jusqu’à lour accroissement complet et à la formation de ces mêmes spores, et par l ’étude successive el
comparative des mêmes organes à toutes les périodes de leur évolution, il a nécessairement mieux saisi
plusieurs points importants de leur organisation.
«Ainsi, il a étudié avec un soin tout particulier non-seulement la structure des tiges, des rameaux
et des racines adultes dans les diverses espèces, et il a montré les rapports qui existent entre les divers
tissus qui les constiiuent, mais il a suivi le mode de développement de ces divers tissus, la formation
el la multiplication dos cellules qui au sommet du bourgeon déterminent la première évolution de la
tig'c, la première apparition des gaines qui, dans ces plantes, remplacent les feuilles, la formation des
stomates et des vaisseaux, et il a montré les changements qui s’opèrent dans ces organes aux divers âges
de ces plantes. Sur plusieurs points, ses observations ainsi dirigées ont ajouté des faits très-intéressants
à ceux déjà connus.
«Dans ces plantes, les gaines qui entourent de distance en distance les tiges el les rameaux sont
généralement considérées comme formées par un verticille de feuilles imparfaites; M. Duval-Jouve, en
étudiant leur formation et en montrant qu’elles résultent, dès l’origine, d’un anneau ou bourrelet
continu dont le bord libre ne sc divise que plus lard pour former les dents de ces gaines, rend
l’assimilation de ces organes avec les feuilles très-douteuse, et ce mode de formation, joint à la
différence de position des dents de ces gaines, relativement aux rameaux, doit porter à considérer
chacune des parlies conslituanles de ces gaines comme très-différente des véritables feuilles.
« L ’étude de l’épiderme et des modifications accideulclles qu’il peut éprouver i ’a conduit à considérer
la couche siliceuse qui le recouvre, et qui lui donne celte dureté remarquable qui fait employer les
tiges de Prêles dans l ’industrie, comme une sécrétion de la partie des cellules de l’épidcrme qui est en
contact avec l’air, et non pas comme entrant dans la conslitulion même de leurs membranes, ainsi que
lo pensent plusieurs auteurs. C’est, sans doute, un exemple très-remarquable d’une sécrétion do
matière inorganique en dehors des cellules; sécrétion qui, malgré sa nature si différente, rappelle
celle des matières cireuses qui recouvrent souvent la surface externe de l’épiderme des feuilles et des
fruits.
«Des détails pleins d’intérêt sur le développement el la structure des stomates de ces végétaux, sur
leur position toujours limitée aux parties de l’épiderme qui recouvrent un parenchyme rempli de
chlorophylle, sur leur perméabilité par l ’air el sur leur occlusion dans d’autres circonstances,
fournissent de nouvelles preuves du rôle de ces petits organes dans les fonctions respiratoires des
plantes.
«Le système vasculaire des Prêles est très-peu développé, mais il présente quelques faits intéressants
mieux étudiés par M. Duval-Jouve qu’ils ne l’avaient été précédemment. Ce système vasculaire est
constitué par un cylindre de faisceaux disliiicts très-réguliers composés de vaisseaux annelés ou spiraux
dont l’aiiteur du Mémoire a suivi le mode de formation el de développement graduel avec beaucoup de
précision, grâce au mode d’accroissement de chacun des mérithalles. Mais il a constaté en outre que
bientôt les plus internes des vaisseaux de chacun de ces faisceaux se détruisent, sont résorbés et
produisentainsi des lacunes régulières et constantes qui accompagnent à l’intérieur chacun des faisceaux
vasculaires dans la plante adulte. Cette existence temporaire de vaisseaux qui se détruisent plus lard
et dont les fonctions paraissent ainsi transitoires avait déjà été signalée par M. Chalin et par quelques
autres anatomistes, mais spécialement dans des plantes aquatiques dont les parties adultes en étaient
complètement dépourvues; mais les Equisetum fournissent peut-être le premier exemple de cette
résorption parmi des plantes non aquatiques et qui conservent un système vasculaire pendant tonte
leur vie.
« L ’élude du mode de végétation des Prêles, de leurs rhizomes, des tubercules qui en naissent, de la
multiplication de ces plantes par la division de ces rhizomes, multiplication mallicureusement Iroj)
facile dans les terres cultivées, a été poursuivie avec une égaie persévérance par M. Duval-Jouve pour
toutes les espèces, soit en Alsace, soit en Provence, el on peut dire qu’aucun dos phénomènes qui
touchent à la vie de ces plantes singulières n’a été négligé par lui.
«Les organes de la reproduction méritaient une égale attention; ce ne sont pas en effet les parties
les moins remarquables de ces curieuses cryptogames.
«Tout le monde connaît les épis qui terminent les liges des Prèles et qui laissent ècliajipcr de
l’intérieur des conceptacles qu’ils supportent, lorsqu’ils sont arrivés à leur entier développement, une
immense quantité de corpuscules sphériques accompagnes de filaments contournés en spirale et doués
de mouvements hygroscopiques que détermine le moindre changement dans le degré d’humidité de
l ’air ambiant.
« Ces corps sont les spores des Equisetum, et les filaments auxquels on a voulu autrefois attribuer
des fonctions fécondatrices ne sont destinés qu’à faciliter leur sortie el leur dissémination.
«M. Duval-Jouve a suivi avec le plus grand soin la formation des conceptacles ou sporanges el des
spores qu’ils renferment; il a déterminé les divisions successives qu’éprouvent les cellules avant
d’arriver à la production de la cellule-mère de cliarpe spore; il a constaté pour ces cryptogames, comme
on Pavait déjà fait pour d’autres el pour les Eqtiisetum eux-mêmes, l’analogie complète qui existe entre
le mode de formation des spores et celui des grains de pollen dans rantlière; i! a enfin parfaitement
démontré la manière dont sc forment les filaments spiraux qui entourent chaque spore el qui résultent
de la division en une double bande spirale de la membrane épaissie de la cellule-mère, ou, si l ’on
veut, de la membrane la plus externe de la spore elle-môme.
«La germination de ces spores donne naissance, comme dans les fougères, à une petite fronde
verte irrégulièrement lobée, qui n’est pas encore la nouvelle plante et qu’on a nommée proemh'yon ou
prothallium, et que M. Duval-Jouve désigne par le nom de sporophyme.
« En suivant sur de nombreuses germinations dos spores de la plupart des espèces à’Equisetum de
France le développement de ces petites frondes, M. Duval-Jouve a pu constater de nouveau et étudier
dans leurs plus petits détails les phénomènes si singuliers signalés dans ces plantes pour la première
ibis par M. Tliuret et par M. Hofmeister, et qui les rattachent .si intiinemcnl aux fougères, chez lesquelles
des phénomènes analogues avaient été observés depuis peu d’années.
«On sait en effet que dans les fougères, comme dans les Prêles, les spores donnent naissance à
une petite fronde de quelques millimètres dont la croissance s’arrête bientôt, mais qui produit les
anthèridies remplies d’anthérozoïdes el des archégones contenant chacun une cellule embryonnaire
destinée, après la fécondation, à devenir le germe delà nouvelle plante qui s’est ainsi formée librement
au centre de l’archégone.
«Ces faits si inattendus, découverts dans les fougères cl les Prèles de 1848 à 1852, avaient eu pour
rèsullal non-seulement de faire rentrer toute celte grande classe de végétaux cryptogames sous les lois
de plus en plus générales de la reproduction sexuelle, mais en outre de signaler un mode de fécondation
dont on n’avait jusqu’alors aucune idée et dont les phénomènes se passaient, au moins en apparence, à
une période de la vie de la plante pendant laquelle on ne pouvait penser à les chercher.
«M. Duval-Jouve, par les semis qu’il était parvenu à obtenir facilement et en abondance de toutes
les espèces de Prèles, a pu suivre mieux que ses prédécesseurs toutes les circonstances de la production
et de PaccroisscmeiU de ces organes; il a pu constater que, dans la majorité des cas, ces sporophymes
0Ì1 protliallüm étaient unisexuès, que le développement des anthèridies et des archégones sur une