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Dans le Flora de -J8C0 (11° 47, 2-1 décembre, p. 737-740, et iîg. 9 de la pl. V II) , le
même auteur publia un complément d’observation. Il cite uu nouvel exemple de verticilles
déroulés en spirale, différent du premier en ce que la spirale terminait la tige
stérile, et il s’en sert pour confirmer ses considérations et en même temps pour corriger
ce qu’il y avait de trop absolu dans sa manière de regarder la série numérique
des rameaux comme une progression arithmétique.
'13" Bifurcation des tiges. — Celte anomalie n’est pas très-rare sur les E. arvense
et palustre, et elle se présente sous deux formes différentes. 1'« forme. La tige
s’aplatit et s’élargit en véritable fascie sur trois ou quatre entre-noeuds, et, à partir
d'une gaîne, la division a lieu. Sur une tige S E . palustre recueillie à Haguenau, chacune
des tiges résultant de la division demeure fasciée, et se bifurque de nouveau au
quatrième entre-noeud au-dessus de la première bifurcation. Sur une autre tige de la
même espèce, recueillie au même lieu et sur le même rliizome, l’expansion fasciée se
termine par une division en trois petites tiges situées dans un même plan, ‘i f forme.
La division commence immédiatement dans une gaîne et sans être précédée d’aucune
apparence de fasciation ; c’est à peine si la gaîne où apparaît la division est à sa partie
inférieure un peu élargie sur les côtés. Vaucher mentionne cette anomalie sur l’B.
maximum : «la hampe était divisée jusqu’à la base en quatre ou cinq épis partiels »
(Mon. Prêl., p. 364). M. Milde cite une tige de la même espèce, bifurquée vers son
milieu, avec rime des tiges de la bifurcation disposée en spirale (Kenntn. Eg., pl. LVI,
fig. 40), et une tige d’E. pratense sur laquelle cinq pelites tiges jaillissaient d’une
gaîne commune (Gef. Crypt. Schl., p. 443, pl. XXXV, fig. 52) et plusieurs autres
exemples.
14“ Bifurcation des épis. — 1 " forme. L ’épi terminal se divise en deux sur un point
quelconque de son étendue, au-dessus de l’anneau. 2“ forme. La division commence
dans la dernière gaîne et chaque épi a un «pédoncule» et un anneau. M. Milde a
figuré plusieurs fois celte anomalie (Gef. Crypt. Schl., pl. X X X I I , X X X IV et XXXV, et
Kenntn. Eg., pl. LIV, fig. 2).
15» Pluralité d'épis sur un épi mutilé. — Je dois à M. le docteur Warion une tige
spicifère d’B . maximum recueillie par lui près de Metz le 28 avril 1859, sur laquelle
Tépi, tout à fait normal à sa partie inférieure, avait été coupé au-dessus du sixième
vertieille; sa cavité intérieure était béante et sur les bords s’élevaient verticalement
et en cercle sept épis; chacun d’eux avait neuf verticilles et la grosseur d’un épi terminal
d’B. palustre. Cette anomalie, figurée pl. V I I I , fig. 36, n’est qu’un cas particulier,
mais fort curieux, de l’anomalie n" 3 .
16" Gracilité. — Plusieurs espèces et notamment les E. palustre, limosum, ramosissimum
, variegatum et hyemale, offrent des sujets à formes si grêles et si chétives
qu’on peut être tenté de les prendre et qu’on les a pris souvent pour des variétés ou
même pour des espèces. Ainsi les formes grêles de TB. palustre ont fourni l'B. prostratum
Hoppe, la V' nudum Duby, la n''tenue Dôll; celles de TB. limosum ont occasionné
\’E. uliginosum Mühlb., qui, pour M. Al. Braun, est la v" minus; celles de
TB. ramosissimum ont produit l’E. elongatum etc. Sur ces individus ainsi réduits il
n’est pas rare de rencontrer des sporanges et des spores mal conformés.
I l est incontestable que, dans la plupart des cas, il n’y a que simple appauvrissement
et que les influences locales suffisent pour l’explication de ces anomalies; ainsi j’ai
trouvé la forme constituant la v* minus de l’E. limosum à celle des extrémités de rhizomes
qui était hors de Teau, tandis que sur le reste des rhizomes, dans le fossé, les
tiges atteignaient 1” ,70, et des faits analogues sont fréquents sur les B. littorale,
palustre, ramosissimum.
Mais dans beaucoup d’autres cas on voit ces différences de taille exister et se perpétuer
dans la même localité sur des groupes de rhizomes s’étendant à côté de sujets
vigoureux; elles ne peuvent alors être attribuées ni aux influences du sol ni à celles
de l’altitude et de la température etc. J'ai remarqué que ces différences, qui vont
jusqu’à l’anomalie, n’existent à ce degré que sur les espèces qui émettent des spores
pendant toute la belle saison, et particulièrement sur les espèces portant à leurs
rameaux des épis plus tardifs que celui de la tige principale. E t alors je me suis posé
celte question : ne serait-il pas possible que les spores des épis des rameaux, provenant
d’une plante déjà fatiguée, donnassent naissance à des sujets plus faibles, qui,
à côté des sujets forts, sembleraient constituer des variétés?
17" Infécondité des spores. — On a déjà observé et constaté depuis plusieurs années
que les spores de TB. littorale sont en général mal formées et impropres à la reproduction.
M. Milde, à diverses reprises (Gef. Crgpt. S c h l, p. 457; Eq. lût., p. 30 etc.),
a tiré de cette circonstance et de plusieurs autres, il est vrai, la conclusion que cette
plante n’est qu’un hybride. Je ne veux rien objecter à Topinion de ce savant botaniste;
mais comme j ’ai trouvé assez fréquemment des spores bien constituées sur cette
plante, et que, d’autre part, j ’ai très-fréquemment trouvé des spores infécondes et
des sporanges mal conformés sur des individus à constitution appauvrie appartenant
à toutes les espèces, je me suis demandé si les B . littorale et trachyodurn, dont les
rhizomes rampent d’une manière démesurée, ne devraient pas à cette circonstance l’infécondité
de leurs spores. La fructification de la plupart des graminées et des autres
plantes stolonifères avorte constamment quand leurs stolons sont très-élendus, et
n’aboutit que si les stolons sont supprimés ou seulement arrêtés par un obstacle (voir
ci-dessus p, 94 et 95, et Annotations à la ¡1. de Fr. el d’All., p. 112).
J ’ai déjà mentionné p. 93 et 94 comment, sur certains pieds à développement luxuriant,
la mauvaise conformation et l’infécondité des spores peuvent aussi bien résulter
d’un excès que d’un arrêt dans la multiplication des cellules-mères.