«Equiseti particulas esse; semina vero feminina desideranlur» (Enum. stirp. Helv
p. 143; 1742).
Adanson, réformateur et innovateur quand même, place sans hésitation les Equisetum
dans sa cinquante-septième famille, les Pins. Comme Linné et Haller, il assigne
aux spores la fonction du pollen, et, prenant ainsi les épis pour l’appareil des fleurs
mâles, il chercha les parties femelles dans la gaîne des jeunes pousses. «Les piés qui
«sortent en forme de cône auprès des piés mâles contiennent dans chaque gaîne des
«branches plusieurs embryons de rameaux qui tiennent lieu des ovaires el sont ter-
« minés par quatre stiles veloutés » {Fam. d. plant., H, p. 477 ; 1763). Il conjecture que
ces ovaires ont besoin d’être fécondés par la poussière des fleurs mâles.
Gleichen prit les stomates des Fougères pour les organes mâles de ces plantes
{Neuest. ünters., p. 24-30; tab. I l l , fig. 6 , bona; 1764).
Dans les intéressantes observations qu’il publia sous ce titre : Bas entdeckte Geheim-
niss der Kryptogamie (Le mystère de la cryptogamie dévoilé, Carlsruhe 1777), Kôl-
reuter exposa que les loges qui entourent les grains sont la partie mâle et que les
grains sont les semences; il comparait les filaments (élatères) aux fils élastiques des
Jungermannes, avouant en même temps que, dans ses expériences sur l’B . flmiatile,
il n’avait pu réussir à faire germer les grains qu’il croyait être des semences.
De Lamarck prend de nouveau les spores pour du pollen : «La face intérieure des
« écadies est garnie de cellules qui contiennent une poussière assez abondante; ces
«parties sont regardées comme des fleurs mâles; les fleurs femelles, en ce cas,
« sont encore inconnues» (Fl. fr., I , p. 5,1778 et 1793).
Dès 1782, J. Hedwig avait décrit les organes générateurs des Mousses (Fund,
musc. etc.). Il en avait représen té les anthèridies avec le mode d’émission de leur contenu,
et enfin il avait constaté par des semis la nature reproductive de leurs spores. Mais,
dans la famille des Mousses, les organes de fécondation, anthèridies et archégones, se
trouvent sur les plantes adultes; ils précèdent les spores, qui sont dès lors fécondées,
et la végétation passagère qui résulte du développement de la spore n’a qu’une fonction^
à remplir, celle de supporter et de nourrir le jeune individu, d’en être, comme
on l’a dit, le protonema. Dans les familles des Fougères et des Equisetum il n’en est
pas ainsi; la végétation intermédiaire, née du développement des spores non encore
fécondées, doit, avant de supporter et de nourrir la jeune plante, produire les organes
de fécondation, anthèridies et archégones. Celte circonstance paraît avoir induit
Hedwig en erreur; cet éminent observateur voulut, pour les Fougères et les Equisetum,
trouver les organes fécondateurs sur les plantes adultes, comme il les y trouvait
pour les Mousses, et dans sa Théorie de la génération des cryptogames, il considéra
les spores et les sporanges des Fougères comme des organes femelles fécondés par
des étamines placées sur la face non fructifère de la fronde et consistant en petits
poils claviformes glanduleux (piles glutinosos et capitellatos). Ces prétendues étamines
se trouvaient dans un contact fécondateur avec l’organe femelle de la face opposée
pendant le premier âge de la fronde et alors que son enroulement tenait les deux faces
en contact (Theor. gen., 1™ édit., p. 41 et suiv., tab. 4-7). Quant aux Equisetum, il
regarda chaque spore comme une fleur hermaphrodite; les élatères furent pour lui
les quatre filaments de l’organe mâle, dépourvus d’anthères, il est vrai, mais portant
à la surface de leurs extrémités spatulées du pollen en granules pulvérulents ; la
spore elle-même devint un germe muni d’un stigmate en forme de papille (o. c.,
p. 33, tab. 1 ,2).
Dans son Genera plantarum, 1789, A. L. de Jussien, après avoir exposé qu il y a
deux sortes de tiges, les unes vernales et conifères mais éphémères, les autres dépourvues
de cônes mais durables, se demande «an priores masculæ, posteriores foeml-
« neæ sexu nondum detecto? » et il se borne ensuite à rappeler que ; « sphærulas Hed-
«wigius stigmati assimilât, et setas pulvisculo aspersas, apice cochleariformi dilatatas,
«conniventes in húmido, in sicco patulas, microscopio manifestas pro filamentis
« antheriferis habet» (p. 17).
Ce fut le dernier écho de la doctrine attribuée à Cesalpino et qui avait retenti pendant
deux siècles, et le premier écho de celle de Hedwig qui devait retentir moins
longtemps, mais avec plus d’éclat.
En 1791 Schreber l’introduit, sans aucune remarque, dans son édition du Genera
plantarum de Linné; comme en 1795 Hoffmann la répète simplement dans la partie
cryptogamique du Deutschlands Flora (clas. X X IY ; I I , Peltata).
Roth l’admet également sans observation dans son Tent. fl. germ., IV, p. 3,1800;
mais ce qui surprend, c’est de voir cet auteur combattre énergiquement, p. 29, l’opinion
de Hedwig sur la fécondation des Fougères et revenir au bas de cette même page
à Topinion de Hedwig sur les Equisetum, en la proposant comme l’expression typique
de ce qu’il y aura à découvrir sur la fécondation des Fougères : « Vero similius videtur,
«quod in Filicibus, uti in Equiseto, Pilularia et nonnuUis aliis plantis oryptogamicis
«spermatis masculini officina non extra uterum muliebrem , sed intra ovarium
«quærenda sit, licet ob teneritatem partium in oculos non incidat etiam optime
«armatos. » , ■ j
Willdenow fournit occasion à une remarque analogue. Dans 1 mffoduetion du
t. V de son édition du Species plantarum, 1809, il établit par les semis de Lindsay,
par ceux d’Ehrhart, par les siens propres, que les spores des Fougères et des Lycopodes
possèdent la faculté reproductive (p. V I I et V I I I ) ; puis arrivé aux Equisetum ,
il semble oublier et ce qu’il a dit précédemment et les lois de l ’analogie, il revient à
Topinion de Hedwig et fait de leurs spores des «flores hermaphroditi ex filamenlis
«quatuor, quorum bini semper basi cohærent, apice spathulatis absque anlhens et