■1“ Cos bourgeons, coupés longitudinalement, offrent déjà à peu près autant de
gaînes et de noeuds qu’en auront plus tard les tiges adultes (de treize à dix-sept).
2" Sur cette espèce, comme sur les autres, toutes les gaînes sont, pendant le jeune
âge, continues ot non lobulées à leur terminaison; la division en lobes n’a lieu que
par un déchirement mécanique, résultant de la poussée que font les entre-noeuds
supérieurs pour sortir de la gaîne enveloppante des entre-noeuds inférieurs, ainsi que
je l’ai décrit précédemment (p. 12 et 58).
3“ Enfm ces bourgeons sont enduits d’une substance incolore, d’aspect gélatineux,
et assez abondante pour qu’on puisse en détacher des grumeaux de 1 à 2 millimèlres
de diamètre. Après vingt-quatre heures de séjour dans feau, ces grumeaux ne m’ont
présenté aucune modification appréciable; ils sont immédiatement solubles par
ébullition dans une solution de potasse caustique, et la liqueur, versée dans l’eau
ordinaire, précipite en flocons blanchâtres.
L ’examen, môme le plus superficiel, d’une jeune gaîne A’E. hyemale permet de constater
que la moitié inférieure est, comme Tenlre-noeud qu’elle couronne, épaisse,
verte et munie de lignes régulières de slomales. Yers le milieu, les côles se renflent en
un épaississement de couleur brune, d’où résulte un anneau coloré qui divise la gaîne
en deux régions. La région inférieure doit persister et constituer la gaine proprement
dite. La région supérieure qui, en se déchirant, doit former les dents, est membraneuse,
très-mince dans les sillons, plus épaisse sur les côtes et toujours de couleur
brune. Elle est de plus très-étroilement contractée en une pointe pyramidale, anguleuse,
exactement semblable (sauf les dimensions) à Tacumen qui termine les épis
du groupe des Hyemalia, et Tacumen de chaque gaîne pénètre dans la base de celui
que forme la gaîue superposée.
Si Ton suit avec quelque attention l’évolution des tiges, on trouve que, par rapport
à cette partie supérieure de la gaîne, il arrive de trois choses l’une:
1“ Ou bien elle se déchire, par la poussée des entre-noeuds supérieurs, en lanières
ou dents extrêmement délicates, qui persistent en continuation des côtes de la gaîne
et au-dessus de leur épaississement brun, se dessèchent très-vite, se crispent et s’enroulent
même assez souvent. Or, comme on avait attribué à l’B . hyemale le caractère
spécifique de gaînes tronquées sans lobes, on fit avec les sujets qui portaient des lobes
paléacés une espèce ou une variété, sous les noms d’B . paleacemn ou d’B . hyemale
V“ paleacemn.
2“ Ou bien, après le déchirement en dents, ces dernières parties se dessèchent tout
de suite, se séparent tout à fait et tombent. On a alors le type le plus ordinaire de
TB. hyemale'.
* C'est le type de Linné. Sur l ’exemplaire original du Spades planiarum, conservé à Londres avec l’herbier de
.
3» Ou bien encore, quand le boorgeon arrive â Tair libre, Tenvelôppc conique
formée au-dessus de lui par la gaîne la plus inférieure,
au lieu de se déchirer, se dessèche et se durcit
au moyen de la substance gélatineuse qui Tenduit
d'abord. Alors la partie supérieure des gaînes
qui sont incluses sous cette enveloppe résistante,
se courbe en plis onduleux, jusqu’à co que la
moitié supérieure do la gaîne qui recouvre le bourgeon
se détache el se soulève tout entière en cédant
à la poussée des entre-noeuds supérieurs (fig. 2, b).
Et comme le même fait se renouvelle pour la partie
supérieure des au 1res gaînes, chaque demi-gaîne
détacliée forme alors une petite coiffe conique qui
recouvre la gaîne immédiatement infraposée, el
Tensemble de ces demi-gaîiies successivement soulevées
forme au sommet de la lige une colonne en
forme de tour chinoise et d’une charmante élégance
(fig. 1. 2, a). La coiffe la plus élevée a appartenu à la
gaîne la plus inférieure; et ainsi ces coiffes ou demi-
gaînes sont dans un ordre de superposition exacle-
ment inverse de celui des enlre-noeuds, et le plus
souvent en même nombre que ces derniers.
En -1842, M. Birchan a mentionné, sans l’expliquer, ce singulier mode de terminaison
de quelques tiges. Je crois devoir donner la traduction du passage entier; « Au
sommet de quelques tiges de TB. hyemale j ’observai une pile de gaînes (a pile of
shealhs) petites, d’un brun foncé, membraneuses, élastiques, coniques, renversées,
de la même substance que les dents de la gaîne qui enveloppe l’épi, augmentant de
largeur en remontant et s’enveloppant si étroitement les unes les autres qu’on ne voit
que le bord de chacune, à l’exception de la plus haute et la plus large qui donne au
sommet de la pile une forme conique. Bien qu’ayant à peine un pouce de long, cette
pile ressemble à un avortement de la plante en sens inverse. La gaîne qui en constitue
Texlrémité inférieure est d’abord placée sur la plus haute gaîne et recouverte de plusieurs
peliles gaînes d’une texture semblable à la .sienne, placées les unes dans les
autres. Elle est ensuite tout à fait poussée en avant peu à peu, et elle se détache en
l’auteur, on lit sur le feuillet intercalé en regard de la p. 'loi-?, vis-à-vis du n® 6 E . h y em a le , les mots suivants de la
main de Linné : Caulis v irid is sca b er ra d e u s va g inæ p a llidoe basi ma rg in isg iie d e n licn lis obsolelis a ln s gibbis. On lit aussi
dans le i/aniîssa, I I , p. 50.1 : Ca u lis v ir id is , scaber, raden.i. Va g inæ a r lie u lo r u m p a llidæ , basi m a rg in e q u e a lr i s , d e n li-
eu lis obsolelis.