(le feuilles colorées, après que le végétal est devenu impuissant à produire des verticilles
floraux reproducteurs. Quelquefois cet arrêt se manifeste dès le milieu de Tépi,
et au lieu de produire des pédicelles et des sporanges, la force organisatrice n’aboutit
plus qu’à des verticilles foliaires ou gaines qui parfois interrompent seulement l’épi,
ou d’autres fois en remplacent complètement la partie supérieure. Ces derniers cas sont
fréquents sur les épis qui terminent les rameaux allongés de VE. arvense, forma serótina
polystachyon. Ce sont des cas d’anomalies par rétrogradation, ou plutôt par arrêt,
à opposer aux cas d’anticipation. C’est ainsi encore que sur de nombreux phanérogames,
et en particulier sur les Labiées, on voit Tépi s’interrompre et les verlicilles
de pédicelles florigères être remplacés par des verticilles d’expansions foliacées. Ces
verlicilles foliaires avaient disparu aux approches de l’épi, ils reparaissent par suite
d’un arrêt qui abaisse tout d’un degré et ne permet plus Tapparition des rameaux
florifères. E t de même que sur les phanérogames il n’est pas pour cela permis d’identifier
les rameaux florifères avec les bractées qui paraissent les remplacer, il me semble
qu’il ne Test pas davantage de rapporter les verticilles de pédicelles sporangifères aux
verticilles foliaires ou gaînes qui, dans les anomalies par arrêt, semblent également
en occuper la place.
Je n’insiste pas davantage. A mon avis, l’important n’est pas de savoir si tel organe
répond ou non à tel autre, mais bien de connaître exactement l’évolution, la structure
et la fonction des divers organes. Et ce n’est qu’après la parfaite acquisition de
ces connaissances pour les principales familles, que deviendront possibles des considérations
morphologiques rigoureuses. Avant ce moment, appuyées sur des connaissances
incomplètes, elles sont prématurées; et, si quelquefois el par hasard elles
peuvent jeter un peu de lumière sur un point, elles ne cessent pas pour cela d’être
plus conjecturales que scientifiques, et dès lors elles nous exposent le plus souvent à
faire fausse route. L ’histoire des opinions sur la reproduction des cryptogames, et
particulièrement sur celle des Equisetum, en est une preuve remarquable. Tant qu’on
a essayé de résoudre la question par des analogies, on s’est plus éloigné que rapproché
de la solution. Ce sonl des considérations morphologiques qui ont égaré Hedwig, cet
éminent observateur, et qui ensuite ont inspiré à MM. L. Reichenbach et Raspail les
affirmations les plus erronées. Des connaissances positives et vraiment scientifiques
n’ont été obtenues qu’à mesure que Willdenow, Yaucher*, M. Nâgeli, M. G. Thuret ont
étudié sur des semis la reproduction des cryptogames, sans se préoccuper du rapport
que leurs organes reproducteurs pouvaient présenter avec ceux des autres plantes.
Voir venir les choses est le meilleur moyen de les expliquer (Turpin).
• Malgré les expériences qui lui avaient démontré « que le grain vert est bien la semence des Prêles, , Vaucher était
teUement dominé par les analogies qu’avait indiquées Hedwig, qu’il se demande encore «si les quatre fdets ne
seraient pas des étamines ■ (d/on. P r ê t , p. 22). Cette page est très-curieuse à lire.
§ 2. Anomalies
Ce que je viens de dire des considérations morphologiques, je le pense à plus forte
raison des opinions tératologiques. H me semble qu’elles n’auront une valeur vraiment
scientifique que lorsque Ton connaîtra à fond les lois de l’évolution élémentaire de
chaque organe. Alors seulement Ton pourra rapporter les anomalies aux lois générales,
et reconnaître avec certitude comment dans chaque anomalie l’application de
ces lois a été modifiée par défaut ou par excès, par simultanéité accidentelle remplaçant
la succession ordinaire ou par succession substituée à la simultanéité normale.
L ’étude des anomalies ne se bornera plus à citer et à décrire des faits plus ou moins
isolés ou en apparence contradictoires, à les qualifier de « dégénérescences ou d’ennoblissements,
d’écarts de la régularité habituelle ou de retours accidentels au type
régulier, » mais celte étude pourra être soumise à une direction philosophique et
aboutir à une savante unité. En Tétat je ne trouve point en moi le degré de savoir
nécessaire pour donner à des considérations tératologiques une valeur autre que celle
d’une pure hypothèse. C’est pourquoi je m’abstiendrai avec tout le soin possible de ces
considérations, apportant le même soin à noter les diverses anomalies qu’il m’a été
donné de constater.
J ’essaierai seulement de les citer avec ordre ou, si Ton veut, de les classer, et cela
simplement afin d’en faciliter la comparaison par ce rapprochement, et afin surtout
de pouvoir les rappeler par leur numéro d’ordre ou leur désignation, et de ne pas
répéter la description d’une même anomalie après celle de chaque espèce sur laquelle
elle peut se présenter. Je parlerai d’abord des anomalies qui changent Taspect ordinaire
des individus, puis de celles qui modifient seulement ia forme de quelque partie,
et en dernier lieu de celles qui troublent les fonctions de reproduction.
4" Racines naissant sur des tiges enterrées. — J ’ai vu et j’ai pu obtenir cette anomalie
sur les tiges des E . arvense, littorale, limosum, ramosissimum, variegatum,
trachyodon et hyemale. Je n’ai pu la déterminer sur VE.palustre, et n’ai point expérimenté
sur les autres espèces (voir p. 9 et 10).
2“ Rameaux naissant sur des rhizomes déterrés. -— J ’ai constaté et déterminé la présence
de cette anomalie sur les E. arvense, ramosissimum, variegatum et hyemale
(voir p. 9 et 10).
3“ Tiges ordinairement nues devenant rameuses après une mutilation. — Les tiges
de \E . hyemale sont à Tétat normal entièrement nues, et sur d’innombrables quantités
que j ’en ai vues à Strasbourg, où cette espèce est un objet de commerce, je n’en
ai pas vu une seule qui eût des rameaux. Mais si une tige est mutilée, les bourgeons