seule une valeur suffisaiilc, et ne doit être employée qu’avec le caractère tiré de la
disposilion et de la forme des stomates.
Aucun caraclère, réduit à lui seul, n’a une valeur absolument constante. C’est
pour cela que je n’ai voulu imposer aucun nom caractéristique à mes groupes, parce
que, dans tous les cas d’anomalie, ces noms deviennent inexacts et capables d’induire
en erreur. S’il m’arrive quelquefois de désigner le quatrième groupe par le
nom Hyemalia, c’est simplement parce que la principale espèce de ce groupe est
\'E. hyemale, et que les espèces qui le composent jouissent seules de la propriété
de pouvoir passer l'hiver, quelques-unes sans abri, d’autres un peu abritées.
Je n’ai pu adopter le principe de division d’après lequel M. Al. Braun partage encore
les Equisetum en sections principales ; d» S p e ir o p o r a , stomates disséminés dans les
sillons: 2“ S t ic h o po r a , stoMiaies disposés en lignes [Sill. Journ., p. 83), d’abord parce
que, comme Font fait remarquer M.M. Dôll {Fl. Bad., p. 57, note), Bernoulli {Gef.
Krypt. Schw., p. 65) el Milde {Syst. Eq., p. ■140), les stomates, déjà presque disposés
en lignes sur l’B. arvense, le sont tout à fait sur les B, sylvaticum el pratense, et surtout,
à mon avis, parce que dans ce principe de division ne rentre pas l ’B . maxi-
mum;àonl les entre-noeuds ne présenlent point de stomates.
En comparant les espèces du genre Equisetum et la valeur des caractères qui ont
servi à les établir, il est impossible de ne pas être frappé de ce fait, que ces espèces
n’ont pas toutes la même valeur, ou, si l’on veut, le même degré de spéciéité.
L'E. maximum, par l’absence de stomates et de chlorophylle sur les entre-noeuds,
par la gaîne du premier entre-noeud des rameaux, par la structure et la forme de ses
rameaux eux-mêmes, est un type en dehors des autres et sans intermédiaire qui le
rattache à eux. Ses tiges stériles offrent si complètement la structure des entre-noeuds
des tiges spicifères propres, qu’on serait facilement porté à les considérer comme des
tiges essentiellement spicifères qui accidentellement n’ont pas abouti; et la présence
d’épis sur ces tiges rameuses, l’apparition de rameaux sur les tiges spicifères, si fréquentes
dans certaines contrées, viendraient à l’appui de celle hypothèse. Quoi qu’il
en soit, et sans rien préjuger, il est permis de placer celte espèce dans une section à
part et en avant de toutes les autres.
L ’B . sylvaticum est un type très-distinct; mais un intermédiaire, l’B . pratense, le
relie à l’B . arvense.
Celui-d, à son tour, est une espèce de premier ordre, mais non isolée, et qui s’allie
dans un sens à l’B. sylvaticum par l’B . pratense, et, dans l’autre, par l’B . littorale à
l’B. limosum, lequel est lui-même un type très-beau et très-distinct.
Arrivé là, on retrouve à l’extrémité de celte série d’espèces l’B. palustre, type
presque égal à l’B . maximum et presque aussi isolé que lui.
Le quatrième groupe, Hyemalia, se distingue des autres par des caractères si essentiels
et si tranchés, qu’il est sans intermédiaire avec eux el s’en tient à grande distance.
Mais les espèces qui le composent, comparées les unes aux autres, sont extrêmement
voisines et si inlimement unies qu’elles ne se distinguent plus que jtar des caractères
de second ordre. Elles ne sont évidemment que des modifications d un type primitif,
modifications devenues permanentes par la continuité d’action des causes qui les.ont
déterminées. Si nous no pouvons pas nier la persistance de différences qm les distinguent
suffisamment, si nous ne pouvons pas par nos expériences effacer, m même
notablement affaiblir ces caractères différentiels consolidés par la force invétéree de
l’atavisme et corroborés par le nombre prodigieux de générations qui se sont ecoulees
depuis leur apparition, il u’cn est pas moins vrai que fréquemment nous pouvons
reconnaître à l’état spontané des formes moins tranchées et presque indécises, attestant
des modifications relativement récentes, produites dans un sens ou dans un
autre, par des circonstances longtemps répétées. Ainsi nous trouvons des variations
qui rattachent la forme elongatum simplex de l’B . ramosissimum, d’un côte, à l’B.
trachyodon, et par lui à l’B. hyemale, et, d’un autre côté, aux formes luxuriantes de
l’B variegatum y“ Wilsoni. Ainsi encore les formes rabougries et ccspiteuses de
l ’B ramosissimum rappellent si bien celles de l’B. variegatum des lieux herbeux et
ombragés, que plus d’un Aoriste s’y est laissé prendre. C’esl surtout en présence de ce
»roupe et de cette série de formes qui se relient les unes aux autres qu on est force
de reconnaîlre la parfaite justesse de cette remarque de Yaucher ; « Il est impossible,
«après avoir observé de près toutes ces variations dans le développement des Prêles,
« de ne pas conclure que les circonstances extérieures ont modifié et modifient sans
«cesse sous nos yeux leur type primordial {Mon. Prêl., p. 338).
En outre si l’on remarque que les deux Equisetum intermédiaires des autres
groupes, pratense et littorale, sont ceux qui, tout en n’offrant qu’iin petit nombre
d’anomalies diverses, offrent un nombre incroyable d’individus sujets à des variations
et affectés d’anomalies dans l’appareil reproducteur, on est tenté de se demander si
ces plantes ne seraient pas des espèces plus récentes qui u’ont pas encore une forme
définitive. Espèces qui, peut-être hybrides au point de départ, se comportent encore
comme les hybrides obtenus artificiellement, sont irrégulièrement fécondes, et, par
des retours partiels vers leurs types parents, se balancent entre toutes les variations
et toutes les anomalies possibles, jusqu’à ce que, rencontrant des circonstances fara-
rables, elles acquièrent définitivement une forme arrêtée et la vigueur nécessaire
pour sc reproduire régulièrement et constamment (voy. Bull. Soc. bot. Fr., YII, p. 360).
A côté du type spécifique le mieux déterminé se trouvent des variétés, des variations
ot des anomalies. Ces dernières, étant tout à fait individuelles, leur description ne
doit point suivre celle de chaque espèce; il m’a paru suffisant de rappeler brièvement
celles auxquelles chaque espèce est sujette, soit ordinairement, soit dans telle cir