aux anciens, je n’ai point à m’étendre sur les opinions
qu’ils professaient eu égard aux fonctions
remplies dans 1 économie animale parles vaisseaux
particuliers qui le constituent. Je ne puis néanmoins
les passer tout-a-fait sous silence, attendu
qu’elles influèrent singulièrement sur la marche
des idées et même sur la direction des recherches
anatomiques , à l’epoque ou un hasard heureux
amena la découverte de cet important appareil
d’organes.
Hippocrate attribuait aux veines la faculté d’absorber
dans l’air ambiant et dans le tube intestinal
: Galien pensait que les aliments sont absorbés
par les veines mésentériques, qui les portent au
foie, chargé de les convertir en sang.
Avec le temps,cette doctrine acquit un tel empire
sur les esprits, qu’au dix-septième siècle elle
entrava les progrès de la science, en détournant les
anatomistes de chercher à compléter l’histoire des
vaisseaux lactés, et les enfermant dans un cercle
étroit, où il ne s’agissait que de concilier la découverte
d’Aselli avec une hypothèse qu’on semblait
craindre même d’examiner.
H y avait donc alors dëux traditions considérées
comme autant d’articles de foi, celle de l’absorption
exclusive par les veines, et celle de la production
du sang par l’organe hépatique.
Cette dernière fut facile à soutenir jusqu’au
moment où Pecquet montra que les vaisseaux
lactés n’aboutissent point au foie, mais aux veines
sous-clavières. Il suffisait pour cela d’interpréter
d’une manière arbitraire les faits récemment acquis,
au lieu de les étudier et de les multiplier
par de nouvelles observations. C’est ce que fit
Aselli.
Quant à la première, à moins d’admettre un
partage qui ne vint d’abord à l’esprit de personne,
on ne pouvait la défendre qu’en regardant les
vaisseaux chylifères comme des veines spéciales,
sorte de terme moyen dans lequel se retrancha
Gassendi (ù), ou en niant tout simplement leur existence,
conduite pour laquelle il sera toujours à
déplorer qu’un observateur tel que Harvey, victime
lui-même de tant de persécutions , ait pu se
décider, mais qui n’étonne pas de la part d’un
homme aussi passionné que Riolan.
Les principaux défenseurs de l’absorption par
les veines furent Swammerdam , Boerhaave,
P.-F. Meckel l’ancien et Monro.
(j.) Vit a. Peiresci, in Op• omn., vol. 5.